Pôle emploi, ce grand néant, Kafka en prime… Un témoignage

Publié le 06 septembre 2016 par Mister Gdec

Je n’ai pas pour habitude d’étaler ma vie personnelle ici, ce blog ayant vocation à traiter des sujets d’actualité politique, économique, sociale et environnementale. Mais il se trouve que je suis sans emploi depuis bien trop longtemps déjà, et que j’aimerais vous faire part de mon expérience personnelle qui me semble édifiante en ce qu’elle interroge le fonctionnement d’un service de l’Etat (mais l’est-il encore vraiment ? ;)  indispensable à tout un chacun(e) dans ma situation : Pôle emploi. Ceux qui ne l’ont pas déjà fréquenté ne peuvent pas comprendre à quel point cette expérience est traumatisante à plus d’un titre. Le simple fait d’être au chômage l’est pourtant déjà suffisamment, et pas seulement psychologiquement, ni financièrement. De nombreuses études récentes (voir pour l’exemple celle-ci, en pdf) pointent les conséquences graves de cette situation sur la santé des demandeurs d’emploi. Il est utile de le répéter en cette période de grande confusion :  bien plus de gens en souffrent qu’ils n’en vivent, n’en déplaise à Wauquiez et aux thuriféraires de l’ordre établi qui croient intelligent d’ostraciser ceux qu’ils présentent comme des assistés…

L’anecdote que je veux relayer ici pour illustrer mon propos est très factuelle. Comme je galère pour retrouver un emploi dans mon domaine (cadre social, secteur aide à la personne,  pour résumer), et que j’ai déjà bénéficié de l’un de ces merveilleux stages qui ne servent à rien,  sauf à la marge, où l’on vous explique comment faire un CV, une lettre de motivation et à parler correctement à un employeur sans être trop grossier ¹, je me suis dit que je devrais songer sérieusement dorénavant à une reconversion. Et cela tombe bien, en ce moment, il y a le fameux plan 500 000 formations, une aubaine dont je pourrais peut-être bénéficier… [je dis peut-être, car j’ai déjà demandé une formation à Pôle emploi.. en vain : trop qualifié, trop expérimenté, trop diplômé… formation trop chère…. trop âgé (plus de 50 ans)… Passons]. je m’enquiers donc du numéro de téléphone de mon agence afin de prendre rendez-vous avec mon conseiller attitré (je lui aurais bien envoyé un mail, seul moyen de contact que j’ai avec elle, mais elle m’a avoué qu’elle ne les lisait pas, qu’il y en avait trop, qu’elle était noyée…). Je l’ai aussitôt regretté : pas de téléphone.  je regarde donc sur internet pour voir comment contacter la brave dame. Je vais dans mon espace emploi, un passage obligé (ceux qui savent comprendront). Rien. je tape donc contact Pôle emploi sur internet, et je tombe sur un endroit virtuel où on me demande de remplir une fiche avec ma question. Résultat :

Grrr… je continue de chercher, et tombe sur une rubrique de pôle emploi qui me propose un annuaire. Chouette ! je dois donc appeler le 3949… lequel me dit tranquillement que je ne peux pas dialoguer avec ce service car je n’ai pas de touche étoile sur mon téléphone. Qu’à cela ne tienne, j’en prends un autre, mon portable, au risque d’avoir à payer une fortune, ce genre de numéros étant généralement surtaxés. J’ai attendu une plombe, et une voix a enfin consenti à recueillir l’objet de ma demande, et à me passer une autre personne, qui l’a enregistrée, en me promettant que quelqu’un allait m’appeler pour me fixer un rendez-vous… Une semaine après, j’attends toujours. Je fonce donc à l’agence Pôle emploi qui m’est dévolue… Où j’apprends, après une attente interminable dans une queue hallucinante, que ma conseillère est indisponible tout simplement parce qu’ils sont exactement 1 poste et demi, elle (souvent en arrêt) et une autre personne à mi-temps pour tous les cadres de l’agglomération nancéienne…. Elle me promet cependant de lui faire savoir que je souhaite la rencontrer… en lui envoyant un mail. (Je souris, jaune…). Plusieurs jours après, ma conseillère régulière me contacte entre midi et deux pour me faire savoir qu’elle n’est plus ma conseillère, que je ne suis plus considéré comme cadre puisque je n’ai pas cotisé à une caisse de cadre depuis plus d’un an, et que mon dossier à été transféré à une autre agence, plus proche de mon domicile. Grand bien me fasse, j’y cours  dès le lendemain. Et là, toujours après une queue interminable,  et après que j’aie de nouveau répété pour la xème fois ma situation et l’objet de ma demande, on me propose… de m’adresser  à l’ordinateur qui se trouve juste à côté (où plusieurs personnes bien sûr attendent déjà compte-tenu de leur nombre insuffisant) pour me rendre dans mon espace emploi afin d’envoyer un mail à ma nouvelle conseillère pour lui faire part de ma demande. Ce que j’ai fais dès mon retour à mon domicile. En me disant assez amèrement au fond de moi que notre société avait touché là le triste fond de sa déshumanisation. Et le pire, c’est qu’après toute ces démarches, et tout ce temps, je n’ai donc toujours pas de réponse à une requête légitime et très simple :  une simple demande de formation…

Mais je me dis que moi, encore, j’ai la capacité d’analyser la situation, de ne pas me décourager, d’aller jusqu’au bout, déterminé, tant que je n’aurai pas obtenu satisfaction, et de savoir utiliser la technologie moderne, de farfouiller sur Internet, et d’éventuellement contourner les obstacles en faisant appel à des connaissances… Mais quid du chômeur lambda ? D’autres auraient déjà abandonné depuis longtemps. Certains se seraient même agacé, puis énervé… Les moins susceptibles de maîtriser leurs nerfs auraient exprimé bruyamment leur colère devant un tel système absurde… Certains seraient devenus violents. Moi pas. Je continue à espérer, à demander, à chercher… Mais je pense que les services de pôle emploi sont tout de même devenus si complexes, opaques et déshumanisés qu’ils ne sont vraiment plus conformes aux attentes de ses utilisateurs. Du moins si l’on considère que ce sont les chômeurs, et non les employeurs. Mais pas de bol, je l’ai été aussi, en position de recrutement. Et je peux vous dire que même de ce côté là, on n’est pas franchement très satisfait du service rendu… Qui généralement complique la tâche plus qu’il ne la facilite. Message reçu, Madame la ministre du travail ET de l’emploi ? Où faut-il que je vous fasse un dessin ? A votre disposition pour tout entretien complémentaire à votre convenance, pendant lequel je ne manquerai pas de vous fournir tout éclaircissement complémentaire…

¹… alors que, ce qui est croustillant, cela a été mon métier une grande partie de ma vie, puisque j’ai été accompagnant à la recherche d’emploi à maintes reprises, dans différents fonctions…

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