Il n’y a rien de nouveau sur l’Olympe

Publié le 16 août 2016 par Sportmood

Du haut de ses trois mille ans, l' Olympe vous contemple aurait dit Napoléon à ses vaillants combattants du sport.

Les Jeux ont-ils changé depuis les exploits légendaires de Milon de Crotone et Leonidas de Rhodes ? Pas tant que ça. C'est encore et toujours un morceau de gloire auquel les athlètes font une cour endiablée.

Que nous, pauvres hommes, ayons désormais marché sur une lune devenue si proche, ou que la terre soit devenue si petite alors qu'Aristote le Grec la voyait si grande, n'a rien révolutionné ou presque de nos étroites perceptions. La vue des humains est, malgré Blaise Pascal et son observation sans télescope électronique des deux infinis, toujours aussi courte.

Aux odes sublimes de Homère et Pindare ont seulement succédé les louanges criardes de peuples amourés de sportifs que le soleil des podiums entêtent à approcher.

Peu importe le flacon, pourvu qu'ils aient l'ivresse, tant qu'ils soient, spectateurs, téléspectateurs, internautes, commentateurs, politiciens.

Hier à Rio, les Jeux ont continué leur course. Sans répit ni philosophie grecque ou esprit Coubertinien. On a sifflé Renaud Lavillenie dans un stade qui ne comprenait d'évidence pas, parce que son patriotisme mal placé l'avait amené jusqu'au chauvinisme le plus imbécile, que le sport puisse être le plus noble des spectacles, c'est à dire une lutte sans merci mais juste ou " bêtement " morale.

Et le Français n'a sans doute pas lui non plus compris qu'être grand signifie courir ou plutôt sauter vers la quête de la sagesse. Le recordman du monde du saut à la perche aurait du accepter qu'un adversaire l'ait battu, quels que soient les éléments contraires. Comme son collègue Pierre-Ambroise Bosse, à la réaction bien plus altière face à la défaite.

Dans la baie magique de Rio, la nageuse Aurélie Muller a aussi manqué à l'âme olympique en mettant la tête sous l'eau de sa concurrente italienne sous le mur d'arrivée du 10 km en eau libre. Et nos chantres médiatiques ont bien entendu entonné l'hymne si radoteur et pénible d'une prétendue injustice contre la nation. Disqualifier un athlète tricolore serait un crime contre Marianne. Et donner la parole à Philippe Lucas, l'entraîneur de la Française, sans même critiquer ses propos (" c'est un sport où on se donne des claques, alors une petite tape sur la tête ... "), laisse sans voix.

Écoutons celle de Victor-Hugo qui, lui, aperçoit les marques des temps : " les temps primitifs sont lyriques, les temps antiques sont épiques, les temps modernes sont dramatiques. "