Cinéma sola imago

Par Videopaper



PRÉCEPTES IMAGE
« Sola imago », par l’image seule, c’est un cinéma où le cadre, la lumière, font partie intégrante de la dramaturgie comme le jeu des acteurs, les dialogues, car l’image en mouvement est l’essence même du cinéma.  Dans le cinéma narratif l’image n’est qu’utile, elle a perdu son sens propre, sa beauté, son émotion. Dans le cinéma « sola imago », l’image redevient le creuset du regard, c’est là que naissent les scènes. C’est un cinéma peinture, filmé à 24 coups de pinceau, en Noir et Blanc, car il permet de privilégier l’émotion, le ressenti, de souligner les lignes de force de l’image et de l’émotion.
SITUATION
C’est un cinéma résolument non narratif, qui ne raconte pas une histoire, qui n’est pas bâti sur une intrigue, mais explore une situation, un moment de vie. Comme l’étoffe des rêves, le film est composé d’un suite de tableaux, chacun venant se complémenter, offrant des espaces distincts de ressentis, de perceptions. La logique de l’enchainement de ces différents espaces, relève de celle des rêves, elle y est donc plus symbolique que raisonnée.
TEXTE
Les dialogues sont vus comme des « tableaux de mots », et non comme objet d’une continuité narrative, ou d’une interaction verbale entre personnages. Ils ne servent pas à expliquer mais à comprendre.
Les « dialogues » ne proposent pas une continuité narrative, ni un développement dramatique. Ils sont là, paroles que l’on écoute, sensation que l’on éprouve. Ils sont une étape, et non un lien narratif. Aux dialogues, s’ajoutent les monologues, ce flot de paroles que l’on retrouve à la fois au théâtre et dans la folie. Par cette absence, celle de l’autre, le monologue permet de se concentrer sur un personnage, de l’écouter, de le voir. C’est aussi un moment où le comédien/ la comédienne, ne se retrouve pas seul(e) à l’image mais face à l’image. Exercice difficile : par sa présence, son jeu, son interprétation, il/elle devient le regard à lui/elle seul(e).
MUSIQUE
Dans le cinéma « sola imago », la musique est une forme de texte. Que l’on écoute. Que l’on voit. Elle n’accompagne, ni ne comble, ni n’efface l’image, elle est ; elle est comme le texte, elle façonne l’émotion, forge le ressenti. Elle possède sa propre intention qui vient compléter celle de l’image, en une union qui jamais n’altère l’autre. Elle n’est pas sur l’image, rajoutée, mais dans l’image, incrustée, faisant corps et âme avec elle, poésie sonore, qui vient en écho à celle de l’image.
IMAGE TEXTE SON
Ces 3 écritures travaillent de concert et en parallèle. Chacune a sa spécificité, mais au lieu de les développer séquentiellement elles le font en parallèle, le mixage jouant un rôle important dans ce rendu, ces 3 écritures venant alors se renforcer l’une à l’autre, dans un tumulte de sens.
INTIME ÉCOUTE INSTANT
C’est un cinéma intimiste, proche de la vie, filmé caméra à l’épaule en lumière naturelle avec une petite équipe. La prise de son est simplifiée par l’usage de micro cravate et un son d’ambiance perché, elle est time-codée avec la caméra. Le décor est naturel et peu altéré par les contraintes de mise en scène ou de cadre. C’est aussi un cinéma d’écoute. Un plan non prévu sera tourné parce qu’aura éclos une nouvelle idée de mise en scène, un remaniement de dialogue, ou qu’une belle lumière se sera invitée sur le plateau. Cet aspect sera gardé au montage, où peuvent naître par le maniement plans, des séquences, jusqu’à là, encore inconnues. Enfin, c’est un cinéma de l’instant. Sil y a un repérage, un découpage en scènes, la mise en image des plans se fait dans l’instant. Cette pratique apporte la souplesse nécessaire à la créativité, et si elle n’est pas sans risque, elle force à rester aux aguets de la beauté, et elle unit dans cet effort, l’ensemble des personnes qui contribuent à la création des plans.