«Tout commence en mystique et finit en politique», disait Péguy. Au moins tiendrons-nous la citation pour une prophétie. Quand le mystique Macron passera vraiment à la politique, c’en sera fini!
Pourtant, qu’incarne-t-il d’autre que le cœur du réacteur? Il le revendique d’ailleurs, par ses manières affirmées de vouloir «façonner un capitalisme à l’image de nos ambitions». Quelles ambitions? Énarque, banquier d’affaires, conseiller de François Hollande, ministre de l’Économie, militant de l’ubérisation la plus sauvage et de la loi catastrophique qui porte son nom, Macron n’a rien du qualificatif «progressiste» dont il s’affuble en braillant, encore moins du vocable de «révolution», comme l’affirme le titre de son livre. Comment ne pas croire que le plan de com, si grossier, n’explosera pas bientôt en rase-mottes? Macron, c’est le relookage d’un quinquennat de hautes trahisons dont la justice de classe s’est déjà emparée pour l’histoire. Oui, un relookage en vue d’un prolongement politique inespéré pour tous les libéraux et leurs ultras. Qu’on ne se trompe pas. Beaucoup de nos puissants – à droite comme à gôche – ne l’ont pas choisi au hasard. Il est l’homme de main de l’ordre établi, son meilleur manche à air, pour parachever la conversion du pays au libéralisme total.
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 14 février 2017.]