A l'aide d'une toute nouvelle technologie de cytométrie en flux, les chercheurs ont pu identifier un type de bactérie E. coli présente spécifiquement chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn, capable de déclencher l'inflammation associée à la spondylarthrite. Les chercheurs ont analysé des échantillons fécaux de patients atteints de MICI pour identifier les bactéries spécifiques dans l'intestin pourvues d'anticorps appelés immunoglobuline-A (IgA) qui combattent l'infection. Des sondes fluorescentes ont été utilisées pour détecter les espèces bactériennes recouvertes d'IgA, c'est ainsi que les chercheurs ont découvert que les E. coli enrobées d'IgA étaient abondantes dans les échantillons de selles provenant de patients souffrant à la fois de la maladie de Crohn et de spondylarthrite. En travaillant ensuite sur ces échantillons de patients et sur des modèles de souris, les chercheurs ont pu lier ces bactéries à des cellules qui contribuent à déclencher l'inflammation, connue sous le nom de cellules Th17, chez les personnes atteintes de troubles auto-immunes.
Des niveaux plus élevés de cellules Th17 sont ainsi caractéristiques chez les patients atteints à la fois de la maladie de Crohn et de spondylarthrite. Une protéine appelée IL-23 déclenche l'activité des Th17. Or un médicament anti-IL-23 (ustekinumab) vient d'être approuvé par l'Agence américaine FDA pour la maladie de Crohn. Ces résultats vont donc aider les médecins à sélectionner la bonne thérapie, capable de cibler les symptômes des intestins comme des articulations.
De nouveaux outils de diagnostic vont également pouvoir être développés : car le séquençage de la flore intestinale qui fournit un inventaire des bactéries peut permettre de caractériser l'E. coli identifiée dans l'étude. " Nos résultats vont nous permettre de développer des outils de diagnostic pour qualifier les patients de Crohn ayant des symptômes de spondylarthrite ainsi que les patients à risque de symptômes articulaires " , explique l'auteur principal Dr Randy Longman, professeur de médecine au Weill Cornell Medicine.
Dans la thérapie des MICI, c'est donc un pas qui vient d'être franchi vers la médecine de précision : il est possible par analyse du microbiote intestinal de caractériser cliniquement et biologiquement un sous-type de MICI, puis de sélectionner le médicament le mieux adapté au patient .
Science Translational Medicine 08 Feb 2017 DOI: 10.1126/scitranslmed.aaf9655 IgA-coated E. coli enriched in Crohn's disease spondyloarthritis promote TH17-dependent inflammation