Graves (Saison 1, 10 épisodes) : Président déçu

Publié le 08 janvier 2017 par Delromainzika @cabreakingnews


Avec Nick Nolte et Sela Ward dans son écurie, Graves se devait de fonctionner. Malheureusement, au travers de ces dix premiers épisodes, rien de bien transcendant. La série oublie un peu d’être percutante et se contente alors de la légèreté politique. Sortie en pleine année de l’élection de Donald Trump à la tête du pays, Graves avait une vraie carte à jouer mais la série reste trop terre à terre et ne sort pas suffisamment du lot. Cela reste suffisamment correct par moment mais cette satire politique (si l’on peut parler de satire car ce n’est pas spécialement brillant) manque de caractère. On a alors rapidement l’impression que Graves tente de sortir d’un chapeau qui a perdu sa magie. C’est intéressant de voir un tel casting et surtout des caméos comme ceux de Jake Tapper, Rudy Giuliani ou même Bill Richardson, mais ce n’est pas suffisant pour faire de Graves une bonne série. EPIX a voulu se lancer dans les créations originales et c’est tout à son honneur. Même lors de l’annonce du projet avec le pitch j’étais chaude patate à l’idée de découvrir ce que Nick Nolte pouvait faire dans le rôle du Président le plus détesté de toute l’Histoire des Etats-Unis. C’est presque ce qui pourrait se passer avec Donald Trump si ce dernier ne redresse pas le pays et ne pense qu’à sa petite personne (et à celle de ses amis).

Mais au delà de ce prisme que Graves tente d’exploiter à sa façon, nous avons aussi Sela Ward, qui incarne un peu la Hilary Clinton de l’histoire, cette femme qui veut faire oublier son mari et tente de se faire une place dans la politique du pays. Si la confrontation de ces deux personnages (et personnalités) fait quelques étincelles, rien ne brille vraiment. Le problème c’est que les dialogues sont bien trop fades pour que Graves soit à la hauteur d’une bonne satire et que le tout est parfois un peu trop mou du genou pour que l’on puisse être face à un drame politique qui vaut le coup d’oeil. Il y a tellement mieux en face (House of Cards, Madam Secretary, Designated Survivor) que la politique est loin d’être en manque de bons exemples à la télévision américaine. Graves arrive alors un peu comme un cheveu sur la soupe, comme un rejeton dont personne n’a voulu avec un casting qui a souvent du mal à donner corps à cet ensemble. Cela reste honorable la plupart du temps et pourtant cela ne colle pas totalement avec l’idée que j’avais en tête dès le départ. Il y a bien des répliques qui font mouche comme quand Graves sort « I’m like some old relis in storage ». Je trouve que c’est assez efficace car en grande partie cela permet de créer une vraie notion d’auto-dérision mais ce n’est pas suffisant pour faire de Graves une bonne comédie politique.

Cela me rappelle un peu sur certains points Alpha House (Amazon) qui n’avait pas totalement réussi le coche non plus malgré un bon pilote. A la longue c’était devenu fainéant et peu surprenant. C’est un peu ce qui se passe avec Graves. Il n’y a pas une volonté de créer de vraies surprises et cela pâti sur tout le reste. Joshua Michael Stern (Jobs), le créateur de la série, n’a probablement pas appris des erreurs qu’il avait déjà commises dans Swing Vote (et pourtant c’était assez sympathique comme film). La série cherche à s’animer dans les deux premiers épisodes et à présenter son univers, mais la suite est complètement différente. La série a aussi du mal à vivre avec son temps. Même si l’enrobage est très proche de ce qui se passe dans le monde politique actuel, le fond donne l’impression de voir une bonne vieille comédie politique du début des années 2000. Cela manque d’implications du XXIe siècle alors qu’il y avait largement de quoi faire. La fainéantise narrative est un vrai problème dans une série comme celle-ci et cela se ressent terriblement. Je ne sais pas si j’ai vraiment envie d’aller beaucoup plus loin si jamais EPIX décidait de renouveler Graves pour une saison 2. Je cherchais peut-être trop autre chose que ce que l’on a pu voir en dix épisodes ici, créant ainsi une vraie déception. Nick Nolte mérite mieux, Sela Ward aussi.

Note : 4.5/10. En bref, une satire politique qui n’arrive jamais à la hauteur de la satire.