Les hommes accèdent à l’unité avec Cyrille Javary

Publié le 30 août 2016 par Eric Acouphene
“Yang le matin, yin le soir ”
Dans la culture occidentale, on associe traditionnellement le concept chinois de yang au masculin et celui de yin au féminin. C’est une erreur. Chaque sexe porte en lui les deux principes.

Il n’y a pas de genre dans la langue chinoise, pas de masculin ni de féminin. Les critères esthétiques sont assez proches pour les deux sexes. En revanche, les places des hommes et des femmes dans la société y sont très précisément assignées. Et la sujétion des femmes comme le machisme des hommes y sont une réalité millénaire. Toutefois, les concepts de féminin et de masculin n’existent pas dans les courants philosophiques chinois. Yin et yang ne sont pas des états, des attributs, des sexes ; ce sont des stratégies, des manières d’agir, des vecteurs du changement. Yang regroupe les mouvements centrifuges, dirigés vers l’extérieur, et yin les courants orientés vers l’intériorité. Voilà pourquoi les garçons sont souvent plus sensibles aux stratégies yang, et les filles, aux stratégies yin.

L’âme chinoise a deux versants. Un versant solaire, social, extérieur, masculin, au cœur du confucianisme ; un versant intérieur, lunaire, féminin, mystérieux, au cœur du taoïsme. Un Chinois sera confucéen dans la journée, au bureau : et le soir, taoïste, poète, lunaire.


Les idéogrammes yin et yang ont une partie commune évoquant une colline : l’idée est qu’il est impossible de les isoler car ils sont les deux versants de la même montagne, comme en témoigne leur sens propre : ubac (yin) et adret (yang). 
Chaque être, chaque chose vivante est en même temps et successivement yin et yang. Un jour entier est toujours un jour et une nuit. Cette approche bat en brèche le fameux mythe d’Aristophane, selon lequel homme et femme seraient chacun des moitiés séparées ayant chacune besoin de l’autre pour être complets. “Ces deux moitiés sont en nous et c'est en nous seuls que nous pouvons trouver l’unité, et réaliser nous-mêmes notre plénitude, pour reprendre l’expression de Simon Leys (1). A partir du moment où nous l’avons atteinte, nous n’avons pas besoin d’ajouter ou de retirer quelque chose à l’autre sexe. Nous pouvons l’accueillir tel qu’il est."
1. Simon Leys, sinologue, auteur des Habits neufs du président Mao (Ivrea, 2009). 
Cyrille Javary, sinologue,
est l’auteur de La Souplesse du dragon (Albin Michel, 2014).
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