Comme si nous y étions

Par Carmenrob

22 août 2016 par carmenrob

À découvrir, ces délicieuses chroniques de la vie culturelle à Montréal, au début du 20 e siècle. Comme si nous y étions. C'est le choix fait par Denis Saint-Jacques et Marie-José des Rivières, qui ont dirigé l'écriture de ces textes par toute une brochette d'auteurs. Un régal.

Les chroniques ratissent large depuis ce qu'il est convenu de nommer la Belle Époque jusqu'à la crise économique des années 30. Large, comme le présumé triomphe de Nelligan au Château Ramezay, la naissance d'un journal yiddish, le Congrès eucharistique international de 1910, le lancement de la Revue moderne, ancêtre de Châtelaine, la Commission Coderre sur la corruption policière ou l'agrandissement du magasin Eaton. Le livre traite aussi de gramophone, de cinéma muet, de peinture, de silos à grains, de littérature, de musique, et j'en passe.

Comme il en est fait mention en quatrième de couverture, " Les chroniques de ce livre, multiformes et parfois délinquantes, ressuscitent la vie éclatée de Montréal au moment où la ville se transformait en métropole culturelle. " Elles la ressuscitent d'autant mieux que certains auteurs nous livrent leurs propos comme si nous étions en début de 20 e siècle. De là l'impression que nous avons d'une proximité avec les faits qu'on nous rapporte. En voici deux extraits :

" Chers lecteurs, Comme à chaque fin d'année, le directeur de notre journal, le jeune géographe nationaliste Émile Miller, me demande de vous présenter un événement particulier qui a marqué la vie culturelle montréalaise au cours de la saison. [...] je retiens plutôt la visite inattendue d'un compositeur français qui a beaucoup fait jaser le milieu culturel montréalais. [...] J'allais donc pouvoir profiter de cette soirée pour rencontrer le maître à son salon. Comme on le sait, Alfred Laliberté est un personnage haut en couleur qui ne laisse personne indifférent, et je sais que plusieurs parmi vous l'admirent pour son immense culture, ses interprétations des répertoires russe et allemand et sa connaissance approfondie de l'œuvre d'Alexandre Scriabine. "

" Quand êtes-vous allés chez Eaton la dernière fois ? Vous aviez sans doute remarqué quelques transformations en cours, relativement discrètes, assez pour qu'elles ne vous retardent pas dans votre magasinage. Maintenant, c'est fait ! Eaton compte six étages, trois de plus pour vous servir ; il propose des rayons plus spacieux et vous invite à découvrir la mode automne-hiver 1927-1928. Admirez le résultat ! Et ce n'est pas fini, car Eaton a d'autres projets... "

Cet ouvrage au format original et au contenu diversifié est agréable, informative, captivante. À mettre entre les mais de toute personne qui s'intéresse à la culture dans son sens le plus large. On peut espérer une récidive tant il reste de sujet à couvrir.

Sous la direction de Denis Saint-Jacques et de Marie-José des Rivières, De la Belle Époque à la Crise. Chroniques de la vie culturelle à Montréal, 2015, 328 pages.