L’esport, la RNG et le misplay

Publié le 09 novembre 2016 par Khanapay @Khanapay

Yop tout le monde! J’avais envie et besoin de faire un article plus consistant sur tout ce que j’avais à dire à Hearthstone (jtm bb <3)… L’article précédent a été un bon moyen de me remettre dans le bain, et la blizzcon assortie de son championnat du monde a fini de déclencher les sujets dont je voulais parler.

L’esport, la RNG et le misplay c’est ma petite référence à le bon, la brute et le truand… Mais c’est terriblement lié selon moi. Je vais tacher de vous l’expliquer simplement🙂

Je vais aborder l’esport et le misplay de paire parce que c’est assez indissociable, puis j’aborderai plus rapidement la RNG, tant un article entier pourrait lui être consacrée.

L’esport et son jugement

A partir du moment où un jeu vidéo commence à faire beaucoup d’audience, les joueurs diffusés lors de compétitions ou tournois, ou en simple stream « amateur » (cela reste des joueurs qui appartiennent à des équipes professionnelles) deviennent jugés par toute une communauté, qui parfois ne joue guère mieux qu’une poule escervelée…

On le voit très nettement sur le graphique ci-dessous, l’esport marche particulièrement fort avec près de 35 000 personnes connectées à un même stream à 15h de l’après-midi. J’ai piqué l’image sur le Twitter de Bestmarmotte🙂

Au delà de l’aspect ponctuel d’un championnat du monde, cette capture d’écran du mardi 8 novembre au soir à 19h30 illustrera ce que je veux introduire comme contexte esport à Hearthstone. La communauté est assez importante et suit non seulement des chaînes (c’est le cas de nos deux chaines françaises Millenium et GamersOrigin) mais elle suit surtout des joueurs ou personnalités qu’elle apprécie (Forsen et Savjz).

Le même genre de screenshots le matin ressemblerait à des joueurs comme ThijsNL ; Asmodai ; Kripparian que je retrouve assez régulièrement en live le matin. Lifecoach fait également de très bonnes audiences…

Bref tout celà m’amène au fait que ces joueurs ou personnalités, comme elles sont très exposées aux spectateurs que nous sommes… Eh bien parfois on tombe un peu vite dans le jugement d’un play plutôt qu’un autre ou d’une décision plutôt qu’une autre etc…

Sentiment que j’ai d’autant plus remarqué lors des phases finales des championnats du monde, où les commentateurs français proposaient souvent de « bons » plays mais qui n’étaient pas forcément ceux choisis par les joueurs derrière l’ordinateur pour tenter de se qualifier. Étonnant au premier abord, c’est finalement extrêmement enrichissant de voir que le style de jeu des français n’est pas forcément celui du reste du monde.

Le bon misplay et le mauvais misplay…

Cet aparté esport est la fin de mon premier angle d’attaque du sujet… Ce qui m’amène à vous expliquer comment on peut différencier le bon missplay et le mauvais misplay… Oui parce que je pense que ça serait bien de remettre les choses « en place » et de définir clairement ce qui est une erreur et ce qui n’en est pas une.

Je donnerai deux exemples de VRAIS MISPLAY : (libres à vous d’en trouver d’autres)

  • Poser un docteur Boom avant de faire le trade avec son Horreb de la Sylvanas adverse comme l’a fait Pavel en 2015 face à Lifecoach :

  • Poser un commissaire priseur lorsqu’on joue voleur, avoir une main avec un sort qui coûte 4 de mana, jouer une préparation PUIS une pièce PUIS le … Eh non! Pas le sort puisque la préparation a réduit le coût de la pièce… (Ce misplay n’est pas arrivé à l’auteur de cet article et toute ressemblance avec une personne vivante sera fortuite! :p)

Bon, c’était mon misplay, et en toute honnêteté, c’est pas le genre d’erreur que je vais refaire de si tôt tellement c’était cuisant à cet instant. Je pense que c’est la bonne définition d’un vrai misplay que de faire une erreur de calcul de mana ou de dégâts, ou bien une erreur de séquencement de son tour, comme je l’ai été victime en voleur. De la même façon, je pense aux petits Trogg des tunnels des chamans que je pose parfois après un marteau-du-destin lorsque je commence à suivre un peu trop ce qui se passe dans le chat du stream plutôt que de suivre ma partie.

Pavel aussi, je pense n’est pas prêt de refaire l’erreur de poser une carte avant de gérer la Sylvanas adverse… Quoiqu’il en soit, on voit bien que c’est un joueur régulier, puisqu’après une année de plus à jouer à Hearthstone, il est désormais le champion du monde en titre après Ostkaka en 2015.

Je trouve par conséquent, après cette définition de missplay que certains commentateurs vont un peu vite dans l’expression des erreurs et dans le jugement quand un joueur fait un choix, qui est parfois plus risqué ou au contraire plus défensif. L’avis des commentateurs sur l’aspect « offensif » ou « défensif » d’un tour est très intéressant lorsqu’il est exprimé sans jugement. J’appellerai plutôt ça, choisir une ligne de jeu et s’y tenir. J’ai essayé de décrire ça avec un logigramme simplifié pour expliquer de définir partiellement ce qui fait partie d’une ligne de jeu ou d’un plan de jeu.

Vous jouez un Deck paladin Murloc et votre adversaire est un vilain démoniste Zoo. En plus de devoir compter le nombre de Murloc joués pour les dégâts potentiellement infligeables, vous avez un grand nombre de possibilité de « removal » c’est à dire de sorts de zone qui vous permettent de nettoyer tout le board de l’adversaire. Je fais vraiment un exemple bateau mais il faut bien comprendre que toute une partie n’est faite que de ce type de choix. Nous sommes tour 5 ; vous êtes un paladin avec la pièce et avez en main 7 cartes dont : égalité, consécration, pyromancien, tirion, imposition des mains, guérison interdite, chef de guerre murloc. Votre adversaire a déjà 4 créatures sur le board et vous 0 (il a trade vos tokens avec un premier villageois possédé et son sinistre colporteur a plus qu’1 PV) : un diablotin des flammes, un sinistre colporteur, un villageois possédé et un marcheur du vide.

Comme vous le voyez c’est assez simple, j’aurai pu pousser plus loin du côté de « faut-il se soigner » ; si oui on a pas trop le choix, si non, on peut poser son chef de guerre murloc puis utiliser son pouvoir héroïque par exemple… Mais ce sur quoi je veux mettre le doigt en terme de « non misplay » est bien dans « quelles ressources utiliser? ». En effet, certains choix sont plus bon que d’autres, par exemple, on aura pas forcément envie de gâcher une pyro+égalité car on sait que c’est surement mieux de la garder pour une situation plus tard tellement la combo est dévastatrice.

J’ai juste envie de mettre l’accent sur le fait qu’il existe des bons choix, des choix un peu moins bons et surtout des choix que l’on aurait pas forcément fait à la place du joueur duquel on commente la partie… Maiiiis tout ça n’est pas grave tant que c’est exprimé de manière assez respectueuse. Si un joueur est arrivé aux dernières phases d’un championnats du monde il ne peut pas vraiment faire de très mauvais plays.

Enfin, il faut garder à l’esprit que dans ce genre de compétitions le stress du direct et de l’ambiance unique qui doit y être provoque du stress. Je me souviens d’une expérience personnelle où mon match contre Dartill avait été casté à l’OG Titans, c’est finalement bien plus stressant de jouer quand on se sait regardée par quelqu’un autre que son chat.

La RNG, ce que les « grands » appellent le hasard

Je voulais finir sur une ouverture assez simple pour conclure et terminer ce petit billet, car je sais que je pourrai faire plusieurs articles sur ce sujet… La rnggggg ! Ce facteur non négligeable qui semble agacer tout twitter et toute la communauté de joueur : « Oui tu comprends j’ai perdu mais il a eu de la chance ».

J’ai lu un article fort intéressant (bien que court) ici : http://weareplayers.fr/le-poker-hasard-ou-adresse/

Au poker, même si de nombreux facteurs ne sont pas connus des joueurs, cela n’empêche personne de jouer avec de l’argent réel et d’y investir parfois énormément de temps et d’argent. J’ai trouvé intéressant de noter ce qu’on ne maitrise pas au poker :

  • Le talent des autres joueurs
  • Leur façon de jouer
  • Votre main
  • Les cartes communes (la river entre autre)

J’ai trouvé cette liste assez marrante car on constate bien que les facteurs qu’on ne maitrise pas sont les mêmes pour Hearthstone que pour le poker… Et même pire! A Hearthstone, nous n’avons pas de cartes « communes » avec l’adversaire (à part dans les prêtre voleur ou voleur voleur mais ce sont des exceptions).

Pour palier à ces éléments non maitrisés, les vrais joueurs, ou ce que j’appelle de manière un peu sarcastique « les grands » utilisent les probabilités et les statistiques. Voici par exemple au poker les probabilités de retrouver les différentes combinaisons de 2 cartes dans sa main de départ :

Vous le comprenez ici, être bon ou mauvais à Hearthstone n’est plus seulement une question de chance et de faire le bon play et tout ce qui va avec… C’est aussi prendre du temps pour compter les cartes de l’adversaire et la probabilité qu’il pioche la réponse parfaite à notre plan de jeu, c’est prendre des risques et assumer les choix osés…

Plusieurs joueurs francophones sont excellents pour ce qui est de l’analyse de jeu et des statistiques, c’est selon moi Tars , Maverick et Purple. Un33d était aussi très bon à une période mais celà fait longtemps que je n’ai plus suivi ses lives et du coup je ne saurai plus trop juger de son niveau de jeu et surtout de la réflexion autour de ses choix. Purple était génial aussi mais il a un peu disparu de la scène et c’est fort dommage.

Conclusion

Certes, la chance peut influer sur l’issue d’une partie. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si les tournois officiels d’Hearthstone sont passés de BO5 (Best Of 5, c’est à dire celui qui remporte 3 parties parmi 5 maximum) à BO7 (celui qui remporte 4 parties parmi 7 maximum). Il est donc beaucoup plus difficile de compter sur la chance dans ce genre de tournois… De plus la régularité nécessaire pour acquérir des points toute l’année est juste impressionnante… Les meilleurs joueurs avaient plus d’une centaine de points à leur actif.

Ce que j’espère avoir fait ressortir dans mon article, c’est que Hearthstone n’est pas qu’une question de bien piocher, même si la chance est un facteur, c’est certainement bien plus complexe et si vous avez compris un peu le sens de mes paragraphes ci-dessus, j’aurai un peu l’impression d’avoir été utile !

Bisous❤ !

Ps : missplay est devenu misplay suite a l’avis éclairé de Tars😉