Le nom de la déesse Uni découvert sur une pierre gravée étrusque

Publié le 28 septembre 2016 par Jann @archeologie31

Les archéologues ont traduit une inscription rarissime sur une ancienne pierre étrusque provenant d'un temple. Ils y ont découvert le nom de la déesse Uni.
La découverte indique qu'Uni, une divinité de la fertilité et probablement une déesse mère, à cet endroit particulier était une divinité titulaire vénérée dans le sanctuaire de Poggio Colla. Il s'agissait d'un lieu de peuplement clé en Italie pour l'ancienne civilisation étrusque.
La mention fait partie d'un texte sacré qui est probablement la plus longue inscription étrusque jamais découverte sur une pierre, d'après l'archéologue Gregory Warden, professeur à l'Université Méthodiste du Sud, Dallas qui finance les fouilles archéologiques.
L'inscription sur la stèle a révélé la mention de la déesse Uni ainsi qu'une référence au dieu Tina, dieu suprême des étrusques. Image: Mugello Valley Project

Un culte de la fertilité


Les scientifiques ont découvert que l'ancienne pierre était intégrée dans le mur d'un temple de Poggio Colla; les fouilles ont aussi révélé d'autres objets étrusques, comme des fragments de céramique dont l'un représentant le plus ancien accouchement dans l'art européen (voir l'article à ce sujet: La représentation antique d'un accouchement découvert sur un site Etrusque).
Ces objets renforcent l'interprétation d'un culte de la fertilité à Poggio Colla, selon Warden.
Les experts de la langue étrusque étudient le bloc de près de 200kg pour traduire le texte. Il est très rare de pouvoir identifier le dieu ou la déesse vénéré dans un sanctuaire étrusque. "Le lieu de cette découverte, un endroit où de prestigieuses offrandes étaient faites, et la présence possible dans l'inscription du nom d'Uni, ainsi que la prise en charge du texte qui laisse supposer que c'est le travail d'un sculpteur sur pierre qui suit fidèlement un modèle transmis par un scribe prudent et instruit, suggèrent que le document avait un caractère dédicatoire" rapporte Adriano Maggiani, ancien professeur à l'Université de Venise et l'un des érudits travaillant à déchiffrer l'inscription.
"Il est aussi possible que cela exprime les lois du sanctuaire, c'est-à-dire une série de prescriptions liées aux cérémonies qui devaient avoir lieu ici, peut-être en lien avec un autel ou un autre espace sacré" continue Warden, co-directeur et principal investigateur du Mugello Valley Archaeological Project.

De nouveaux mots


D'après Warden, il sera plus facile de parler avec certitude une fois que les archéologues auront complètement reconstruit le texte, qui comprend 120 caractères ou plus. Lorsque les archéologues auront compris comment fonctionne la grammaire étrusque, et qu'ils auront appris certains de ses mots et son alphabet, ils s'attendent à découvrir de nouveaux termes jamais vus jusqu'à présent, d'autant plus que cette découverte diffère des autres en ce sens que ce n'est pas un texte funéraire.
Les archéologues de la Vallée Mugello ont annoncé la découverte de la déesse Uni lors d'une exposition à Florence en août dernier: "Scrittura e culto a Poggio Colla, un santuario etrusco nel Mugello".
Le texte pourrait spécifier le rituel religieux pour les cérémonies dédiées à la déesse. On s'attend à ce que cela révèle les premières croyances d'une culture perdue mais fondamentale aux traditions occidentales.
La dalle de grès, qui date du 6ème siècle avant l'Ere Commune, et qui mesure près de 1.2 m sur 60cm, a été découverte au cours des dernières étapes de deux décennies de fouilles dans la Vallée de Mugello qui se situe au nord-est de Florence dans le nord de l'Italie.
La stèle partiellement nettoyé porte l'une des plus longues inscriptions étrusque jamais trouvé jusqu'ici, énonçant peut-être des rituels religieux. Image: Mugello Valley Project

Les inscriptions étrusques permanentes sont très rares

Les étrusques ont gouverné Rome, influençant la civilisation dans tous les domaines, de la religion et du gouvernement à l'art et l'architecture. Peuple d'une grande culture, les étrusques étaient aussi très religieux et leur système de croyance imprégnait tous les aspects de leur vie et de leur culture.
L'inscription pourrait révéler des données permettant de comprendre leurs concepts et rituels, ainsi que leur écriture et langage.  Des inscriptions étrusques permanentes sont très rares, car ils utilisaient généralement des livres en tissu de lin ou des tablettes de cire.
Les textes qui ont été préservés sont plutôt courts et proviennent de tombes et sont donc de nature funéraires. "Nous pouvons, à ce stade, affirmer que cette découverte est l'une des plus importantes découverte étrusque de ces dernières décennies" ajoute Warden, "c'est une découverte qui nous apporte non seulement des informations sur la nature des pratiques sacrées à Poggio Colla, mais aussi des données fondamentales pour la compréhension des concepts et rituels des étrusques, ainsi que leur écriture et peut-être leur langue".
En plus d'être probablement la plus longue inscription étrusque sur une pierre, c'est aussi l'un des trois plus longs textes sacrés à ce jour. Une partie de celui-ci fait référence à "tina ?", Tina est le nom de la divinité suprême des étrusques. Il est l'équivalent du dieu grec Zeus ou Jupiter chez les romains.                          

Un symbole imposant et monumental de l'autorité en son temps.


La dalle a été découverte intégrée aux fondations d'un temple monumental où elle fut enfouie pendant plus de 2500 ans. A son époque, elle devait être exposée comme un symbole imposant et monumental de l'autorité, selon Warden.
Le texte est en train d'être étudié par deux experts de la langue étrusque, Maggiani qui est épigraphe et Rex Wallace, professeur d'études classiques à l'Université Amherst du Massachusetts et linguiste comparatif.
Un hologramme de la stèle sera montré à l'exposition de Florence, car la stèle est en cours de restauration dans les laboratoires de conservation de la superintendance archéologique de Florence.
Des documents numériques sont aussi en cours de réalisation par les experts du département d'architecture de l'Université de Florence.  La pierre en grès est très abrasée et ébréchée, aussi le nettoyage devrait permettre aux scientifiques de lire l'inscription.
D'autres objets mis au jour aux cours des vingt dernières années ont apporté de nombreuses informations sur le culte étrusque et les cadeaux aux divinités, sur la vie quotidienne des élites et de la population, dont les ateliers, les fours, les poteries et les maisons.
Tous ces matériaux ont permis de documenter l'activité rituelle du 7ème siècle au 2nd siècle avant l'Ere Commune.
Source:
  • Past Horizons: "Etruscan discovery names goddess Uni"

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