Démocratie : Mais pourquoi se limiter à deux référendums ?

Publié le 09 octobre 2016 par Pierre Thivolet @pierrethivolet

Depuis les nazis, les allemands savent que tout référendum n'est pas forcément un signe de démocratie


C’est bien connu notre démocratie est en crise, notre classe politique déconnectée des réalités. Il est temps de redonner la parole au peuple, au vrai peuple. Il est temps d’étendre le domaine du référendum, qui est le summum, le nec plus ultra de la démocratie. Et puis ce qui est bien avec le référendum, c’est que la réponse est toujours oui ou non. C’est très web, très digital, très Facebook, Veux-tu être mon ami ? Oui, Non, 0-1. C’est dingue au XXI ème notre société est devenue binaire, ce qui en matière de pensée, de réflexion est un peu primaire, non ? Une première consultation donc, sur les fichés S. Faut-il tous les enfermer ? Oui ou non ? On pourrait même consulter les guyanais, pour la construction d’un nouveau bagne, et si c’est non, on les met au Kerguelen, il n’y a que des manchots, ils ne pourront pas voter non. Et on continue. Expulser tous les salafistes, oui ou non ? Et pourquoi s’arrêter en chemin ? Pourquoi ne pas poser la vraie question qui taraude les vraies gens ? L’Islam est-elle soluble dans notre République ? On sait que Zemmour répond non, d’où la question référendum: Faut-il expulser tous les musulmans intégristes ? Puis par glissements progressifs: Tous musulmans pratiquants, puis tous les arabes ? Et puis ensuite: Les noirs. Enfin, pas tous, on garderait ceux de la Compagnie créole, ou Babette de Rozières, la cuisinière, eux ils sont sympathiques et ils nous font zouker. Allez la parole au peuple qui avait dit non à la Constitution européenne, et dont on a bafoué la volonté exprimée démocratiquement en lui imposant le Traité européen. Donc organisons un référendum: Etes-vous favorable au Frexit, à la sortie de la France de l’Europe, oui ou non ? Allez, on continue: Ecoutez un peu ce que dit le vrai peuple et pas seulement les bobos parisiens. Faut-il rétablir la peine de mort pour les terroristes, oui ou non ? Est-ce que cela va faire peur à ceux qui se font exploser ? C’est pas grave on les reguillotinera. Et puis pour les crimes d’enfants: Si on tuait et violait votre fille/fils, est-ce que vous ne voudriez pas qu’on tue ces monstres ? Oui ou non ? Allez, oui. Et hop, on guillotine et on rejoint des pays où la peine de mort fait ses preuves: Comme la Chine, l’Iran, l’Arabie Saoudite ou … les Etats-Unis.Oui bien sûr il y a les suisses, et leurs votations. Une démocratie directe aussi vieille que l’Union des 4 cantons, de Guillaume Tell, du développement de la Confédération qui suppose un système permanent d’équilibre et de concertation. Et-ce le summum de la démocratie ? Le recours au référendum explique que la Suisse est un des derniers pays d’Europe à avoir accordé le droit de vote aux femmes en 1971. Et que dans la canton d’Appenzell où l’on pratique une démocratie on ne peut plus directe, on réunit les habitants dans un champ du village et on les fait voter à main levée, les hommes ont refusé ce droit jusqu’à ce que le Tribunal Fédéral ne leur impose en 1991 ! C’est presqu’aussi bien qu’au Qatar ! Quant à la participation, nous qui nous plaignons avec nos 30 à 40 % d’abstentionnistes, en Suisse on frise souvent les 60 ou même 70 % d’abstentions : trop de votes tuent souvent le vote. Quant aux allemands, les années 1933 les ont un peu vaccinés quant au caractère intrinsèquement démocratique du référendum. C’est tout à fait « démocratiquement » par référendum qu’Hitler a fait valider sa dictature, le rattachement de la Sarre, l’Anschluss avec l’Autriche, l’annexion des Sudètes. Et puis si l’on réfléchit bien, la démocratie n’est-elle pas une délégation d’autorité ? Nous remettons notre autorité à des représentants qui sont chargés, pour une période limitée de prendre des décisions pour nous. On appelle cela des élections, et les délégués, des députés ou des Présidents. S’ils ne veulent plus prendre de décisions pour nous, alors qu’ils nous le disent vite, on en choisira d’autres. Nous vison une e-poque formidable.