Cellule ou la fin de l’insouciance par Lou Marcouly-Bohringer

Publié le 05 novembre 2016 par Pascal Iakovou @luxsure
by Elisa Palmer on 5 novembre 2016 125 Views |  Like

Cellule ou la fin de l’insouciance par Lou Marcouly-Bohringer

Cellule – Lou Marcouly-Bohringer

Flammarion – 12€

editions.flammarion.com

« Des hurlements sortent de la chambre, elle ne veut pas aller à la douche avec l’infirmière… Rien n’y fait, c’est un non qui n’appelle pas à la négociation. Alors ma soeur fait ce geste, je le décrypte au ralenti, sidérée. Elle retire sa veste, son pull, normal, comme si c’était normal, elle prend la main de ma mère et la mène à la douche. Je vois plus mais j’entends, j’entends qu’elle la déshabille et qu’elle la lave… Ma soeur c’est pas une épée, dans la vie classique elle pige pas vite, mais là elle nous laisse tous à quai. Elle a capté que la dignité était en train de se faire la malle du corps de notre mère, et qu’y avait qu’un intime qui pourrait la rattraper et la lui rendre, un peu… Elle méprise le chaos, elle crée des codes nouveaux, d’un moment de perdition totale elle fait un moment de grâce… Nous n’avons pas tous les mêmes capacités d’adaptation… Chacun doit trouver son front, ses armes et lutter comme il peut. Et il faudrait pas commencer à se comparer, mais putain elle se bat bien ma soeur… » (page 53 à 55)

Par un simple coup de fil, sorte de time out qui sonne comme une épée, tu vois défiler la vie de ta mère devant tes yeux, et la tienne avec. A 26 ans, dans le genre passive au chômage, la vérité, tu as pas fait grand chose de ta vie. Mais là, potentiellement, ta mère, elle risque de partir et pour de bon. Alors tu t’affoles, au dedans, au dehors, et le temps devient ton pire ennemi. Tu as peur aussi, de perdre, parce que la maladie est du style à avoir régulièrement un tour d’avance. Ceux qui savent, des gens en blouses blanches, ils ont posé des mots sur ta nouvelle réalité, que tu intègres de suite, sans préambule, sans droit de rétractation. Le cancer au cerveau.

Alors Cellulec’est un format court (109 pages), mené à un rythme de croisière (version Titanic mais dans ta vie), il y a de ça dans l’annonce de la maladie et ses suites. Sans doute, l’auteure Lou Marcouly-Bohringer avait tout à la fois envie et besoin de ce rythme urgent pour nous surprendre par cette vague. Ou alors, elle a écrit « vite fait-bien fait » ce premier livre, d’une traite, tambour battant, formidable outil pour se débarrasser et guérir de cet épisode personnel. Elle seule sait. Une chose est sûre, aucun retour n’est possible, il y a le pronostic de la maladie, la vie d’avant et la vie d’après. Un premier roman rythmé et percutant.

Elisa Palmer

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