[Revue de Presse] Rock : My sweet George en « Vinyl Collection »

Publié le 25 février 2017 par John Lenmac @yellowsubnet

George Harrison, le plus discret des Beatles, a enregistré en solo douze albums inventifs et mélodieux. On peut les redécouvrir séparément ou en coffret, dans une nouvelle édition vinyle.

Le plus discret et le plus jeune des Beatles a été aussi le premier à s'émanciper, en entamant une carrière solo, alors que les Beatles étaient encore réunis. George Harrison puise dans la philosophie (et la musique) indienne une force et une inspiration inédites. La touche psychédélique de l'album " Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band " sorti en 1967, ce sitar dans " Within You Without You " c'est lui. " Something ", la plus belle chanson d'amour jamais écrite, selon Frank Sinatra, c'est encore lui. Un luxueux coffret " The Vinyl Collection " réédite ses douze albums studio (disponibles également à l'unité), plus le double album " Live In Japan " ainsi que 2 vinyles picture " When We Was Fab " et " Cloud Nine " (soit 18 LP au total). L'occasion d'en redécouvrir l'incroyable richesse.
Tout commence en 1968 avec la musique de film, " Wonderwall Music ", première référence du label imaginé par les Beatles, Apple, jouée en grande partie par des musiciens indiens, mais sur lequel Eric Clapton est venu prêté main forte. Il enchaîne l'année suivante avec deux longues compositions électroniques réunies sous le titre de " Electronic Sound" -légèrement maladroites, ces nouvelles sonorités font découvrir le Moog, sinon au public (Walter Carlos s'en est chargé), du moins aux Beatles, qui l'utilisent lors des sessions de " Let It Be ". Encourageant, mais peut mieux faire.

LE COUP DE MAÎTRE D'" ALL THINGS MUST PASS "

En fait, son premier vrai coup de maître est une collaboration avec le producteur aussi génial que cinglé, Phil Spector. Triple album, " All Thing Must Pass " est pour beaucoup d'observateurs le premier vrai solo de George Harrison, une collection de 23 chansons, majoritairement des compositions datant de l'ère Beatles et mises de côté. Accompagnements prestigieux, (d'Eric Clapton à Ringo Starr, en passant par Billy Preston ou Gary Brooker de Procol Harum), superbes guitares slide, inspirations folk-soul et surtout voix mélodieuse à souhait : le disque est magnifique. L'extrait " My Sweet Lord ", devient le single le plus vendu de l'année 1971. Deux chansons portent la signature de Bob Dylan, et la pochette qui représente un fermier à longue barbe trônant au beau milieu de ses champs, entouré de nains de jardin, semble symboliser sa condition nouvelle de Gourou de la pop.

Il organisera quelques semaines plus tard le premier concert humanitaire de l'histoire du rock pour sensibiliser à la famine qui ronge le Bangladesh. L'étape suivante, intitulée " Living In The Material World ", est de très bonne facture, Phil Spector est encore dans les parages, le succès aussi, grâce au single " Give Me Love " toujours d'inspirations folk. La suite sera plus décousue, peut-être à cause de ce procès pour plagiat, perdu, son " My Sweet Lord " ressemblant trop à un hit des Chiffons. George a d'autres violons d'Ingres : il s'implique dans le cinéma en coproduisant les films des Monty Python, soutient quelques amis pilote de Formule 1 et s'adonne au jardinage dans son immense propriété-château de Henley-on-Thames.
En 1987, il sort un album très réussi intitulé " Cloud Nine " aux charmantes et douces réminiscences pop-rock, orchestré par Jeff Lyne (Electric Light Orchestra), qui sera le dernier de son vivant. George décède d'un cancer le 25 novembre 2001. " Brainwashed " sortira à titre posthume. Son oeuvre, immortelle, méritait cette belle réédition vinyle.

Source : Christian Eudeline / Critique Rock - Les Echos