Jules Traeger nous a quittés, dans l’indifférence des medias

Publié le 13 septembre 2016 par Triton95

Je suis toujours atterré de voir certains scientifiques disparaître, sans que les medias, sans mémoire, songent à évoquer leurs carrières et leurs recherches. Ce très vieux document qui semble sortir d’un film de science-fiction américain, montre Jules Traeger expliquant ses tentatives de xénogreffes dans les années 60. Il avait aussi prédit que la dialyse pourrait être un jour maniée par les malades eux-mêmes, ce qui était visionnaire : à une époque où les malades dépendaient complètement des médecins, il prévoyait ainsi que le pouvoir se renverserait, un peu comme l’informatique où les utilisateurs ont plus de pouvoirs aujourd’hui.

En ce temps là des commissions décidaient du droit ou non des patients à bénéficier du traitement dit « de rein artificiel », condamnant ainsi à mort ceux dont le dossier n’étaient pas retenu.

Je me souviens de son regard bleu d’acier, qui terrorisait tout le monde, patients et personnels, une sorte de timide terrorisant en quelque sorte. Il était décrit comme froid, presque inhumain. Je me souviens qu’une fois, devant moi il avait passé un savon à un interne issu de la bourgeoisie lyonnaise, qui avait négligé le suivi des malades pour partir en week-end : « je ne suis pas fier pour votre papa ».

Cet extrait d’une émission de l’ina de 1965, où son nom n’est même pas cité (on ne ployait pas sous l’ego en ce temps là), dure une heure et montre les problématiques du traitement de l’insuffisance rénale terminale.

J’ai toujours été frappé par ce passage sur les transplantations à partir d’organes de chimpanzés, et surtout par le fait que certains transplantés ont pu « durer » 9 mois, incroyables pour une époque où l’on ne disposait pas d’immuno-suppresseurs aussi puissants.

Adieu Jules, j’ai pu le retrouver en 1991, il se souvenait encore de moi, bien que ce fut déjà loin à l’époque, et que je démontrais ainsi par ma présence la réussite de l’oeuvre de toute une vie.