L’ours dans l’art préhistorique

Publié le 30 novembre 2016 par Marcel & Simone @MarceletSimone

© Louise Mézel

L’exposition sur l’ours, j’y suis allée pour plusieurs raisons. D’abord parce que j’aime le musée, j’aime Saint-Germain-en-Laye, l’aération après la capitale, le trajet en RER, le mot « château ». Ensuite parce qu’un dimanche où on est seul et qu’il fait tout blanc dehors, il vaut mieux sortir. J’y suis aussi allée pour  "l’ours" qui m’évoque tout l’imaginaire de ma vie et de mon enfance. La Fameuse Invasion de la Sicile par les ours (Dino Buzzati) , Boucles d’Or (un peu), le sentiment de méprise plusieurs fois répété, lorsqu’enfant je voyais le film : L’Ours (Jean Jacques Annaud). À ce moment, les boucles me tombaient et j’abandonnais mon enthousiasme pour la famille ours, découvrant avec horreur puis avidité, une autre histoire, celle de la mort, de la solitude et de la cruauté.

Entrons dans la (fausse) grotte, une réplique plus vraie que nature nous accueille, on s’y croirait presque : l’ours des cavernes (aujourd’hui espèce disparue) est bel et bien effrayant. Crâne pesant, large ossature, cuisses et carrure puissantes (jusqu’à 1 mètre 30 au garrot ; 3 mètres sur pattes !) , griffes énormes. Observons la bête (omnivore, voire herbivore) puis dépeçons la pour voir les utilisations qu’en ont fait ses contemporains du Paléolithique.

© Louise Mézel

Si la grand-mère du petit chaperon rouge avait été un ours et non un loup, la grande bouche n’aurait pas été  pour mieux nous manger, ni ses griffes, pour mieux nous attraper. Au contraire ! Voilà que les canines de l’ours ainsi que ses griffes, deviennent des outils utiles à l’homme (retouchoirs, grattoirs, pour écorcer le bois, nettoyer les peaux) et objets de parure. Sur les photographies des relevés pariétaux, ou les différents objets sculptés, il faut parfois plisser les yeux pour déceler la forme d’un ours ; on discerne mal le dessin, griffé, gratté, comme de la patte même de l’animal. D’ailleurs, un novice serait par moments bien en peine de distinguer les marques de l’homme de celles d’un ours qui, lui aussi, a laissé dans les grottes certaines traces de son passage : des « griffades » ou, dans les passages étroits, des parois polies (car il devaient se frotter aux murs pour passer). S’appropriant le geste d’une griffe, l’homme dessine, grave la toison par hachures, évoque la présence animale.

© Louise Mézel

Dans la grotte, l’homme et l’ours s’évitent, mais exercent sans doute l’un sur l’autre une étrange fascination. En tout cas, l’un des deux s’interroge : quel est donc cet autre qui marche comme moi sur ses paumes et se dresse comme je le fais sur ses deux pattes arrières ? Quel est donc cet autre qui me ressemble tant ? Et pourquoi m’est-il si étranger ?

L’ours, solitaire, loin d’être un prédateur, aurait tout eu pour devenir, du fond de sa caverne, le colocataire idéal de l’homme… D’ailleurs, plus loin dans l’exposition, je prends en photo : deux « ours assis », tellement je les trouve « limite mignons ». Ils ressemblent à des jouets ; leur représentation est en tout cas relativement éloignée de la vision naturaliste. Plus on avance dans l’exposition, plus les traits de l’ours nous apparaissent sous la rondeur, la douceur presque, une patte lourde tendue vers un poisson. Arrivé à ce point, on serait tenté de croire que c’est le rôle de « confident intime »  que l’homme du Paléolithique, un peu éloigné dans la grotte, aurait tenté de nous transmettre à travers les millénaires.

Teddy Bear et Winnie the Pooh sont présentés à la fin du parcours : une intention non déguisée des commissaires de l’exposition pour nous engager à repenser l’ours, dans notre rapport à la vie sauvage et à l’imaginaire.

En savoir plus sur l'auteur :

Louise Mezel

http://www.louisemezel.fr/

Exposition : « L’ours dans l’art préhistorique »

16 octobre 2016 au 30 janvier 2017

Musée d’Archéologie Nationale - Domaine national de Saint-Germain-en-Laye

Château de Saint-Germain-en-Laye

Place Charles de Gaulle

78105 Saint-Germain-en-Laye

Commissaires: Catherine Schwab, conservateur en chef du patrimoine, Musée d’Archéologie nationale, Collections du Paléolithique, UMR 7041 ArScAn « Archéologie et Sciences de l’Antiquité », et Elena Man-Estier, conservateur du patrimoine, Service régional d’Archéologie de Bretagne, UMR 6566 CReAAH « Centre de recherche en Archéologie, Archéosciences, Histoire ».

L'ours dans l'art préhistorique - Exposition - Hominidés

L'ours dans l'art préhistorique, une exposition du 16 octobre 2016 au 30 janvier 2017 au Musée d'Archéologie Nationale - Domaine national de Saint-Germain-en-Laye. L'ours dans l'art parietal, l'art

http://www.hominides.com/html/exposition/ours-dans-l-art-prehistorique-1075.php

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Voir aussi : « Espèces d'Ours » au Muséum d'Histoire naturelle

12 octobre 2016 au19 juin 2017