Angela Huth – La vie rêvée de Virginia Fly

Publié le 28 février 2017 par Lapauselibrairie @librairiedeno

Quai Voltaire • 300p • 2017 • 21€ (masse critique) • UK – Anouk Neuhoff • La Vie Rêvée

Calme, intelligente et sage, Virginia Fly, institutrice, est toujours vierge à trente et un ans. Ce qui ne l’empêche pas de nourrir des pensées d’une intensité que sont loin d’imaginer ses parents, chez qui elle vit. Son prétendant Hans, un professeur plus âgé, et son correspondant américain, Charlie, sont eux aussi bien loin des fantasmes de Virginia. 
Quand Charlie lui annonce sa venue en Angleterre, elle n’ose espérer qu’il puisse réaliser ses rêves enflammés. Et pourtant son arrivée coïncide avec la diffusion à la télé d’un reportage sur Virginia, qui voit soudain s’offrir à elle une pléthore d’opportunités de perdre sa virginité. Mais est-il une seule d’entre elles – y compris Ulrick Brand, ce délicieux inconnu – qui pourra combler ses attentes ?

C’est drôle comme les choses se combinent bien car avant de lire ce livre je lisais « Tu vas tout DE-CHI-RER » et je me disais que le titre de l’un pouvait aider le titre de l’autre. Je ne croyais pas si bien dire en découvrant notre héroïne.

Au fur et à mesure de ma lecture j’ai eu l’impression que celle-ci était une mascarade bien maîtrisée. Rien que le prénom et la condition du personnage principal : Virginia, vierge à l’âge de 31 ans, Fly signifie s’envoler. C’est clairement un gros rire à la figure du lecteur, un fuck aux préjugés, aux personnes qui passent à côté de leurs véritables envies quitte à sourire sur papier glacé et pleurer sur papier chiffonné.

L’auteure n’a rien contre les personnes vierges, institutrices, timides, réservées mais dénonce ces personnes un peu molles qui rêvent leur vie au lieu de vivre leurs rêves et leur envies. Virginia imagine sa première fois trop précisément (genre d’homme, dans un champ de blé etc…), elle passe 12 ans à écrire à un homme que finalement elle ne connaît pas si bien, s’imaginant déjà mariée par mots entrelacés.

Elle subit sa vie, n’ose pas s’affirmer, dire non, de peur d’être jugée, de ne pas être « normale », de faire du mal aux autres. Cette propension à subir, à se contenter du tiède au lieu de vivre intensément, donne envie au lecteur de la baffer. Ce genre de personne qui va au contraire de ses envies et valeurs de peur de déplaire, par facilité. Car finalement, Virginia semblait épanouie et bien dans sa peau jusqu’à cette émission de TV où le regard des autres s’est immiscé et tout fait basculer. Vivre dans ses rêves au lieu de vivre ses rêves et tomber dans la réalité. Peut-être était-ce la recette de la sérénité.

Suivre une ligne droite tracée par la pensée commune n’est pas ce qu’il y a de mieux. Il faut suivre sa propre façon de vivre sa vie quitte à sortir des sentiers battus, malgré le regard, les paroles et les actes des autres autour de soi qui veulent interférer dans notre vie et croient mieux savoir ce dont nous avons besoin ou devons faire (parents, émission de TV, inconnus, correspondants)

Un roman totalement construit autour de moments de vie, de pensées à base de descriptions et instants de longueurs. Style qui ne correspond pas à tout le monde – je préfère prévenir, certains peuvent s’y ennuyer, mais l’auteure amène cette dissection de l’être humain avec tellement de sarcasme que ça en devient très profond dès que le lecteur comprend que ce roman n’est pas à prendre pour son histoire mais plutôt son message.

L’auteure sait parfaitement dresser le portrait des personnages, c’est très psychologique que ça pourrait en devenir flippant !


La vie rêvée existe t-elle vraiment ? Mérite t-elle d’exister ?
Mais la vie rêvée est-elle la mienne ou celle que tu veux me faire croire ?

Un roman qui va vous surprendre, vous prendre au dépourvu par son style dénonciateur tout en sarcasme pour une étude sociologique de la femme et des relations amoureuses.