" Les preuves s'accumulent pour suggérer que la réponse immunitaire dans la maladie de Crohn pourrait être le résultat d'altération du microbiote intestinal ou de l'exposition à des toxines nocives qui déclenchent des anticorps contre les protéines microbiennes et humaines. De nombreux biomarqueurs sanguins ont été découverts, mais actuellement les analyses sanguines disponibles ne sont pas adaptées à la pratique clinique car elles sont incapables de diagnostiquer avec précision la maladie " .
L'immunoprotéomique pour identifier les protéines en cause dans le déclenchement : les scientifiques et les gastroentérologues du Biodesign Biodesign Institute, Arizona State University se sont intéressés aux liens entre la réponse immunitaire contre les autoprotéines et la maladie de Crohn, et identifient plusieurs molécules, ou biomarqueurs uniques, présents chez les patients atteints de la maladie de Crohn. Pour cela, ils recourent à une nouvelle approche, l'immunoprotéomique, pour passer au crible tout le répertoire des protéines du système immunitaire dans le sang et identifier celles en cause dans le déclenchement de la maladie de Crohn. Ensuite, l'équipe a examiné le sérum de 48 patients atteints de la maladie et comparé leurs données vs celles de témoins sains. Ils parviennent ainsi à identifier plusieurs biomarqueurs candidats du système immunitaire, appelés autoanticorps, basés sur une sensibilité >15% chez les patients, puis valident chacun de ces biomarqueurs chez un ensemble indépendant de patients et de témoins. Enfin, ils sélectionnent les meilleurs biomarqueurs pour rendre le test sanguin aussi précis que possible.
Vers un test de routine ? les indicateurs biomarqueurs les plus forts concernent les anticorps de flagelline bactérienne, qui présentent la plus forte réactivité et la plus forte prévalence dans les analyses, une sensibilité de 46% et une spécificité de 95%. Un nouveau biomarqueur, l'anticorps contre SNRPB, est identifié comme jouant un rôle clé dans la production des protéines " responsables " et fait intéressant, cet anticorps a déjà été documenté chez les patients atteints de Lupus (antigène Smith).
Si ces anticorps reflètent le dérèglement de la réponse immunitaire dans l'intestin, il reste à mieux comprendre leur rôle fonctionnel, expliquent les auteurs. En particulier parce que les 2.000 protéines humaines testées dans l'étude ne représentent qu'une minuscule fraction des protéines humaines et microbiennes. L'idée n'est donc pas d'être exhaustif mais de constituer une combinaison de biomarqueurs qui constitue une signature suffisamment sensible et spécifique de la maladie.
Journal of Crohn's and Colitis (JCC) 14 February 2017 DOI: 10.1093/ecco-jcc/jjx019 (Visuel@Biodesign Institute, Arizona State University) Identification of antibody against SNRPB, small nuclear ribonucleoprotein-associated proteins B and B', as an autoantibody marker in Crohn's disease using an immunoproteomics approach