Gide qui se fait encore une fois entremetteur, suggérant à Criel de rencontrer et de « guider un peu » un certain Moudio V. Eyoum, « chanteur nègre ». Eyoum Vincent Moudio est né à Douala, au Cameroun. Arrivé en France dans les années 30, il se produit dans les music-halls avec un spectacle mêlant histoires drôles, chansons pimentées et danses. Eyoum Moudio devient vite une figure du show-business, au sein d'un réseau influent.
« Eyoum Moudio qui connaissait sur le bout des doigts le Tout-Paris des Arts et des Lettres, nous apprit comment forcer, par exemple, la porte de l'appartement d'André Gide », se souvient Alioune Diop (20e Anniversaire : Mélanges: réflexions d’hommes de culture, Présence Africaine 1947-1967, Paris, Présence Africaine, 1969). C'est en grande partie grâce au réseau de Eyoum Moudio que Diop va créer la revue Présence Africaine en novembre 1947. Gide signera d'ailleurs l'avant-propos du premier numéro de cette revue.