Un attrape – soleil de Daniel Buren à la Fondation Clément

Publié le 16 janvier 2017 par Aicasc @aica_sc

En mai 2015, Daniel Buren était à la Havane pour la réalisation d’une œuvre in situ dans l’ancienne gare de Casablanca. Aujourd’hui, il est à la Martinique pour l’implantation d’un de ses travaux situés, un attrape- soleil aux quatre couleurs, dans le parc des sculptures de la Fondation Clément. Le jardin des sculptures imaginé il y a environ quatre ans, intégré au cœur d’un domaine de seize hectares, classé jardin remarquable, accueille une douzaine d’œuvres d’artistes internationaux, Bernar Venet, Jeppe Hein, Miguel Chevalier et d’artistes de Martinique, Christian Bertin, Luz Severino.

Reflets dans l’attrape – soleil

On connaît bien Daniel Buren pour son œuvre cohérente, inventive, surprenante, patiente.

On connaît bien Daniel Buren  pour ses coups d’éclat, expositions ou commandes publiques,  qui sont des coups de maître.

Le pavillon coupé, découpé, taillé, gravé (1986) de  la Biennale de Venise qui a remporté le Lion d’or

Les Deux Plateaux (1986) et la polémique que cela a entraînée

Peinture-Sculpture (1971) au Guggenheim Museum

Within and beyond the frame ( 1973) à Londres

Points de vue ou le corridorscope( 1983) au Musée d’art moderne de la ville de Paris

Buren
CAPC de Bordeaux
Arguments Topiques

Arguments topiques (1991) CAPC de Bordeaux

Rayonnant (20006 2002) à Sérignan en France

L’œil du cyclone au Guggenheim  museum ( 2005)

Monumenta ( 2012)

L’observatoire de la lumière (2016) Fondation Vuitton

Buren
Fondation Vuitton

Et pour commencer, on connaît bien Daniel Buren  pour son geste radical et inaugural au sein du groupe BMPT. En 1967, quatre jeunes plasticiens invitaient le public au Musée des arts décoratifs. Ce dernier se retrouvait face à quatre toiles, l‘une blanche et marquée au centre d’un cercle noir, la seconde rayée verticalement de bandes de 8,7 cm, la troisième marquée d’une série d’empreintes de pinceaux, la dernière emplie de bandes horizontales. C’était le lancement du groupe BMPT -pour Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier, Niele Toroni- .  Leur manifeste Nous ne sommes pas peintres précisait  leur ambition, atteindre le degré zéro de la peinture.

Manifeste de BMPT

En cette décennie soixante, c’est la fin de l’art moderne et l’avènement de l’art contemporain avec le déclin de la peinture et l’apparition de toutes ses nouvelles formes d’art : ready made, installation, performance, conceptuel mais aussi ses  caractéristiques si déstabilisantes pour le grand public : diversification des matériaux, dilution des frontières entre les genres artistiques, dématérialisation, hybridation, éphémérisation, allographisation, expérience des limites, hypertrophie du discours.

Daniel Buren pendant l’installation

Daniel Buren est, aujourd’hui et depuis de nombreuses années,  l’un des artistes les plus actifs et les plus reconnus de la scène internationale.  Ses œuvres sont présentes dans les plus grandes institutions et les sites les plus divers du monde. On peut tenter d’appréhender son œuvre complexe à travers quelques notions ou définitions même si elles sont impuissantes à en traduire toutes les subtilités : outil visuel, in situ, travaux situés, lumière, couleur.

On reconnait ses œuvres entre mille à leurs bandes alternées  de 8,7 centimètre, son outil visuel, auquel il est resté fidèle depuis 1966.

Travaux en cours

A l’aide de cet élément immuable, cet outil visuel, Buren révèle les spécificités d’un lieu et invite le spectateur à découvrir l’environnement  d’un regard neuf. Ce module invariable  réinterprète l’espace dans lequel il s’insère. La particularité de Daniel Buren, c’est le travail in situ. L’œuvre est créée pour le lieu d’exposition. Elle naît de l’espace dans lequel elle s’insère et dépend de cet espace comme le lieu fait partie intégrante de l’œuvre.   Je travaille sur l’espace   dit Buren qui n’a pas besoin d’atelier et qui va jusqu’à intégrer  l’espace environnant du Centre Pompidou, ses cafés et jardins, lors de son exposition au Centre Pompidou, Le Musée qui n’existait pas (2002)

TRavaux en cours

Mais Daniel Buren aussi travaille sur la lumière, la couleur, la transparence avec du verre, du plexiglas, du papier vitrail. La lumière est l’un des matériaux plastiques de Buren. Si l’œuvre dépend du lieu d’intégration, elle se transforme aussi sous l’effet du climat, du soleil, des nuages qu’elle soit dans un espace fermé ou un espace extérieur.

La couleur, au départ limitée aux coloris des tissus disponibles sur le marché a pris de plus en plus d’importance dans l’œuvre de Buren et le spectre coloré s’est considérablement élargi dès que l’artiste a pu faire fabriquer des matériaux, tissus ou papiers. Son agencement dans les dispositifs ne dépend pas du choix du plasticien mais naît du hasard et de l’aléatoire : ordre alphabétique comme c’est le cas pour Monumenta, tirage au sort, ordre des couleurs de l’arc en ciel.

Je n’utilise pas la couleur pour des effets esthétiques voulus, je ne l‘utilise pas non plus pour provoquer la joie, la folie ou le calme. En fait, je n’utilise jamais la couleur avec une fonction

En attente de pose

Parallèlement aux travaux in situ, c’est-à-dire conçus pour un lieu précis et en fonction de celui-ci, Buren réalise ce qu’il désigne par le terme travaux situés. Ce sont des créations qui, comme les cabanes éclatées  ou les attrape- soleil aux quatre couleurs, peuvent être exposés dans différents endroits. La surface transparente recouverte de papiers vitrail joue avec la lumière, le soleil, les nuages et  inonde l’espace de taches de lumière colorée.  L’attrape couleur intègre quatre couleurs et est orientée en direction du sud pour capter le maximum de rayons solaires. Les alentours sont alors inondés de halos colorés

J’essaie toujours de construire des dispositifs à la fois cohérents et précis mais qui laissent aux visiteurs le maximum de liberté quant à l’usage qu’il en fait.

Reflets colorés en cours d’nstallation

Le parc de sculpture de la Fondation Clément  s’embellit donc d’une nouvelle œuvre, un attrape – soleil de Daniel Buren. Daniel Buren a fait le déplacement en compagnie de son galeriste Kamel Mennour, pour choisir l’emplacement et superviser la pose.  Ce n’est pas son premier voyage. Installé à Sainte – Croix pour plusieurs mois au début de sa carrière, il avait déjà visité l’île. L’installation sera achevée d’ici demain et vous pourrez venir guetter les reflets colorés dans les pièces d’eau  du parc.

Dominique Brebion

Attrape soleil aux quatre couleurs

Installation in situ de Daniel Buren à la Biennale de La Havane

In situ de Daniel Buren à Casa Blanca Photo D. Brebion Installation in situ de Daniel Buren à la Gare de Casablanca Photo DB In situ de Daniel Buren à Casa BlancaPhoto D Brebion In situ de Daniel Buren à Casa Blanca Photo D Brebion In situ de Daniel Buren à Casa Blancaphoto D Brebion In situ de Daniel Buren à Casa Blanca ( photo D.Brebion) Installation in situ Gazlerie Continua.Photo D. Brebion Dans les rues de La Havane . Biennale de Cuba 2015 In situ de Daniel Buren à Casa Blanca Photo D Brebion