Violences sociales : Enfance en danger

Publié le 13 octobre 2016 par Amroune Layachi

En quelques semaines, trois faits divers d’une extrême violence ont choqué l’opinion. Après avoir pris connaissance de la série de kidnappings d’enfants, voilà que les Algériens découvrent des infanticides. D’abord à Constantine, où une maman, trentenaire, a tué ses deux enfants de manière brutale. Puis, à Hadjout, dans la wilaya de Tipasa, où une jeune maman s’est jetée du balcon, lundi dernier, avec ses deux bébés dans les bras. Les trois sont morts.
 

A Constantine, une mère de 34 ans, a mis fin à la vie de ses deux enfants âgés de 4 ans et 15 mois. En proie à une dépression aiguë, elle aurait développé une relation de rejet envers sa progéniture. Elle est suivie dans un hôpital psychiatrique pendant que les deux enfants sont gardés par leur tante paternelle qui vit avec son père. C’est justement à cause du décès de ce grand-père, selon des témoignages, que les enfants ont été gardés, durant la semaine de deuil, par leur maman.

Et c’est à ce moment-là que l’irréparable s’est produit. Admise de nouveau à l’hôpital, elle y succombera, quelques jours plus tard, suite à une crise cardiaque. A Hadjout, la maman s’est défenestrée avec ses deux enfants âgés de 15 et 33 mois. Comme la dame de Constantine, la jeune maman de Hadjout consultait un spécialiste pour des soins psychiatriques depuis des années. Selon notre correspondant, qui cite le mari de la défunte, la dame a cessé de se soigner depuis que son frère, qui l’accompagnait à l’hôpital, est décédé il y a de cela deux ans.

Si les 4 enfants sont morts, Yacine, âgé de 9 ans, est indemne. Cet enfant, retrouvé il y a près d’un mois, grièvement blessé dans une localité de Tissemsilt, est, selon des médias, une victime de ses proches pour… les besoins d’une opération de charlatanisme. Sommes-nous pour autant devant un «phénomène», comme le qualifie Mostefa Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) ?

«Des faits divers»

Nadia Aït Zaï, présidente du Centre d’information sur les droits de l’enfant et de la femme (Ciddef), a un autre avis sur la question. «Ce ne sont que des faits divers», a-t-elle indiqué. Pour elle, «dans les cas présents, nous ne pouvons absolument pas prévoir le moment du passage à l’acte». Plus que cela, l’avocate estime que «seul le médecin traitant peut dire si la femme en question est dans l’incapacité de garder l’enfant». «On ne peut pas parler ici d’un acte intentionnel puisque les deux dames étaient suivies.

C’est à l’entourage familial de faire attention et de constater s’il y a démence ou pas», dira-t-elle. Contrairement à Mostefa Khiati, dont l’association s’occupe entre autres de la défense des enfants, Nadia Aït Zaï estime qu’il n’y a pas de vide juridique en la matière. Mais, «seul le juge» qui s’appuie sur l’avis médical «peut retirer la garde d’un enfant à la maman et la confier à une personne proche». Ces «faits divers» d’un nouveau genre s’ajoutent à d’autres phénomènes qui peuvent déstabiliser des familles entières. Un fait qui donne à réfléchir aux autorités.

Ali Boukhlef

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