Au Yémen, la faim tue tous les jours

Publié le 20 décembre 2016 par Cmasson

Hafida a 10 mois et pèse à peine 4,8kg. Dans les bras de sa mère, elle regarde avec de grands yeux le médecin qui s’apprête à l’ausculter. « A cet âge, elle devrait peser 7kg », explique Ali Ibrahim Abdullah, infirmier pour Action contre la Faim. « En plus d’être malnutrie, elle souffre également d’une otite et d’une infection des poumons. Son cas n’est pas rare, je vois de plus en plus d’enfants arriver avec des complications ». Sur les 30 consultations effectuées aujourd’hui, 12 cas nécessitent une prise en charge et vont être suivis par Action contre la Faim, un chiffre en nette augmentation par rapport à 2014.

« Lors de notre dernière consultation, 40% des enfants reçus en consultation dans notre clinique mobile ont été pris en charge. Souffrant de malnutrition aigüe sévère, ils présentent souvent des complications : malaria, pneumonie, et sont extrêmement affaiblies. Le traitement de la malnutrition doit être une absolue priorité sans quoi de nombreux enfants vont mourir », se désole Erin Hutchinson, Directeur Pays d’Action contre la Faim au Yémen. Suite à la consultation, l’organisation réfère les cas les plus urgents vers le centre de stabilisation le plus proche ou mère et enfant sont pris en charge jusqu’à ce que l’état de l’enfant s’améliore. Le traitement se poursuit ensuite en soins ambulatoires en attendant le rétablissement complet.

Selon les dernières estimations*, 462 000 enfants souffrent de malnutrition aigüe sévère au Yémen sur 4,5 millions de personnes requérant une assistance nutritionnelle, soit 1/5 de la population.

Lever les restrictions sur le commerce et faciliter l’accès à l’aide humanitaire

Le centre de stabilisation d’Hayis, soutenu par Action contre la Faim et ECHO** ne désemplit pas et douze des quatorze lits sont occupés. Bra et sa mère Saloua ont fui les combats qui font rage à Taïz depuis plusieurs mois. La fillette de 9 mois ne pèse que 4kg, le poids d’un nouveau-né. « C’était très difficile de trouver de la nourriture et lorsqu’il y en avait nous ne pouvions que rarement nous l’offrir alors nous sommes venus ici mais nous avons besoin d’aide », murmure Saloua.

L’accès aux produits de première nécessité comme la nourriture, mais aussi les médicaments, est rendu complexe et limité en raison de l’embargo et des restrictions imposés au pays.

« A Al Hali, un bidonville dans les faubourgs d’Hodeidah, de nombreuses familles dépendent de la générosité du boulanger local qui distribue du pain tous les mains. Mais combien de temps cette situation peut-elle continuer ? », s’interroge Erin Hutchinson.

Action contre la Faim vient de publier un bilan des 20 mois de conflit au Yémen est leur impact sur la situation nutritionnelle du pays.

Crise au Yemen : il faut agir

Contacts presse : 
Sur place : Florian Seriex : 00964 751 012 6492 fseriex@actioncontrelafaim.org / @flosrx
A Paris : Julia Belusa : 01 43 35 82 22 / jbelusa@actioncontrelafaim.org / @JuliaBelusa

Photographie : © Florian Seriex / ACF

* Humanitarian Needs Overview : http://ochayemen.org/hno-2017/#homepage

** ECHO est le service d'aide humanitaire et de protection civile de la Commission européenne