Tout ou rien

Par Noraanselme9

L’EXIGENCE, L’INTENSITE ET MOI

On peut circonscrire le sujet de cet article par son contraire : la médiocrité, la monotonie, la platitude existentielle ; il s’agit de vouloir pour soi : le meilleur, le plus beau, le plus cher, le plus difficile, le plus dangereux… l’excellence en tout est une exigence qui règne en tyran dans l’esprit de beaucoup de personnes. Cette exigence peut se complexifier en se combinant à une recherche « sans relâche » d’expériences intenses, de sensations fortes, d’intensité vitale, avec au cœur de ce moteur interne, comme seul outil de mesure, la subjectivité, le Moi, l’ego.

Mais comment mesurer ma subjectivité pour savoir si elle est fortement ou faiblement ce qu’elle est ? s’interroge Tristan Garcia dans son livre, « La Vie intense, une obsession moderne ». Comment rechercher l’intensité si je suis seul juge pour l’identifier ? Sans outil de mesure, comment évaluer mon sentiment d’être plus ou moins fortement engagé dans ce que je sens ?

Cette recherche tourne en rond et devient l’objet d’un paradoxe : elle essaie de désigner ce qui échappe à l’identité, l’individu cherche à mesurer ce qui n’est pas mesurable, quantifier ce qui n’est pas quantifiable. Il finit par se perdre dans son intériorité en manifestant le besoin d’évaluation extérieure qui va indiquer ses variations internes : toutes sortes d’objets sont proposés, par exemple pour mesurer la vitesse, le rythme cardiaque, les calories dépensées ou bien pour se filmer en action, durant une course à pied. L’intensité devient un fétiche, un fétiche de la subjectivité qui « défend le sujet dans sa citadelle assiégée » dit Tristan Garcia. Ressaisir une intensité, l’ériger en valeur éthique, conduit à la livrer à l’extériorité et à la quantification. Quand on l’affirme comme modalité du bonheur, on la perd. Elle produit le contraire de ce qu’elle promet. A la fixer, elle disparaît. Quand tout est intense, plus rien ne l’est.

Un continuum existe entre l’intensité et l’épuisement, non pas avec l’anéantissement qui peut être esthétisé, sublimé et procurer une exaltation supplémentaire. Sur ce continuum, du côté de l’épuisement on peut également esthétiser la désintensification sociale de la vie (ennui, dépression, impuissance) dont Michel Houellebecq est un des grands chantres) en s’emparant de la société par son milieu. L’intensité n’est plus l’apanage des héros, la valeur investit les classes moyennes, tout le monde revendique une vie intense. Cette normalisation de l’intensité n’échappe pas à son épuisement à l’œuvre dans les consciences modernes, d’où l’apparition de symptômes (burn out, dépressions, pathologies diverses) se rattachant à la problématique de l’effondrement. Les individus soumis non plus à un idéal d’intensité mais à une norme d’intensité par la société contemporaine, ne sont plus capables de soutenir tout au long d’une vie, l’exigence d’intensité. C’est un point d’effondrement.

En astrologie, cet appel de l’intensité peut être entendu par des personnes particulièrement influencées par les énergies des planètes rattachées à l’élément Feu telles le Soleil, Mars, Jupiter. Ce sont des planètes de principe masculin, caractérisées par l’action au service de l’accomplissement héroïque de la personne. Le Soleil est le symbole magique de la royauté, il désigne un être exceptionnel, unique, qui doit apporter sa contribution personnelle au monde. C’est un héros sur la voie de la réalisation. Mars est son bras droit, il lui apporte la volonté de concrétiser, de matérialiser ses aspirations : c’est une divinité chtonienne. Il ajoute à l’idéal solaire, son côté instinctif voire agressif, les pouvoirs du corps, une force de vie primitive. Quant à Jupiter, il est étroitement associé à la recherche d’un sens élevé de la vie, d’un voyage dépassant les limites du quotidien, des routines. Il aspire à une transcendance tout en rejetant la médiocrité et l’ennui. Il est moins inscrit dans la matière que Mars, il fonctionne plutôt par pure intuition, avec un sens inné du royaume symbolique recherché, c’est l’archétype du visionnaire.

Pour résumer, « l’individu Feu est théatral et auto-mythificateur ; il lui semble nettement préférable de vivre sa vie comme un drame grandiose. Le Feu veut que tout le monde se rende bien compte qu’il est génial », affirme Liz Greene.

Ce thème est celui d’un poète qui a cheminé dans sa vie avec pour seule lanterne, un absolu incorruptible. Il est connu pour son intransigeance, ses choix sans concessions, sa liberté immense, portant en lui des aspirations bien plus vastes que la vie prosaïque ne peut lui en promettre. Le thème présente une personnalité solaire puisque le Soleil est conjoint à l’Ascendant, de plus il comporte trois planètes en Balance, dont Vénus dignifiée dans ce signe : C’est par son sens de la beauté, de l’harmonie, de l’équilibre que la personne va se distinguer, se différencier. Le Soleil est électrisé par une opposition à Pluton et un carré à Jupiter : là est l’intensité qui va colorer les choix de sa vie. Mars joue sa partie, en étant placé dans le signe de Jupiter, le Sagittaire : l’action est au service du voyage mental et terrestre, d’une forme personnelle de transcendance. Mars est sextile à la Lune : cette mise en mouvement martienne nourrit sa sensibilité et vice-versa. Mars carré à Neptune indique des élans, des projets hasardeux, produits des mirages et visions de son esprit. Jupiter en Capricorne est affaibli dans ce signe et enjoint de baser ses aspirations sur des structures fiables et réalistes. Il est toutefois en trigone à Uranus, ce qui lui donne toute sa dimension de visionnaire, de créateur à l’avant-garde.

Ce thème présente un idéal chevillé au corps, de l’intensité dans son affirmation personnelle, une dynamique héroïque, des limites en termes d’obstacles à son rêve ; en somme tous les ingrédients du héros intense.