MICROBIOTE: Et si l'appendice était son réservoir de secours ? – Comptes Rendus Palevol

Publié le 12 janvier 2017 par Santelog @santelog


Une nouvelle recherche de l’Université Midwestern suggère que l’appendice, un organe longtemps considéré comme sans importance, pourrait en fait avoir une fonction clé. A travers une reconstitution de l’évolution de l’organe chez pas moins de 500 espèces de mammifères, ces scientifiques concluent que l’appendice peut jouer un rôle important en tant qu’organe immunitaire secondaire : il pourrait servir de réservoir de sécurité de bactéries intestinales utiles et bénéfiques. Des conclusions à lire dans les très spécialisés Comptes Rendus Palevol.

L’appendice humain, une poche étroite qui dépasse du cæcum dans le système digestif, est surtout connu pour sa tendance à l’inflammation (appendicite), entraînant souvent l’ablation chirurgicale. Bien que largement considéré comme un organe  » vestigial  » exempt de fonction cruciale, selon de récentes recherches récentes, l’appendice pourrait servir un but important. En particulier, il peut servir de réservoir pour les bactéries intestinales bénéfiques. Plusieurs autres espèces de mammifères ont également un appendice et comprendre comment cet organe a évolué et fonctionne dans ces espèces peut permettre de comprendre son rôle chez les humains.

L’équipe de recherche internationale du Dr Heather F. Smith, auteur principal et professeur agrégé à l’Université du Midwest (Arizona) a recueilli des données sur la présence ou l’absence d’appendice et d’autres caractéristiques gastro-intestinales chez 533 espèces de mammifères. Les chercheurs ont cartographié les données pour suivre comment l’appendice avait évolué au fil de l’évolution des mammifères. L’objectif étant de déterminer pourquoi certaines espèces ont un appendice alors que d’autres n’en n’ont pas. L’équipe constate que l’organe a évolué indépendamment dans plusieurs lignées de mammifères, avec 30 évolutions distinctes et que l’organe n’a presque jamais disparu d’une lignée lorsqu’au départ, il était présent.

Appendice et microbiote : ces constatations suggèrent que l’appendice est capable d’adaptation. Cependant, lorsque les scientifiques prennent en compte les facteurs environnementaux tels que le régime alimentaire, le climat, la nature sociale de l’espèce et son lieu de vie, ils ne peuvent que rejeter les hypothèses précédentes liant l’appendice à ces facteurs. A contrario, ils constatent que les espèces avec appendice ont des concentrations moyennes plus élevées de tissu lymphoïde dans le caecum, ce qui suggère que l’appendice peut jouer un rôle important d’organe immunitaire secondaire. Car les tissus lymphatiques stimulent la croissance de certains types de bactéries intestinales bénéfiques. L’appendice serait ainsi une sorte de réservoir à bactéries intestinales bénéfiques.

Cœur et appendice : la recherche associe également certaines  » formes  » du caecum (conique ou en forme de spirale) à la présence ou l’existence d’un appendice. Cela suggère que le développement de l’organe ferait partie d’un ensemble plus important, ou complexe  » cecoappendiculaire  » incluant à la fois l’appendice et le caecum.

Bref, ce n’est que le début des recherches sur un organe qui semble finalement loin d’être vestigial.

Source: Comptes Rendus Palevol General Palaeontology, Systematics and Evolution (Evolution) January–February 2017 DOI: 10.1016/j.crpv.2016.06.001Morphological evolution of the mammalian cecum and cecal appendix (Visuel@Brent Adrian, chercheur principal, Université du Midwest)