La mort violente d'un prêtre anti-narco à Tucumán [Actu]

Publié le 06 octobre 2016 par Jyj9icx6

Le Père Juan Viroche,
tel que l'archidiocèse de San Mugiel de Tucumán a voulu qu'on se souvienne de lui


Hier, on a retrouvé pendu dans une dépendance paroissiale un prêtre du archidiocèse de Tucumán connu pour sa lutte acharnée contre les réseaux de trafic de drogue. Il s'appelait Juan Viroche, il avait quarante-six ans, il était très aimé de ses paroissiens. Comme aucun signe de lutte n'a pu être relevé sur le corps ni dans la pièce qui était fermée de l'intérieur, le procureur général de la province penche pour un suicide. L'hypothèse d'un cambriolage qui aurait mal tourné semble devoir être écarté puisque dans la pièce, on a retrouvé un sac plein d'argent et de bijoux.

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Néanmoins des rumeurs suspectes commencent d'ores et déjà à se répandre et la presse locale s'en fait l'écho : l'enquête s'orienterait vers une affaire de mœurs ou de cœur qui aurait induit le prêtre à mettre fin à ses jours. C'est ainsi qu'on interprète le fait qu'une femme, dont l'identité n'a pas été révélé, s'est présentée à la police après la découverte du drame. Le genre de dérive assez habituel dans les enquêtes judiciaires puisqu'il fait bien l'affaire de trafiquants qui auraient mis à exécution leurs menaces de mort et habilement maquillé leur crime (1). Il y a peu, Juan Viroche avait demandé à son évêque d'être muté sur une autre paroisse car il avait peur des menaces de mort dont il faisait l'objet.
Il faudra suivre d'assez près cette instruction puisque le gouvernement national a fait de la lutte contre le trafic de drogue un axe essentiel de son programme politique. Ce n'est pas un très bon signe que le procureur général de la province s'emballe tout de suite sur un suicide, même si la magistrature provinciale n'est pas celle qui relève de la Nation.

L'Osservatore Romano d'aujourd'hui,
daté du 7 octobre 2016 (quotidien du soir)
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Le prêtre est enterré aujourd'hui, après que le corps a été rendu par les services de médecine légale. La messe d'obsèques est présidée par l'archevêque, Monseigneur Alfredo Zecca, dans une chapelle de la paroisse dont le défunt était le curé.
L'édition d'aujourd'hui de La Gaceta de Tucumán est pleine de cette terrible affaire, qui se répercute aussi dans la presse nationale.
Pour aller plus loin : lire l'article de Página/12 lire l'article de La Prensa lire l'article de La Nación lire l'article de Clarín lire la dépêche de Télam lire l'article principalde La Gaceta de Tucumán lire l'article de La Gaceta reprenant les propos d'un ami du prêtre assassiné lire l'article de La Gaceta reprenant les propos de la tante du prêtre, qui tâche de défendre la mémoire de son neveu, menacée d'être salie par des rumeurs nauséabondes. On peut aussi lire l'article en français du service de presse du Vatican ainsi que saversion en espagnol (pour l'occasion, c'est exactement le même texte dans les deux langues). Enfin, on peut consulter le site Internet de l'archidiocèse de San Miguel de Tucumán, où l'archevêque a publié une lettre pastorale poignante.
(1) Il serait étrange qu'un homme assez lâche pour mener une double vie, en respectant en public le célibat consacré tout en entretenant en cachette une liaison sentimentale, se lance dans une lutte aussi courageuse que la lutte contre le trafic de drogue. On sait très bien que ces trafiquants ne reculent devant rien pour protéger leurs sources de revenu, qu'ils vont jusqu'au meurtre, sans aucun scrupule et contre n'importe qui, homme, femme ou enfant, jeune ou vieux, civil, militaire, laïc ou religieux...