Chevrette et chevrillards observés un matin d’été…

Par Spiga

Arrivé sur le terrain avant les premiers rayons du soleil, je m’installe discrètement au pied d’un arbre qui offre une vue imprenable sur un pâturage boisé où quelques chevreuils ont l’habitude de prendre leurs quartiers durant l’été. Le mois d’août correspondant à la période de rut du petit cervidé, j’espère secrètement pouvoir observer quelques belles courses-poursuites à portée d’objectif tout en émergeant d’une courte nuit de sommeil dans la fraîcheur de la rosée du matin. Le calme serein de la campagne qui s’éveille entrecoupé du sifflement timide d’une mésange à tête bleue posée non loin permet d’apprécier à sa juste valeur le spectacle de la naissance d’une journée. C’est beau…

Un peu plus à l’ouest dans le pâturage boisé suivant, le brocard entre en scène. Nerveux, il parcourt en long et en large la pâture en humant fébrilement l’air frais à la recherche de l’odeur de sa belle. Il restera au trop loin pour espérer réaliser une image, mais bien assez prêt pour admirer sa robe fauve et ses bois travaillés à travers les jumelles. Une fois le brocard parti dans les profondeurs de la forêt, une chevrette suivie de ses deux jeunes traversera timidement le pré à la recherche d’un endroit où l’herbe est plus verte. Décidément je n’ai pas été bien inspiré en choisissant mon poste d’affût ce matin. Changer d’endroit mettrait toute la faune des environs en alerte et gâcherait ce beau moment de fusion avec la nature. Autant rester bien installé et profiter de la compagnie d’un jeune troglodyte mignon téméraire qui sifflote gaiement à quelques centimètres de moi. Le camouflage doit être efficace…

Soudain comme par enchantement, une chevrette fait son apparition en trottant au milieu du champ. Elle s’immobilise à quelques mètres seulement et hume longuement l’atmosphère du matin. Elle s’avance, passe à moins de cinq mètres de ma lentille, s’immobilise à nouveau en semblant chercher quelque chose, puis file tranquillement en direction de la forêt d’en face. Deux chevrillards en sortiront quelques minutes plus tard et brouteront de longues minutes près de la lisière. J’attend qu’ils s’en aille pour plier le matériel et rentrer déguster un café bien mérité. Sur le chemin du retour, je ne peux m’empêcher de penser que cette brave chevrette s’est assurée que la voie était libre avant d’autoriser à sa progéniture de sortir sans danger.

Val-de-Travers, le 7 août 2016

Lien vers le pâturage boisé des chevreuils