Dans la tête d’une schizophrène

Publié le 11 octobre 2016 par Lana

« Il me faut un couteau, je dois mourir, je dois aller acheter un couteau, un couteau de boucher, au magasin chinois, ils doivent avoir ça. Je vais me tuer. »

« Il me faut un saint, il me sauvera. Je dois trouver une statuette de saint, je dois trouver un saint, il veillera sur moi, il me sauvera. »

« Ne marche pas sur les lignes. Jette-toi sous une voiture. Il faut trouver un morceau de verre, je  veux me couper, je veux saigner. »

« Tu es nulle, tout le monde te déteste. Regarde ces gens, ils te regardent, ils te trouvent ridicule. Tu a fais tout tomber, tu es pathétique. »

« Ils me volent mes pensées. Mais si on peut voler les pensées, je le sais, je le sens, tu mens quand tu dis que ça n’existe pas. Mon psychologue aussi me vole mes pensées. Ils me traversent. Je n’ai plus de peau. »

« Je suis malade, je suis diabétique, et j’ai sûrement le sida, je vais devenir aveugle, qu’est-ce que je vais faire si je deviens aveugle? Je ne pourrai plus lire, je préfère mourir. »

« Je suis nulle, cette fille est tellement belle et intelligente, à côté je suis nulle. Je dois demander à la Vierge de me sauver d’elle, c’est normal d’être moins bien que la Vierge, elle me sauvera. »

« Le soleil me fait mal, je dois baisser les volets. Pour tous ceux qui ont un trou noir dans la tête, y a -t-il un soleil?*Y a-t-il un soleil? Il n’y aura jamais de soleil pour moi.  »

« Je n’ai plus de sang. Je dois me couper pour vérifier. Je n’ai plus de sang, qu’est-ce que je vais faire sans mon sang? J’ai une bête noire qui me ronge de l’intérieur. Je suis morte. Je suis pire que morte, des vivants il ne me reste que les larmes et la douleur. »

« Renaud, aide-moi. Nadège, aide-moi. Vous êtes les seuls à me comprendre, même si vous n’existez pas. Il faut que Renaud dorme avec moi, chasse la mort qui couche dans mon lit, qui court après moi dans les couloirs. »

« Arrête de t’arracher les cheveux, de tirer la peau de tes lèvres. Arrête de l’aimer. Arrête arrête arrête. »

« Ma tête se détache de mon corps, j’ai des yeux derrière la tête, mais oui ton bras est toujours attaché, oui il est à toi, j’ai quatre yeux. »

« Je veux mourir. Je n’en peux plus. Je n’y arriverai pas. Je ne veux jamais me réveiller ».

Vous avez lu ce texte. Ca vous a pris deux minutes. Maintenant, multipliez-le par des heures, des jours, des semaines, des mois. Des heures, des jours, des semaines, des mois.

C’était ma vie.

*phrase tirée d’une chanson des Béruriers Noirs


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