THE CHILLS – Kaleidoscope World (2016)

Publié le 21 août 2016 par Papasfritas69

Quelle drôle d’idée de rééditer de nos jours le « prequel » du premier album studio des Chills sorti en 1987, Brave Words. On est effectivement en droit de se demander pourquoi ce Kaleidoscope World, qui est loin d’être le meilleur enregistrement du groupe, bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle parution rafraichie et étoffée.

Kaleidoscope World, dont la première mouture est sortie en 1986, est la compilation des premiers singles des néo-zélandais agrémentée du mini album The Lost EP et de la partie réservée au Chills sur le Dunedin Double EP. Ce dernier était un opus dédié à l’émergence du son de Dunedin, charmante bourgade située au sud de la Nouvelle-Zélande, sur lequel Martin Phillipps et ses acolytes partageaient l’affiche avec les Sneaky Feelings, The Stones et The Verlaines.

Ces groupes étaient alors indissociables du label qui les avait propulsé sur le devant de la scène, Flying Nun Records. Cette pépinière de talents, basée elle aussi au pays des All Blacks, pouvait tout de même se targuer de compter dans ses rangs des combos comme The Bats, Garageland et les immenses Pavement pour la distribution locale. 

A l’instar de la version originale, l’album commence avec les trois morceaux du Dunedin Double EP. Kaleidoscope World, Satin Doll et Frantic Drift, compilés en 1982, posaient déjà les bases de la pop si singulière des Chills. S’enchainent ensuite quelques singles, dont Rolling Moon et surtout Pink Frost, qui permettront au groupe de construire sa légende. Il est à noter que pendant cette période les néo-zélandais se cherchaient encore musicalement, le punk-rock de Bite et le final furieux de Flame Thrower rappellent à qui veut bien l’entendre que les Chills pouvaient aussi être un groupe de rock.

Les six titres de pop aérienne du Lost EP, entrainés par le très festif Never Never Go, viennent alors détendre l’atmosphère. Pour la petite histoire, ce mini-album daté de 1985 trouva son patronyme lorsque le groupe égara momentanément les enregistrements de cet EP avant de finalement repasser en studio pour les compiler en 1986 sur ce Kaleidoscope World.  

Doledrums et I Love My Leather Jacket arrivent alors pour relancer la machine à tubes des Chills. A part l’immense Heavenly Pop It qui a connu un destin planétaire, ces deux titres feront partie des quelques singles qui auront la joie de connaître un classement honorable dans les charts néo-zélandais.

La nouvelle version de Kaleidoscope World est donc étendue de six titres. Oncoming Day dans une interprétation plus ancienne que celle entrevue plus tard dans les sessions de Submarine Bells, une version unplugged du Dan Destiny And The Silver Dawn présent sur l’album Brave Words, un ersatz de chanson inédite avec Martyns Doctor Told Me et quelques titres, en studio ou en live, jamais intégrés dans les tracklists des futurs albums studios. Bon, là Flying Nun nous prend un peu pour des jambons, ces soi-disant raretés étaient déjà présentes dans l’état sur la compilation Secret Box sortie en 2001… mais à leur décharge, il est vrai qu’aujourd’hui ce coffret est quasiment introuvable.

C’est avec bonheur que nous avions assisté en fin 2015 à la résurrection des Chills, le groupe sortait un extraordinaire sixième album studio, Silver Bullets, après dix-neuf longues années d’absence. Il est très agréable de constater que Martin Phillipps regarde enfin vers l’avenir, mais il est aussi très important qu’il se rappelle comment les Chills se sont forgés.

La réécoute minutieuse de ce patchwork lumineux d’erreurs de jeunesse et de premiers singles un brin naïfs mais incontournables répond très vite au pourquoi de cette réédition, les Chills construisaient tout simplement les fondations d’un édifice indispensable encore aujourd’hui à l’équilibre de la musique pop.