Dérangeant: le carré des allemands de Jacques Richard

Par Eirenamg

Le carré des allemands est un roman dérangeant, déroutant. On suit un narrateur, un homme à travers ses écrits des carnets. On a des bribes de passé, des relations familiales complexes. La violence, la disparition du père est évoquée et on comprend que ce père a un poids particulier dans l’histoire de son fils et dans la grande histoire.

Récit de la culpabilité, de la violence, de l’animalisation. Des descriptions difficiles, monstrueuses qui nous mettent dans la tête du bourreau mais aussi de son fils qui en porte la culpabilité. Epoque trouble de la 2nde guerre, des exactions à l’Est, de la justification de l’innommable. L’auteur nous pose la question de manière indirecte comment fait un monstre pour survivre, peut il redevenir un homme, avoir une vie de famille. Connaitre son passé, assumer le poids des choix de son père ici pour le narrateur qui n’arrive pas à avancer. Ce décalage entre le fils et le père comme un miroir déformé est une construction intéressante car peu à peu, on ne sait plus qui parle. Réflexion sur la part sombre de la nature humaine à travers une construction à la fois simple et difficile.

Roman qui remue, pose question, à l’écriture impeccable qui jongle entre réalisme, horreur, violence et réflexions plus générales sur la vie.  Au bord de la folie, sur le fil du rasoir mais qui garde en otage le lecteur toute la lecture.

Je ne dirais pas que c’est un coup de cœur car vu le thème c’est compliqué mais par contre ; la construction, la réflexion, le sujet difficile est très bien traité. Donc si vous voulez comprendre les liens filiaux et le poids du passé, entrez dans ce roman dont vous sortirez forcément différent.