Les ombres et la plaie, Isabelle Rossignol

Publié le 24 juin 2008 par Antigone

Deux courtes nouvelles dans ce recueil...
Aidez-moi ou je pars ! Un couple sans enfants se déchire. L'épouse est dentiste et le mari simple ouvrier. L'une veut que son conjoint passe des examens pour chercher une éventuelle stérilité ; l'autre se sent diminué par l'argent que gagne sa femme. Un matin, Martine part sans un mot. Rémy finit par prendre l'avion pour un autre pays, au hasard, où il rencontrera d'autres vies, en rupture elles aussi.
Les ombres et la plaie. Une histoire en forme de conte... Maguelone souffre d'une plaie au pied depuis le jour de ses 13 ans. Sa mère et sa tante l'ont depuis ce jour-là enfermée à clé dans une chambre. Un soir, alors que les années ont passées, Maguelone réussit à s'enfuir grâce à de mystérieux escarpins vernis et découvre le plaisir auprès d'un étrange homme masqué. Derrière tous ces évènements se cache une malédiction que Maguelone aura à coeur de ne pas perpétrer.

Mon avis...
Voici une lecture enthousiasmante et originale qui cache bien son jeu. Les deux nouvelles de ce recueil n'ont pas énormément de points communs, mis à part comme le souligne la quatrième de couverture le "thème de la chute et de la guérison après la chute". Je ne connais pas les autres écrits d'Isabelle Rossignol mais il est intéressant de suivre une telle écriture qui semble toujours être au bord de tomber dans la facilité, mais qui n'y tombe jamais, qui nous surprend, et qui nous entraîne dans des univers dépaysants et surnaturels, presque sans y toucher. Un petit livre, à la lecture rapide, qui recèle de belles surprises !!

Un extrait de Aidez moi ou je pars !...
"Ce qu'il remarque en premier, c'est que ses beaux-parents possèdent les clés de la maison. Martine n'avait jamais dit à Rémy que ses parents pouvaient entrer chez eux comme et quand ils voulaient. Un instant, il en éprouve un sentiment de trahison. Un instant seulement : ce n'est pas la première fois qu'il prend conscience que cette maison ne lui appartient pas.
Montre en main, ses beaux-parents restent quatorze minutes à l'intérieur et neuf minutes dans le jardin. En fin limier qu'il a tout l'air de devenir, Rémy se doute que c'est lui qu'ils cherchent. Martine a dû les envoyer en reconnaissance, afin de revenir peut-être, ou bien pour voir si Rémy n'avait pas fait de dégâts dans la jolie demeure... L'idée lui vient en effet : pourquoi ne s'amuserait-il pas à saccager ces meubles et objets qui ont vu son couple décliner, qui ont en eux la mémoire de ses attentes de plus en plus longues ? De nouveau, la table en formica rouge de ses parents lui revient en mémoire, et c'est parce qu'il connaît la valeur des choses qu'il renonce d'emblée à ce petit jeu.
Lorsque la voiture démarre, Rémy se cache davantage : une précaution aussi inutile que la tristresse qui l'étreint par moments, car les beaux-parents, dans la raideur qui caractérise tant leur âge que leur condition, regardent droit devant eux. Rémy est tenté de leur faire le bras d'honneur qu'il ferait volontiers à Martine. Et puis il laisse tomber cela aussi.
Une fois entré, il ne regarde rien autour de lui. "Objectif chambre et valises" se dit-il. Trois tee-shirts, le nécessaire de toilettes, pantalons et slips, sa carte bleue. "Ecrire un mot" se dit-il encore. "Ne pas faire comme elle".

Note de lecture : 3/5

Le site de l'éditeur : L'idée bleue

Pour en savoir plus sur l'auteur