A la jeunesse, de Pape François

Publié le 02 octobre 2016 par Francisrichard @francisrichard

Du 27 au 31 juillet 2016, les XXXIe Journées Mondiales de la Jeunesse, JMJ, instituées en 1984 par Jean-Paul II, ont eu lieu à Cracovie en Pologne, qui a vu naître ce saint pape. Ces journées coïncidaient  avec le Jubilé de la Miséricorde et avec le 1050e anniversaire du baptême du premier duc du pays, Miezko 1er, le 14 avril 966.

A cette occasion Pape François a prononcé des homélies et des discours, qui ont été judicieusement réunis dans un recueil intitulé A la jeunesse, que viennent de publier les éditions Equateurs. Certes ces textes sont pour la plupart adressés à la jeunesse catholique, mais ils s'adressent en fait à tous, chrétiens ou non.

En ce Jubilé, ces JMJ étaient tout naturellement placées sous le thème de la cinquième des béatitudes, prononcée par Jésus dans son sermon sur la montagne:  Beati misericordes quia ipsi misericordiam consequentur, c'est-à-dire Bienheureux les miséricordieux, parce qu'ils obtiendront eux-mêmes miséricorde. ( Mt, V, 7)

Pape François explicite ce qu'il faut entendre par là: Heureux ceux qui savent pardonner, qui savent avoir un coeur compatissant, qui savent donner le meilleur aux autres; le meilleur, non les restes. (Messe du jeudi 28 juillet 2016 au sanctuaire de Czestochowa)

Cette recommandation de comportement personnel pour atteindre au bonheur est bien catholique, au sens étymologique d'universelle. Elle est suivie par les hommes de bonne volonté, qu'ils sachent ou non être des créatures de Dieu, quand ils imitent, consciemment ou non, l'art et la manière de Jésus.

Jésus en effet se fait petit, proche et concret, rappelle Pape François, comme d'ailleurs se conduit Marie, sa mère, qui, aux noces de Cana, en a donné l'exemple. A Czestochowa, site marial, il recommande donc d'adopter le style divin incarné par Marie: oeuvrer dans la petitesse et accompagner de près, d'un coeur simple et ouvert.

Concrètement, que cela signifie-t-il? Pape François, le vendredi 29 juillet, dans le Parc Jordan, à Cracovie, rappelle qu'il y a quatorze oeuvres de miséricorde, comme il y a quatorze stations de la Via Crucis de Jésus: sept oeuvres de miséricorde corporelle et sept oeuvres de miséricorde spirituelle.

Les sept oeuvres de miséricorde corporelle? Donner à manger à ceux qui ont faim; donner à boire à ceux qui ont soif; vêtir celui qui est nu; offrir l'hospitalité aux pèlerins; visiter les malades; visiter les détenus; ensevelir les morts.

Les sept oeuvres de miséricorde spirituelle? Conseiller ceux qui sont dans le doute, instruire les ignorants, exhorter les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter avec patience les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts.

Pour accomplir ces oeuvres, il faut bien sûr du courage; il faut, comme dit Pape François, préférer au divan les chaussures de montagne à crampons; il ne faut pas envisager de prendre sa retraite à 20 ans; il ne faut pas s'endormir, se retrouver abrutis, étourdis; il ne faut pas accepter que d'autres décident de son avenir à sa place.

Pas de précaution: Jésus est le Seigneur du risque, il est le Seigneur du "toujours plus loin". (Campus Misericordiae, Cracovie, samedi 30 juillet 2016). Plus loin, justement, il demande à la jeunesse d'avoir le courage de nous enseigner qu'il est plus facile de construire des ponts que d'élever des murs! Pour ce faire il faut risquer: Qui ne risque pas, ne vainc pas.

Pape François rassure tous ceux qui, pour une telle mission, comme Zachée, se trouvent trop petits, trop indignes, trop perméables à la critique: Quand le Seigneur nous appelle, il ne pense pas à ce que nous sommes, à ce que nous étions, à ce que nous avons fait ou cessé de faire. Au contraire, au moment où il nous appelle, il regarde tout ce que nous pourrions faire, tout l'amour que nous sommes capables de propager.

Le livre se termine par un discours prononcé au début de son séjour, le 27 juillet 2016, devant les autorités, la société civile, le corps diplomatique. Il y donne une définition de l'identité qui ne conviendra pas aux esprits extrêmes, mais qui me semble relever du simple bon sens, qui, selon Descartes, est la chose du monde la mieux partagée:

La conscience de l'identité, libre des complexes de supériorité, est indispensable pour organiser une communauté nationale sur la base de son patrimoine humain, social, politique, économique et religieux, pour inspirer la société et la culture, en les maintenant fidèles à la tradition et en même temps ouvertes au renouveau et à l'avenir.

Francis Richard

A la jeunesse, Pape François, 108 pages Equateurs