Le marché de l’art contemporain en Chine

Publié le 18 août 2016 par Aude Mathey @Culturecomblog

Le marché de l’art contemporain chinois a connu ces dernières années une forte croissance. Celle-ci s’explique par la croissance économique du pays, qui fut très importante et qui a permis aux chinois de s’enrichir. Avec le pouvoir d’achat élevé des plus riches, et l’émergence de la classe moyenne, les chinois sont à la recherche de centre d’intérêts plus variés. Et du fait de l’influence occidentale, l’attrait pour l’art devient tout naturel pour ces derniers, toujours à la recherche de prestige social. Et compte-tenu de la politique sécuritaire du pays, i s’agit certainement pour les chinois, d’un moyen d’expression parmi les moins censurés en Chine. On y trouve par exemple, des dénonciations de tortures des gardes rouges qui ne sont pas racontées dans les livres d’histoires du pays.

L’œuvre de Zhou Wenzhong

Les débuts de l’art contemporain chinois

L’art contemporain Chinois tire ses origines du temps de Mao. En effet, jusqu’à sa mort en 1976, les artistes étaient  cantonnés à des représentations de « réalisme socialiste », l’art totalitaire qui devait être au service du parti et faire l’éloge du bon soldat ou du paysan.

L’art chinoisa connu une nouvelle ère avec l’arrivée de Deng Xiaoping au pouvoir, et l’ouverture nouvelle du pays à partir de 1989. Elle se caractérise alors par une liberté d’expression et une explosion créative. De nouveaux mouvements artistiques naissent, comme le « xiamen dada » et le « political pop art ».

« Great criticism » de Wang Guagyi

Les événements de Tiananmen ont été vécus comme un véritable drame pour les artistes, qui se sont par la suite exilés à l’étranger. C’est alors la naissance d’un art hybride, mêlant orient et occident.

L’explosion de l’art chinois

C’est dans les années 2000 que le marché de l’art chinois explose, avec l’apparition de plus en plus fréquente d’œuvres à message. Le contenu se fait de plus en plus contextuel avec un message en filigrane. De 2004 à 2006, les ventes d’art contemporain asiatiques de Sotheby’s et Christie’s explosent, dont une majorité est chinoise. Ces ventes passent de 22 à 190 millions de dollars ! En 2007, la moitié des artistes les plus populaires est chinoise.

Aujourd’hui, ces artistes sont devenus multimillionnaires. On retrouve ainsi Wang Guagyi, qui possède une jaguar ainsi qu’une villa de 10 000 m² à Pékin, sans compter des galeries qui se créent un peu partout dans le monde, telles que le quartier 798 à Pékin, faites d’anciennes usines d’armement reconverties.

Parmi les grands artistes chinois que l’on trouve aujourd’hui, il y a notamment les frères Gao. Ces anciens activistes de Tiananmen, parfois censurés, qui disposent aujourd’hui de plus de 798 galeries et possèdent une renommée internationale. Ils sont l’auteur de performances remarquées, comme celle où ils détruisent une statue de Mao avec des seins de femme.

Il y a également Yue Minjun, un « réaliste cynique » très apprécié des mécènes chinois. Ses œuvres sont notamment disponibles à la fondation Cartier à Paris.

Liu Bolin est aussi un artiste chinois reconnu dans le milieu de l’art.  Après la fermeture de son atelier de Pékin et l’interdiction de ses expositions, il a imaginé une « révolution silencieuse ». Il s’est alors fondu dans le décor urbain comme manière de protester contre les autorités du pays.

Un futur en suspens

L’art contemporain chinois reste très riche : vous pouvez y retrouver d’autres artistes intéressants, dont certains se trouvent à la galerie Loft, ainsi que des objets de design chinois à la galerie Chinart.

On pourrait se demander suite à cette tendance si cet engouement n’est qu’un effet de mode ou est appelé à durer dans le temps. Suite aux récents événements qu’a connu la Chine et les bouleversements que connaît la société chinoise, on peut certainement s’attendre à d’autres changements et une créativité plus accrue dans les prochaines années.