[Critique série] LES DÉSASTREUSES AVENTURES DES ORPHELINS BAUDELAIRE – Saison 1

Par Onrembobine @OnRembobinefr

[Critique série] LES DÉSASTREUSES AVENTURES DES ORPHELINS BAUDELAIRE – Saison 1

Partager la publication "[Critique série] LES DÉSASTREUSES AVENTURES DES ORPHELINS BAUDELAIRE – Saison 1"

Titre original : Lemony Snicket’s A Series Of Unfortunate Events

Note:
Origine : États-Unis
Créateur : Mark Hudis
Réalisateurs : Barry Sonnenfeld, Mark Palansky, Bo Welch.
Distribution : Neil Patrick Harris, Patrick Warburton, Cobie Smulders, Malina Weissman, Louis Hynes, Presley Smith, K. Todd Freeman, Don Johnson, Will Arnett, Alfre Woodward…
Genre : Aventure/Comédie/Adaptation
Diffusion en France : Netflix
Nombre d’épisodes : 8 épisodes

Le Pitch :
Les jeunes enfants Baudelaire vivent paisiblement dans le manoir de leurs parents. Klaus dévore la bibliothèque familiale, Violette invente toutes sortes d’objets pratiques et la jeune Prunille croque voracement tout ce qui lui tombe sous la main. Mais un terrible incendie met fin à cette existence idyllique, détruisant leur demeure, et faisant d’eux des orphelins. Et ce n’est que le début d’une longue série d’événements fâcheux…

La Critique de Les Désatreuses Aventures des Orphelins Baudelaire – Saison 1 :

Annoncée il y a un an et demi, la version Netflix des Désastreuses Aventures Baudelaire était attendue au tournant. Les fans de l’univers de Daniel Handler/Lemony Snicket espérant voir enfin une adaptation qui couvrirait l’ensemble des romans. Le format série paraissant être le meilleur support possible. L’auteur de la saga est présent au scénario, chaque roman a droit à deux épisodes, histoire que tout soit montré à l’écran… Bref, treize ans après le film de Brad Silberling, le défi est relevé…

Un ton qui détone

Ce qui frappe d’entrée, c’est le générique…chanté. Voilà une approche peu courante surtout que ce dernier nous enjoint à éteindre notre télévision pour voir quelque chose de moins sinistre (les paroles et les images changeront au fil des épisodes). Ce choix a beau être audacieux, il nous met d’emblée face à ce qui sera le principal point faible de la série : sa tonalité. Car oui, cette série a clairement du mal à efficacement installer une tonalité. Là où les romans, et le film réussissaient à mêler habilement comique et tragique tout en distillant une touche d’humour bienvenue, la série semble constamment hésiter… Les deux premiers épisodes peuvent ainsi faire office d’épreuve. Épreuve qui heureusement se mue en expérience plus sympathique par la suite. Et, pour compenser ses hésitations, Daniel Handler en fait des tonnes… et ce à tous les niveaux.

Belles surprises et bras cassés

Le casting en est un bel exemple. Les enfants sont très bien incarnés par de jeunes acteurs plein de bonne volonté, Neil Patrick Harris fait des étincelles en nous livrant un Comte Olaf très différent, car plus sinistre, de celui de Jim Carrey, son illustre prédécesseur et les guest stars sont assez géniales, avec mention spéciale à Catherine O’Hara (une habituée de l’univers, puisqu’elle figurait déjà au générique du film de 2004) et Don Johnson. Le fait de prendre une direction différente pour certains personnages renforce l’aspect audacieux de la série. Ainsi, Arthur Poe et Tante Joséphine sont incarnés par des comédiens noirs, respectivement K. Todd Freeman et Alfre Woodward (que l’on a déjà croisée dans Luke Cage). Tous deux réussissent à restituer toute l’antipathie et parfois des éclats de génie que nous offraient leurs équivalents de papier. Puis, on a droit à une très belle surprise en la personne de Aasif Mandvi, qui incarne le Dr. Montgomerry Montgomerry et personnifie à merveille toute la bonhomie et la gentillesse d’un des personnages les plus attachants de la saga. Mais, à côté de tous ces points positifs, on a droit à des ratés assez impressionnants. Les acolytes du Comte Olaf sont bien trop burlesques et « cassent » totalement le fragile équilibre que la série réussit à établir par moments. Ainsi, les meilleurs épisodes sont ceux où ils n’apparaissent pas, c’est dire…

Drôle de forme

Sur le plan formel, on retrouve toujours cette hésitation apparente. Les extérieurs sont souvent très laids et les fonds verts assez apparents, tandis que les intérieurs nous offrent de jolis décors très organiques. La mise en scène est assez cohérente, vu que seuls trois réalisateurs se sont répartis le travail, chacun dirigeant une paire d’épisodes. L’influence de Wes Anderson est souvent patente, la série adoptant souvent une touche cartoonesque (le personnage de Prunille, en particulier), mais bon, on est très loin de Moonrise Kingdom ou du Grand Budapest Hotel…. On sent souvent le côté télévisuel, certains effets-spéciaux étant quelque peu cheap. Mais sinon, globalement, la mise en scène est assez efficace. Pour ce qui est de la musique, on hésite entre agacement et émerveillement, le thème principal des orphelins étant, fort heureusement, aussi minimaliste que touchant.

Diptyque de l’angoisse

Pour ce qui est du scénario, le format diptyque est étrange. Le premier épisode étant toujours plus dynamique que le second, créant un rythme à deux vitesses assez maladroit, à l’exception notable du dernier quart de la saison, très bien ficelé. On a droit à tout un tas de caméos et des petits moments impertinents qui permettent d’épicer un peu l’étrange brouet que nous sert Handler. Les interventions du narrateur sont sont elles aussi tantôt amusantes, tantôt franchement accessoires, cassant souvent le rythme et, dès lors qu’il nous sert une de ses définitions d’adjectifs, nous donnent parfois des envies de meurtre. Patrick Warburton n’en est pas moins parfait dans cet exercice. Les reproches adresse ici étant réservés au script, et non à ses talents d’acteur.

En Bref…
Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire nous offre beaucoup de bon grain et au moins autant d’ivraie, ce qui nous force à constamment faire le tri. Son aspect contrasté et son manque d’équilibre font parfois un obstacle mais, lorsqu’elle dépasse ces écueils, la série parvient à devenir un honnête divertissement.

@ Sacha Lopez

  Crédits photos : Netflix