Speed Racer – Les fous du volants et leurs drôles de bolides

Par Bebealien

Un film des frères Wachowski ca se fête. Les deux frangins ont une filmo aussi bonne et originale qu’improbable. Alors lorsque les papas de Matrix décident d’adapter en live un manga kitsch des années 60 à destination des enfants, on est en droit de se demander ce qui se passe. C’est sans compter sans l’énergie des frangins qui nous pondent 2h d’adrénaline, de kitsch pastel, et de bonne grosse régression franchement trippante.

Speed Racer – Le film qui rend épileptique

Le jeune Speed Racer est un enfant distrait, passionné par une seule chose : les courses automobiles. Il a de quoi tenir entre un papa constructeur automobile et son grand frère Rex, champion dans la discipline. Après un tragique accident qui coûte la vie à Rex, Speed reprend le flambeau familial. Son talent va attirer l’attention de Royalton Industries qui souhaite le sponsoriser. Rejetant une offre qui lui paraît dangereuse, Speed s’attire les foudres de Royalton, décidé à tout faire pour que Speed ne remporte plus une course. Aidé du mystérieux Racer X, Speed va tenter le tout pour le tout lors de courses de plus en plus dangereuses…

Une affiche représentant bien le film : colorée, fun et ultra pop

Speed Racer est un film totalement space. Encore plus que la filmo des Wachowski. Ils ont quand même commencé leur carrière pas Bound, un étrange thriller lesbien avec Gina Gershon, Jennifer Tilly et Joe Pantoliano. Puis ils passent directement à la trilogie Matrix. Ensuite ils produisent V for Vendetta (sans doute la meilleure adaptation récente de Comics) et maintenant réalisent Speed Racer. Dur de trouver une cohérence thématique ou de comprendre là où ils veulent en venir…

Speed Racer est un bon gros film régressif, calibré en apparence pour les gamins, mais finalement bien plus subtil qu’il n’y parait aux premiers abords. Il est vrai que l’histoire présente des méchants très méchants et des gentils très gentils, un gamin insupportable toujours accompagné de son singe, des couleurs pastels, un univers aseptisé et très pop faisant penser au Batman de 1966… et en même temps l’histoire présente quelques côtés très sombres pour un film destiné aux enfants. A commencer par le drame familial et l’espoir qui naît sur le fait que Rex soit peut être encore en vie, le dessous des cartes concernant les courses et leur trucage, l’implosion de la cellule familiale par manque de dialogue… thématiques plutôt rares dans ce genre de productions.

Speed (Emile Hirsch) : pilote génial et talent très convoité

Le film est vraiment étrange, et paraît aussi bicéphale que sa réalisation. D’un côté des courses qui renvoient immanquablement aux Fous du volant avec des circuits impossibles et des véhicules regorgeant d’armes et de fourberies dissimulées. Des purs moments d’adrénaline allant à toute blinde. De l’autre côté, des scènes familiales beaucoup plus paisibles dans l’ensemble, mais s’attaquant à des thématiques complexes. Au-delà de l’aspect formellement réussi des courses (on en prend plein la tronche, et avec le sourire), la vraie surprise vient de ces scènes intimistes.

Cette réussite vient principalement du casting : Christina Ricci, Susanne Sarandon, John Goodman. Ces scènes tournant autour de la carrière de Speed (Emile Hirsch) sont à la fois intelligentes, pleines de bons sentiments sans jamais devenir mièvres et parfois franchement émouvantes. Ca tient presque du miracle tellement c’est imprévu. Encore plus fort, les scènes autour du cadet de la famille et de son singe, malgré une cible 6-8 ans, arrivent même à faire sourire par leur gentille régression.

Une des courses, mélange improbable entre les fous du volant et mario kart…

Il faut dire que le film carbure à deux cent à l’heure et enchaîne plein d’idées. Que ce soit une attaque de ninjas en pleine nuit, un combat entre un camion et Racer X, un rally où les mauvais coups pleuvent, une scène de baston familiale ultra pop et franchement fun… le film ne cesse de surprendre en allant à fond dans le kitsch et paradoxalement en sublimant des concepts tellement cons qu’ils en deviennent franchement géniaux. On retiendra aussi une hallucinante introduction d’une vingtaine de minutes, menée tambour battant, où avec un montage complexe entre présent, passé, courses et vie familiale est exposé l’univers du film. Un morceau de bravoure et surtout un très grand moment de cinéma. Juste totalement bluffant.

Le petit frère (Paulie Litt) et son fameux singe…

Je pense que si j’avais moins de dix ans, Speed Racer serait une sorte d’aboutissement total de tout ce que j’aimerai voir dans un film. En temps qu’adulte, j’ai juste pris un pied monstre. Résultat d’autant plus étrange que je n’étais pas forcément chaud pour aller voir le film et que ce sont des critiques positives vues sur le forum de Mad Movies qui m’ont convaincu d’y aller.

Alors si vous possédez toujours votre âme d’enfant et que vous n’avez pas peur d’apprécier un film ultra frais et qui vous en met plein les yeux, foncez le voir, ca en vaut vraiment le coup. Et je suis le premier surpris de dire cela !