saisir ce qui ne se saisit pas

Publié le 16 novembre 2016 par Pjjp44
    photo source: Toile
"Comment se plaindre d'un monde
où l'on peut tenir dans sa main
de l'herbe, un caillou,
de la glaise, une feuille,
un peu d'eau...
Et continuer
à en avoir envie?"
-Guillevic-
    me too par oups!  (désolé) j'ai oublié ton prénom
"Longtemps, j'ai maudit mes insomnies.
Aujourd'hui,
j'oserais les bénir .

Ce sont de longs moments de repos, de répit.

Rencontre avec l'immobile,

rencontre avec le silence
qui ouvre des voies
où vivre la pleine vie.

Il m'arrive de me faire ruisseau

et de me laisser aller
bercé par le courant,
parlant à des pierres.

Et me voici rivière, fleuve

hésitant devant l'océan.

Je peux me transformer en ciel azur

saluant ce qui me regarde..
Je peux être rocher
vivant en moi les données
d'un silence qui fait communier
l'homme et la pierre

Je peux être tigre ou pigeon,

cheval en liberté.
Tant de parcours, de haltes
où s'abreuver.

Jamais je ne prêche

ni ne raconte.

Le silence est la religion,

j'en suis le fidèle.

L'univers me fait être

l'amour d'une jeune fille.

Ensemble nous nous taisons

dans un rêve parent

où le silence

 nous fonde en lui."
Guillevic

"Je comprends, feuille de papier,

que tu me provoques, m'invite à écrire sur toi.

Je comprends que tu en as assez

d'être rien que ce blanc,
cet appel incessant du vide
à vouloir qu'on l'occupe.

Vous: les mots,

je vous compare à des chats, à des écureuils,
vous, toujours prêts à vous sauver,
vous égarer.

Ce n'est pas que j'ai une folle envie

de quitter le noir pour le clair,
de supporter vos regards,
vos espoirs à vous, les mots,
que de moi vienne le salut.

Besoin de la joie d'écrire

ce que l'on espère être
un poème,
besoin de cette tyrannie
que l'on bénit.

Saisir

ce qui ne se saisit pas,
voilà quel est
pour aujourd'hui
mon emploi du temps,
mon devoir.

Soleil, dis-moi

quelle est ta raison d'être,
je te donne la mienne: écrire.
.../..." 
Guillevic extrait de "insomnies"
-Relier- Editions Gallimard-