Djinn, T10 : La pavillon des plaisirs

Par Belzaran


Titre : Djinn, T10 : La pavillon des plaisirs
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinatrice : Ana Mirallès
Parution : Novembre 2010


« Le pavillon des plaisirs » est le dernier opus paru dans la série « Djinn ». Dixième album de cette grande saga, il marque le début d’un nouveau cycle qui se déroule en Inde. Chronologiquement, il se situe entre le cycle ottoman qui occupait les quatre premiers ouvrages et le cycle africain qui se composait des cinq bouquins suivants. Toujours édité chez Dargaud, ce livre a été édité il y a un petit peu plus d’un an. Il est toujours scénarisé par Jean Dufaux que j’avais découvert à travers « Murena » ou « Barracuda ». Les dessins sont toujours l’œuvre d’Ana Miralles que je ne connais que par « Djinn ».

Un nouveau cycle entre les cycles ottoman et africain.

Ce nouveau cycle s’insère donc entre le cycle ottoman et le cycle africain. Il apparait important à mes yeux d’avoir lu les quatre premiers albums de la série. On y retrouve tous les personnages importants et les prérequis sont sous-entendus par les auteurs qui ne prennent pas le temps de nous mettre à niveau concernant son univers. La série est construite autour du personnage de Jade. On l’avait découverte favorite du sultan, on l’avait quitté en fuite avec Lord Nelson et son épouse, formant ainsi un trio amoureux intriguant. On les retrouve en Inde. Ils y sont à la demande de la mère du maharadjah. Elle souhaite que Jade initie sa future bru à l’amour et à sa manière de faire succomber les hommes. L’objectif est que la femme de son mari l’influence ainsi sur le plan politique et mette à mal la soumission du maharadjah à l’égard de l’empire britannique…

Personnellement, j’avais trouvé le cycle ottoman assez moyen et le cycle africain plutôt passionnant. Je les trouvais très différents dans leur atmosphère et leur trame. J’étais donc curieux de voir quel allait être le goût de ce cycle indien. A priori, la dimension érotique et charnelle des premiers albums est à nouveau de sortie. Je ne peux pas dire que ce soit l’aspect que je préfère. J’avais tendance à trouver que ce thème prenait une place trop importante par rapport à l’intrigue. Finalement, toutes ces scènes se ressemblaient et finalement lassaient assez vite. J’espérais donc que ce défaut ne se retrouve pas dans ce pavillon des plaisirs au risque de faire perdre de l’attrait à notre lecture.

Heureusement, l’ouvrage offre une dimension politique intéressante. Cette dimension était trop superficielle dans le cycle ottoman. Apparemment, son importance est amenée à être majeure dans ce troisième cycle. La femme du maharadjah est la fille d’un chef indépendantiste. Son père est un colonel qui défie l’Empire britannique depuis des années. A cela s’ajoute le fait que la mère du maharadjah cherche à influer sur les choix politiques de son fils de manière indirecte et subtile. Ce thème offre à la lecture une densité qui rend la lecture assez captivante. Du début à la fin des événements arrivent et apportent leur écot à l’attrait de l’ensemble. Cela a pour conséquence de rendre les scènes plus légères plus cohérentes et intégrées dans la trame globale. 

Notre immersion dans la haute société indienne du début du vingtième siècle est facilitée par les dessins d’Ana Mirallès. Elle arrive à nous plonger dans cet univers de palais avec un talent certain. Je trouve qu’il se dégage une atmosphère propre à cet album qui marque bien sa coupure avec les opus précédents. Je continue à trouver ses personnages assez froids et peu expressifs. Mais cet aspect me gêne bien moins que dans le cycle ottoman. Peut-être me fallait-il une période d’adaptation ? Le trait de cette dessinatrice est classique et rend la lecture facile d’accès à défaut de lui donner un ton unique qui marquera celui qui le découvre.

En conclusion, « Le pavillon des plaisirs » marque un début prometteur pour ce troisième cycle. Dans un style très différent du cycle africain qui se terminait dans le dernier tome, les auteurs nous offrent un voyage dépaysant dans cette Inde du début du siècle dernier. Je trouve que l’intrigue se construit plutôt bien et semble posséder plusieurs cordes à son arc. Il ne reste donc plus qu’à attendre la suite pour savoir si les espoirs nés de cette lecture seront déçus ou sublimés. Mais cela est une autre histoire…