Ironman Nice... Finisher

Publié le 24 juin 2008 par Pascal Boutreau

Et voilà. De retour de l'Ironman de Nice. La première chose à retenir de cette expérience est avant tout l’aventure collective vécue au sein du Meudon Triathlon. Il y a six mois nous étions 27 à nous engager dans cette préparation. Après un retrait dû à une blessure, nous nous sommes donc présentés à 26 sur la plage, dimanche matin. Et 16 heures plus tard, nous étions 26 sur la ligne d’arrivée, la médaille de Finisher autour du cou (et pour certains une perfusion sur le bras…). 26 sur 26 ! Incroyable et surtout génial. Cette réussite collective, fruit d’un état d’esprit unique, représente aujourd’hui à mes yeux bien plus que ma propre satisfaction personnelle. Quel plaisir de voir tout le monde rejoindre la ligne d’arrivée. Quel plaisir d’apercevoir Agnès ou Thibaut, a priori les deux plus justes au départ, terminer leur vélo dans les délais et s’engager pour le marathon. Quel plaisir de voir Agnès la médaille autour du cou, ses deux filles à ses côtés toutes fières de leur maman qui, il y a quelques mois encore n’avait jamais disputé le moindre triathlon. Quel plaisir d’apercevoir Klyde réaliser une course de haute facture qui, quelque part, récompense son immense gentillesse. Quel plaisir d’entendre les encouragements de Marielle, Isabelle et Odile, nos supportrices. Quel plaisir d’entendre le speaker encourager Fifi pour ses derniers mètres, 1966e et dernier des 2500 concurrents au départ à rentrer sous la fatidique limite des 16 heures. Quel plaisir de croiser autant de Meudonnais sur le parcours et de pouvoir tous nous encourager. Quel plaisir d’avoir passer ces quelques jours dans une telle ambiance de convivialité. Merci à tous. Ce succès d’équipe est la preuve que le triathlon peut aussi être un sport collectif.

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Une longue... très très longue journée

3 h00 (H moins 3h30). Les réveils ont sonné mettant fin à une nuit très courte. Nous y sommes à ce D-Day tant attendu. Pas de stress… Ce n’est pas dans ma nature. En revanche une grande impatience. Le temps d’ingurgiter le fameux gatosport et direction Nice. Entrée dans le parc à vélos où nos engins ont été déposés la veille. Un coup de pompe pour regonfler tout ça, on enfile la combi, on discute avec son voisin de parc et direction la plage du Centenaire.

6h30 (heure H). 2500 pingouins sur la plage pendant que la sono crache un trop plein de décibels. Même s’il faut faire monter la sauce, dommage que l’on soit privé du moment que j’apprécie tout particulièrement, celui où tous les triathlètes s’applaudissent une dernière fois pour se donner du courage et se souhaiter une bonne course. Lever les bras pour taper dans les mains sur fond de David Guetta, c’est quand même bien moins "solennel" et intense que d’entendre monter les applaudissements dans le silence et le quasi "recueillement". Tant pis.

Et c’est donc parti pour une agréable partie de lessiveuse. 2500 gugusses sur quelques mètres, forcément, la boucherie annoncée est au rendez-vous. Inutile d’essayer de viser les bouées, pour l’instant, la survie est la seule préoccupation. Comme je l’espérais, je vais réussir à prendre des pieds… le problème c’est que c’est surtout dans la tronche que je les prends. Demi-tour à la bouée des 1200m. Avec cette fois le soleil levant dans les yeux, le spectacle est magnifique. On se croirait dans un film. A chaque respiration, on parvient juste à distinguer un océan de bonnets et des bras sortir de l’eau, le tout avec les montagnes de l’arrière pays niçois en fond d’écran. En revanche, toujours pas moyen de voir les bouées. Alors on fait confiance à ceux de devant pour tracer le bon cap. Sortie de l’eau après 2400m, un petit coup d’œil sur le chrono pour voir que je suis dans les temps pour un 1h10’. Les sensations sont bonnes et je suis suffisamment concentré pour penser à ma technique. Dernier virage. Comme d’habitude en natation, le temps est passé vite. 1h06’ à la sortie de l’eau. Je sors même au moins 5 mètres devant Jalabert… Je ne suis plus prêt de le revoir.

7h45 (H + 1h15). Après une transition comme le plus souvent pathétique (près de 10’ pour me changer), en route pour 180 bornes de vélo. Et ça je n’aime pas du tout. Mais alors pas du tout du tout. Allez courage, c’est juste un mauvais moment à passer. Il durera finalement 6 h 45’. Une montée du Col de l’Ecre interminable (21km de grimpette), la chaleur qui tape fort sous le casque, beurk beurk beurk. Et encore heureux, le stage d’avril nous avait permis de repérer le parcours. Excepté quelques descentes où je me suis régalé, cette partie cycliste reste quand même une purge. Surtout quand ça grimpe. Si je veux faire Embrun un jour, il va falloir que je m’y mette vraiment sérieusement et que j’adapte mon entraînement.

14h30 (H+8 heures), le vélo est enfin de retour dans le parc. Nouvelle transition toute pourrie et place au marathon, quatre boucles de dix kilomètres sur la Promenade des Anglais. Le thermomètre affiche 33° à l’ombre… Petit problème, il n’y a pas d’ombre. C’est donc sous au moins 40° que l’on attaque cette balade. Pas besoin de se souvenir qu’il faut partir prudemment. C’est une évidence sous peine d’explosion précoce. Je comprends très vite que les 4h15 espérées seront inaccessibles. Peu importe. Pour l’instant, le seul but est de continuer à trottiner entre chaque ravitaillement (tous les 1,7km). Alala les ravitaillements et leurs grandes oriflammes pour les signaler au loin, comme les phares guident les marins ! Boire. Boire encore et encore. Et surtout faire baisser la température du corps. Eponges sur la nuque, sur les cuisses, partout où ça peut faire du bien. Quel pied de se faire asperger de la tête aux pieds par un tuyau d’arrosage. Quelques instants de fraîcheur au cœur de cette fournaise. Premier tour bouclé. Plus que trois… Premier coup de barre. Voir autant de monde en train de marcher renforce forcément la tentation de les imiter. C’est là que le mental prend le relais. Pas question. Le marché est clair : fixer au loin les points de ravitaillement et " courir " (enfin un truc censé y ressembler) pour les atteindre. Profiter des pauses buvette-douche pour marcher un peu puis repartir. Jusqu’au prochain. Ce deal sera à peu près respecté jusqu’au terme de ces 42,195km, avec évidemment une alternance de " bons " moments où on a l’impression de " voler "… à 9 km/h… et d’autres plus compliqués à gérer où on se demande ce qu’on fout là. Dans ces instants, on comprend pourquoi la plupart des gens nous prennent pour des tarés. Parce que franchement, faut être malade pour se taper un marathon sous la canicule après voir déjà enquillé 180 bornes de vélo le matin… On se dit que c’est la dernière fois et que l’on ne nous y reprendra plus, que l’on va se mettre au golf et arrêter toutes ces conneries d’IM. Et puis ça passe. Sur le bord de la route, on guette les jolies demoiselles de retour de la plage pour se changer les idées et sortir d’une bulle intérieure qui a tendance à s’assombrir au fil des minutes. Mieux vaut projeter nos pensées vers la ligne d’arrivée. On se dit qu’on n’en a pas bavé à l’entraînement depuis sept mois pour renoncer, là, maintenant. On a depuis longtemps oublié qu’on avait un chrono au poignet. Plus de temps de passage à respecter. Juste finir. Juste en finir. L’idée de bientôt s’engouffrer sur la " finish line " en montrant fièrement les trois chouchous remis à la fin de chaque tour, témoins d’un marathon enfin achevé, nous fait avancer encore et encore. Cette médaille, on va l’avoir. Et ce sera forcément la plus belle du monde. Le dernier tour se passe plutôt bien. J’en profite à chaque ravitaillement pour remercier tous les nombreux bénévoles dont les encouragements et la bonne humeur ont aussi permis de repartir à chaque fois. Petit mot spécial pour les préposés au tuyau d’arrosage pour chacune des douches offertes, véritables moments d’extase (et le mot n’est pas trop fort). Petits mots aussi pour ceux que l’on double et pour qui la journée est encore loin d’être terminée. On profite des derniers encouragements d’anonymes spectateurs venus du monde entier dont on se sent pourtant si proches lorsqu’ils crient votre prénom inscrit sur votre dossard.

Le Négresco et donc la ligne d’arrivée qui se rapproche. Derniers hectomètres pour savourer, pour se souvenir du chemin qui nous a amenés jusqu’à cet instant. Un chemin parfois sinueux, parfois accidenté, mais aussi un chemin où de nombreuses personnes ont apporté leur petit pierre à la construction de ce projet Ironman. Certaines ont en même apporté une grosse par leur soutien sans faille. Pour beaucoup, cet Ironman fut aussi une histoire de famille avec des femmes et des enfants pas toujours ravis de voir papa aller s’entraîner mais qui peuvent aujourd’hui en être fiers. Je n’ai pas de famille mais j’ai des amies. Alors merci à vous mesdemoiselles Mél et Peg of course, Pauline, Amélie (créditée d’une belle perf’ au Triathlon de Paris dimanche… 14e féminine, chapeau mademoiselle), Cécile, Laetitia ma jumelle, Barbara, Elodie, Mélanie, Clarisse. Merci Alain et Corinne également. J’ai aussi des collègues. Merci à Sylvie ma chef qui m’a laissé une grande souplesse dans mon emploi du temps pour me permettre de m’entraîner ou de participer à des courses de préparation. Toujours côté professionnel, merci à mes collègues du groupe olympique (Bruno, Anouk, Ollivier, François..), à Renaud, Walter et Pierre-Marie aussi de l’AS Running L’Equipe, qui m’ont souvent témoigné de leur soutien. Et merci aussi aux lecteurs de ce blog pour leurs encouragements à travers les commentaires ou en direct (Laeti, Philippell, Papa Koala, Estelle (t’avais raison, faut viser le Negresco…même si parfois on a un peu l’impression qu’il recule le bougre), Braziou (chapeau pour ta course…), Mister Croco, Vivi, Pierre (merci de la petite pensée dans ton commentaire sur la ligne d'arrivée du Triathlon de Paris), Emilie, Pascal, Nico G (pas grave Nico, t’as eu raison de bâcher à partir du moment où il n’y plus que de la souffrance et plus de plaisir… je t’offre une revanche quand tu veux…enfin pas forcément sur IM… ou alors pas tout de suite…), Willy (le monde est petit.. vingt ans après le lycée à Châlons se retrouver au départ d’un IM à Nice, c’est étonnant… ), Xavier " dada ", les Thierry, Yann, Tribob, Romain, Le Tique, Nick, Alecbrac, Quasy, Oliv, Stéphane (tu as fait quoi au Japon ?), etc. Enfin, un merci immense à " coach Ben " pour m’avoir guidé dans cet entraînement et ainsi permis d’arriver en bonne condition le Jour-J.

Trois ans après Roth, me voici donc à nouveau finisher d’un Ironman avec un chrono de 9 h 06’38’’. Alors évidemment, j’avais annoncé un objectif autour des 12 h 30. Mais comment pourrais-je être déçu ? Ce serait indécent. Il y a six ou sept mois, j’affolais ma balance et mettais trente secondes à reprendre mon souffle après avoir grimpé deux étages à pied. Et me voilà à nouveau à l’arrivée. Plus que la course en elle-même, ce sont ces sept derniers mois qui me rendent le plus heureux. Sept mois à avoir réussi à tenir les bonnes résolutions diététiques (-16kg), à avoir réussi à m’extirper de la couette à l’aube pour aller rouler dans le froid ou sous la pluie, à avoir jonglé avec les emplois du temps, à avoir su écouter mon corps pour éviter toutes les blessures sérieuses, à n’avoir pratiquement pensé qu’Ironman au détriment de plein d’autres choses mais sans jamais être tenté de laissé tomber.

Tout ça pour une médaille… Mais quelle médaille !

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Pour la partie plus " technique " de ma course, contrairement à beaucoup de participants, aucun problème gastrique n’est venu perturber cet IM. Peut-être en raison de l’usage ultra raisonnable des gels et autres poudres (aux yeux) très à la mode et selon moi trop souvent considérées comme des " obligations " par nombre de triathlètes très friands de toutes les innovations en tout genre (mais bon suffit d’y croire). A 70% mon alimentation s’est résumée à de l’eau et des bananes. Sur la partie cycliste, un bidon de boisson isostar (surtout pour le goût), un seul gel squeezy, quelques barres de pâte d’amande et une barre isostar. Pour le marathon : que de l’eau en boisson, deux gels fournis aux ravitaillements et deux ou trois tuc pour le goût salé. Côté tenue, cuissard cycliste et maillot cycliste puis shorty et maillot de course à pied ultra léger et aéré (avec manches pour limiter les coups de soleil et donc les coups de chaud). Aucun pépin physique à noter et juste quelques légitimes courbatures dans les cuissots le lundi.

Un seul léger regret, ne pas avoir économisé trois ou quatre minutes aux transitions ce qui ne doit pas être très dur et ce qui m’aurait sans doute permis d’aller chercher les 13 heures. J’avais je pense de quoi gagner les cinq minutes supplémentaires sur le dernier tour où je ne me suis pas vraiment rentré dedans sachant que j’étais trop loin des 13 heures et que je m’en foutais de faire 13h5’ ou 13h10’. Mais bon, tout ça n’est pas très grave…

Temps natation : 1 h 06’56’’ (727e)

Temps transition 1 : 9’45’’

Temps vélo : 6’44’26’’ (1398e à la fin du vélo ; 671 places perdues)

Temps transition 2 : 9’19’’

Temps marathon : 4 h 59’11’’. Temps pour toutes les tranches de 5,250km : 31'33'' ; 34'30'' ; 35'43'' ; 39'49'' ; 39'49'' ; 40'39'' ; 37'45'' ; (1244e à la fin du marathon ; 154 places gagnées)

Temps final : 13 h 09’38’’ (1244e sur 2500 au départ et 1966 à l’arrivée)


Palmarès du Meudon Triathlon

1. (200) Cottereau Stéphane (Copsté), 10 h 36’19’’

2. (284) Hammond Neil (Le Gallois), 10 h 53’49’’

3. (329) Bried Laurent (Lolo), 11 h 02’31’’

4. (422) Vandenhove Willy, 11 h 18’02

5. (569) Le Gentil Laurent (Tic), 11 h 41’32’’

6. (668) Rondet Christian (Klyde), 11 h 52’22’’

7. (722) Renard Jean-Xavier (JX), 11 h 59’40’’

8. (732) Lavallard François, 12 h 02'05''

9. (968) Binet Grégoire (Chabal), 12 h 29’16’’

10. (969) Dubuc François (Zarma), 12 h 29’16’’

11. (970) Provost Pierre-Yves (Ben), 12 h 29’17’’

12. (971) Vial Eric, 12 h 29’17’’

13. (972) Ade Gregory (Kolua), 12 h 29’17’’

14. (1244) Boutreau Pascal (pgb51), 13 h 09’38’’

15. (1328) Lutz Pascal, 13 h 23’25’’

16. (1374) Aubry Gérald (Valentin), 13 h 31’51’’

17. (1375) Babonneau Pascal, 13 h 31’51’’

18. (1507) Bourgine Bertrand (Rascal), 13 h 53’16’’

19. (1668) Bisson Michel (GO), 14 h 25’55’’

20. (1709) Couturier Gaël, 14 h 35’04’’

21. (1848) Boucherit Mohammed (Momo), 15 h 14’46’’

22. (1862) Hammond Agnès, 15 h 17’52’’

23. (1880) Carlier Eric (ERC), 15 h 26’11’’

24. (1902) Brethemieux Olivier, 15 h 29’57’’

25. (1958) Marais Thibaut, 15 h 52’29’’

26. (1966) Mérel Philippe (Fifi), 15 h 58’38’’