Un bioacousticien en quête de silence

Publié le 19 août 2016 par Harmonic777888 @phbarraque

Après un traumatisme auditif dont il ne s’est remis que partiellement, Gordon Hempton a créé un sanctuaire du silence à l’ouest des Etats-Unis, au cœur de l’Olympic National Park (Etat de Washington). Une pierre rouge, posée en 2005 sur une bûche couverte de mousse, symbolise les quelques centimètres carrés de silence qu’il s’efforce de protéger.

Aller retrouver le silence est un pèlerinage pour Gordon Hempton. Lorsqu’il est assailli par le doute, il s’éloigne du tumulte de la ville et s’enfonce dans l’Olympic National Park. « Dans ces moments-là, je sais ce qui est bien, et je sais ce qui est mal. Dans le silence, je sais ce que je suis, et je sais ce que je fais », précise-t-il.

Ecouter le silence de la nature est une expérience spirituelle. Rien d’étonnant à cela, puisque « le silence est un point commun à toutes les religions », soutient Timothy Gallati. Ce diplômé de Harvard rappelle également que le silence est nécessaire pour atteindre des états mentaux méditatifs.

Que faire, alors, lorsque l’on est citadin et que l’on n’a pas de sanctuaire de silence à portée de main ? Le travail doit peut-être venir de soi. « Plus encore que l’audition, ce que nous perdons dans le monde d’aujourd’hui, c’est la capacité à vraiment écouter, remarque Gordon Hempton, qui compare une conversation à un combat. Dans un combat, il ne faut pas qu’il y ait de moment sans action ; c’est pareil pour une conversation, de nos jours. S’il y a un silence, il faut tout de suite que l’on vienne le remplir. »

Commencer par réapprendre à écouter, donc. Et c’est pour permettre à tous de méditer, bercés par le babil de la vie, le bruissement du vent dans les feuilles, le pépiement des oiseaux et la clameur de l’orage, que Gordon Hempton les enregistre et les partage dans la soixantaine d’albums qu’il a publiés.

Depuis trente-cinq ans que Gordon Hempton parcourt le monde, micro à la main, enrichissant sa bibliothèque de milliers d’heures de « sons de la vie », il n’a pu répertorier qu’une cinquantaine de zones à l’abri des nuisances sonores humaines.

Lorsque ce bioacousticien américain part en quête de silence, il ne cherche pas l’absence de bruit – chimère s’il en est – mais pense plutôt à quelque chose qui s’écoute, tout ce qui compose la biophonie (le son des êtres vivants) et la géophonie (le son des éléments naturels tels que le vent ou l’eau).

Fondateur et vice-président de One Square Inch of Silence (quelques centimètres carrés de silence), il milite pour la protection des espaces sonores, qui sont de plus en plus affectés par l’anthropophonie (sons d’origine humaine). « Si rien n’est fait pour préserver et protéger ces zones, écrit-il sur le site de la fondation, le silence risque de disparaître dans les dix prochaines années. »*

Philippe Barraqué, musicothérapeute, musicologue, expert santé

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Source : Le Monde, Nicolas Celnik

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