Election de Donald Trump : pas vraiment une surprise !

Publié le 11 novembre 2016 par Albert @albertRicchi
Donald Trump a finalement emporté l’élection présidentielle aux Etats-Unis alors qu’il avait contre lui les médias, les marchés, les experts de tous bords, les sondeurs, les intellectuels et les vedettes du show-biz.

Pour ces derniers, Hillary Clinton ne pouvait que gagner mais s'ils avaient observé attentivement la société américaine et entendu son malaise, ils n'auraient jamais exclu la possibilité d'une élection de Donald Trump…
 Après la victoire de Donald Trump sur la candidate démocrate, il n’est question que de séisme, de tremblement de terre, de 21 avril à l’américaine, voire de « 11-Septembre politique ». Sur les ondes de France Inter, quelques heures seulement après l’annonce du résultat, on a entendu l’éditorialiste du journal " Les Echos ", lancer sur un ton attristé : « Qu'avons-nous fait pour en arriver là ? » Ce que l’on  a fait, c’est que l’on a écouté trop longtemps sans réagir tous ces journalistes qui répétaient en boucle que la crise n'était plus qu'un mauvais souvenir aux Etats-Unis, que la croissance était repartie de plus belle, que le modèle américain pétait la forme, qu'il était temps pour les autres de s'en inspirer, etc.Mais la réalité, c’est que les Etats-Unis sont en proie à la plus grave menace d’éclatement social et culturel depuis les années 30. C’est une explosion sans précédent des inégalités, ce sont des usines fermées, des entreprises délocalisées, des emplois raréfiés, des salariés déprimés, et des électeurs frustrés.La réalité, c’est une immigration massive (11 millions de clandestins sans droits et sous-payés !) encouragée par le patronat américain pour accentuer le dumping social et la guerre des pauvres contre les pauvres. La réalité, c’est le vide de l’ère Obama à l’exception de l’Obamacare. C’est le rejet de la famille Clinton, considérée à tort ou à raison comme le symbole de l’entre-soi, de l’arrivisme et du copinage. C’est une candidate démocrate qui a surfé sur toutes ces frustrations pour essayer de l’emporter alors qu’elle est elle-même la représentante type de l’Amérique du fric.Certes, Donald Trump est un homme qui est à la politique ce que Bernard Tapie est aux affaires, DSK au féminisme, ou Jérôme Cahuzac à la morale. Mais il a su développer une démagogie efficace sur bon nombre de sujets (la folie du libre-échange, les délocalisations, la misère ouvrière, le rejet de l’élite), d’autant plus qu’Hillary Clinton s’est contentée de reprendre un discours largement convenu mais qui a parfois dérapé. Cette dernière est allée jusqu’à traiter les électeurs de Trump de personnes « pitoyables », étalant ainsi un mépris de classe qui n’a sans doute pas été pour rien dans sa déroute. Les électeurs de Bernie Sanders, dont bon nombre se sont abstenus, ont contribué aussi à la défaite de la candidate démocrate.Et voilà comment on en est arrivé à un résultat que tous les experts n’ont pas vu venir, tout comme ils ont été incapables de prévoir le Brexit, ou quelques années plus tôt la victoire du non lors du référendum au traité constitutionnel européen en 2005. Toutes proportions gardées, c’est la même cécité qui les conduit aujourd'hui à ne rien comprendre au phénomène Marine Le Pen, lequel n’est pas sans analogie avec l’effet Trump. Après Ronald Reagan, un ex-cow-boy de l’écran à la Maison-Blanche, puis avec George W. Bush, un président capable d’envahir un pays (l’Irak) au prix d’un mensonge d’Etat, l'élection définitive de Donald Trump sera effective le 19 décembre, lors de la réunion du collège électoral des grands électeurs. Sa prise de fonction devrait se tenir le 20 janvier 2017, le Parti républicain étant sur le point de contrôler la Chambre des représentants, le Sénat et donc la Cour suprême. Du jamais-vu depuis les années 1930...
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