Gay Pride : l’histoire en marches

Publié le 27 août 2016 par Frédéric Joli

A New York, le 31 août 1970, après la première marche organisée par le Gay Liberation Front.

NEWS NEWS NEWS La Gay Pride, la marche des fiertés homosexuelles, défilera cette année pour dénoncer l’homophobie et défendre les droits des transsexuels. Retour sur l’histoire d’une manifestation née sous les coups de matraques en 1969, à New York, alors que les homosexuels étaient considérés comme des malades mentaux et qu’il était interdit de leur servir de l’alcool dans les bars

Les émeutes de Stonewall, New York, 1969

Le 28 juin 1969, huit policiers font une descente dans un bar homosexuel de Greenwich Village à New York, le Stonewall Inn. Ils arrêtent plusieurs d’entre eux – à l’époque il est interdit de leur servir de l’alcool, l’homosexualité est considérée comme une maladie mentale. Beaucoup affrontent les policiers, rejoints par les clients des bars proches. C’est l’émeute. Elle dure 5 jours.

Un an plus tard, pour commémorer l’événement, le Gay Liberation Front, regroupant les deux sexes, organise des marches à New York, San Francisco et Los Angeles. Leur slogans : « Gay pride »( fierté d’être homosexuel(l)e) et « Come out » (Montrez-vous). Depuis, chaque fin juin, pour défendre leurs droits, les homosexuels organisent des « marches de la fierté » ou « gay pride » dans la plupart des pays. En France, ils participent pour la première fois au défilé du 1er mai 1971, malgré la CGT qui dénonce une « tradition étrangère à la classe ouvrière ». La première gay pride indépendante se déroulera à Paris le 25 juin 1977.

La première grande Gay Pride de Paris, avril 1981

Patrick Aventurier – GAMMA-RAPHO

En France, le 4 avril 1981, à l’appel du ­Comité d’urgence antirépression homosexuelle (CUARH), la Gay Pride parisienne rassemble environ 10 000 personnes entre la place Maubert et le Centre Pompidou, à Paris. Les organisateurs veulent faire pression sur les hommes politiques avant l’élection présidentielle. Le socialiste Jack Lang, les écrivains Jean-Paul Aron et Yves Navarre, le patron du club ­ Le Palace, Fabrice Emaer, défilent. Un gala suit, avec Juliette Gréco, dans une salle de la ­ Mutualité bondée. C’est un électrochoc pour la société française.

Le 28 avril, le candidat François Mitterrand prend position : « Nous n’avons pas à nous mêler de juger les mœurs des autres. » Après la présidentielle, son gouvernement interdit le fichage des homosexuels et leur accorde la majorité sexuelle à 15 ans, comme pour les hétérosexuels. L’homosexualité est retirée de la liste des maladies mentales.

La mobilisation pour le mariage gay, juin 2012

SOMER/NEWS PICTURES

Le 30 juin 2012, à l’appel de l’Inter-LGBT (lesbiennes, gay, bi et trans), une Marche des fiertés rassemblant 500 000 personnes selon les organisateurs, 60 000 selon la police, bat le pavé parisien. Elle entend rappeler à François ­Hollande, élu le 6 mai 2012, ses promesses de campagne sur la légalisation du mariage homosexuel.

Signe des temps, la ministre de la famille, Dominique ­Bertinotti, défile en tête, aux côtés du maire de ­Paris, Bertrand Delanoë, et de l’acteur Charles Berling, derrière la banderole« L’égalité n’attend plus ».

Quelque 80 associations sont présentes : le Gai Moto Club, les Gais Retraités, ­Embrayage ­ (les personnels LGBT de PSA Peugeot Citroën), David et Jonathan (les homosexuels chrétiens) ou Gay Lib­ ­ (associé à l’UMP). Le texte sur l’ouverture du mariage aux couples gay sera promulgué le 17 mai 2013.

Pays de l’est, juin 2016 : dénoncer l’homophobie

Amsterdam, 8 avril 2013 : les gays manifestent le jour de la visite officielle du président russe, Vladimir Poutine. Cristaola Olivares/REUTER

Depuis 1990, en Lettonie, en Pologne, en Roumanie, en Serbie et en Ukraine, les marches homosexuelles se heurtent régulièrement à des contre-manifestations nationalistes, religieuses ou d’extrême droite. En Russie, depuis la Moskva Pride de juin 2006, toutes les Gay Pride ont été interdites. En 2013, le gouvernement de Vladimir Poutine a même promulgué une loi punissant d’amende ou de prison toute « propagande homosexuelle » devant des mineurs.

Le 30 mai 2015, à Moscou, les homosexuels qui manifestaient ont été arrêtés par la police et agressés par des extrémistes orthodoxes. A Saint-Pétersbourg, la marche du 2 août 2015 a été interdite. Selon un rapport publié en décembre 2014 par l’ONG ­Human Rights Watch, les actes homophobes se multiplient en Russie et sont ­ « tolérés » par les autorités, qui ne poursuivent pas les agresseurs.

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