La vie secrète des jeunes, T2

Par Belzaran


Titre : La vie secrète des jeunes, T2
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Avril 2010


« La vie secrète des jeunes » était une analyse ethnologique passionnante sur la faune parisienne (majoritairement). Habitué des terrasses de café du 11ème et du métro 9, Riad Sattouf y décrivait le comportement des « jeunes », au sens péjoratif du terme, retranscrivant leur langage fleuri, imagé et vulgaire. La force de l’ouvrage tenait dans la véracité supposée des faits et la capacité à l’auteur de ne jamais émettre un quelconque jugement sur tout ce qu’il narrait. Le tome 2 sort chez L’Association pour 160 pages comme 160 scènes de la vie urbaine.

Un effet de répétition sans conséquence.

La mécanique est immuable : des gens discutent dans un lieu public. Riad Sattouf les écoute et les observe, retranscrivant la scène en un gaufrier impeccable de huit cases. Plusieurs pages sont consacrées aux plus bavards. Ce qui est bien, c’est que l’on retrouve aussi bien des jeunes de banlieue agressant des gens dans le métro, comme des bobos se réconciliant à une terrasse de café. Riad Sattouf côtoie tout le monde (comme les gens le font à Paris) et touche toutes les couches sociales.

On ne va pas se mentir, il y a un effet de redondance avec ce deuxième tome. Les débuts de lecture sont difficile tant on a l’impression d’avoir déjà lu les mêmes anecdotes dans le précédent bouquin. Mais on finit par se prendre au jeu et par être surpris ici et là par une scène, autre part par le langage utilisé… Les anecdotes sont certes inégales, mais on ne sent pas de remplissage pour autant. Chacune, prise indépendamment, laisse rêveur…

On regrettera que des scènes complètement différentes soient intercalées dans l’ouvrage. Ainsi, « L’incroyable Cizia Zykë en vrai » laisse dubitatif. Quel rapport ? Seul l’histoire du gang des barbares trouve un écho avec les scènes de la vie courante. Et du coup, elle nous donne aussi froid dans le dos…

Le dessin de Sattouf est efficace. Son noir et blanc fait le travail et ses personnages sont suffisamment expressifs et grotesques pour faire ressortir le ridicule – voire le surréalisme – des situations. Quant à sa narration, elle est toujours menée avec un rythme impeccable.

Si un effet de répétition se fait sentir, ce deuxième tome garde la force du premier. Les scènes nous fait réagir, que ce soit en nous choquant ou en nous faisant rire. Riad Sattouf est un véritable observateur de son temps. Qui, mieux que lui, parvient à saisir ces moments que vivent les parisiens dans le métro ?