Big Little Lies (2017): du grand HBO

Publié le 12 mars 2017 par Jfcd @enseriestv

Big Little Lies est une nouvelle série de sept épisodes diffusés depuis la mi-février sur les ondes d’HBO aux États-Unis et au Canada. L’action se déroule dans la charmante ville côtière de Monterey en Californie du Nord où vit en harmonie le gratin de cette petite société. Du moins, en apparence. En effet, un meurtre a récemment été commis et sans que l’on sache l’identité ni du tueur, ni de la victime, on effectue un retour en arrière à travers le point de vue de trois personnages principaux : Jane Chapman (Shailene Woodley), Celeste Wright (Nicole Kidman) et Madeline Martha Mackenzie (Reese Witherspoon). Reste à déterminer si ces femmes ont quelque chose à voir dans ce drame. Premier saut à la télévision pour le brillant réalisateur Jean-Marc Vallée, Big Little Lies dès le départ nous hypnotise dans un monde aussi beau qu’hypocrite. Quant à « l’effeuillage scénaristique », autant du côté de ses héroïnes que de celui impliquant la trame principale, il est d’une efficacité redoutable, se plaçant au rang des meilleures séries de l’hiver, ou du moins, des plus prometteuses.

Quand l’enquête en soi est un mystère

La série démarre et c’est la rentrée des classes des jeunes bambins de Monterey. Évidemment, trois femmes retiennent notre attention ce jour-là : Madeleine a pour deuxième mari Ed (Adam Scott) avec qui elle a eu sa seconde fille Chloe (Darby Camp). La première, Abigail (Kathryn Newton) est en pleine crise d’adolescence et souhaite retourner vivre chez son père Nathan (James Tupper) et sa nouvelle épouse Bonnie (Zoë Kravitz). Celeste est une ancienne avocate qui a pris sa retraite lorsqu’elle s’est mariée avec Perry Wright (Alexander Skarsgaard), lequel est moins âgé qu’elle et voyage souvent à l’étranger. Ils ont deux jumeaux : Max et Josh (Nicholas et Cameron Crovetti). Quant à Jane, elle vient tout juste d’arriver en ville et est déjà ostracisée. C’est que son jeune fils Ziggy (Iain Armitage) est accusé d’avoir voulu étrangler sa collègue de classe Amabella (Ivy George) par Renata Klein (Laura Dern), l’une des femmes les plus influentes de Monterey. Dès lors, la communauté doit choisir son camp : celui de cette dernière ou celui de Jane, soutenue par Madeleine et Celeste. Telles des blessures non cicatrisées, ces chicanes font remonter certaines souffrances enfouies qu’elles peinent à gérer.

En temps normal, les différents coups bas que ces femmes s’échangent entre elles pourraient nous sembler anodins, mais juste le fait de savoir qu’il en résultera d’un meurtre, c’est comme s’il fallait absorber chacun des événements mis en scène avec une gravité inhabituelle. L’organisation de l’anniversaire d’Amabella en est un bon exemple. Renata qui ne croit pas à l’innocence de Ziggy invite à la fête de sa fille tous les enfants de sa classe, à l’exception de ce dernier. Madeleine est furieuse et sachant que Chloe est la meilleure amie d’Amabella, elle décide d’acheter tout un lot de billets pour un spectacle Disney On Ice à laquelle se joignent quelques mères (dont Jane et Celeste) qui font faux-bond à Renata. Hurlements à la mort du côté de cette dernière; jérémiades constantes du côté de Madeleine. La guerre est ouverte et risque de prendre d’épiques proportions.

En même temps, c’est le fait de n’avoir quasiment aucun détail sur l’enquête qui rend Big Little Lies si fascinante puisqu’il faut être à l’affut des moindres indices déposés partiellement par le réalisateur. Étant donné que toute la série se déroule dans le passé, on peut donc qualifier les points de presse de la détective de flash-forward. Celle-ci nous apprend qu’ils enquêtent finalement sur un meurtre, comme quoi la cause de la mort de la victime prête à confusion (ne peut avoir été battue à mort par exemple). De plus, en parlant à la troisième personne, on ignore même s’il s’agit d’un homme, d’une femme ou d’un enfant. On a bien droit à une image récurrente féminine en bleu qui court sur la plage, mais on découvre à l’épisode #3 qu’il s’agit d’une espèce de flaskback onirique concernant le passé de Jane…

Restent les supposés témoins qui nous fournissent d’importants indices. Selon l’un d’eux, c’est la première rencontre entre Jane et Madeleine qui « aurait tout déclenché ». Plus tard, un autre affirme à propos de cette dernière : « Things never blow over when Madeline gets involved: They blow up ». Cela dit, on voit ces mêmes personnages interagir avec ces quatre femmes dans la plus grande cordialité et pire encore, se faire complice de leurs manigances, quitte à les dénigrer en interrogatoire. L’hypocrisie est en quelque sorte le moteur de la série, amplifié à la puissance dix concernant les quatre protagonistes.

« Cancer Momies »

C’est en ces termes durs qu’un des voisins qualifie ces femmes. C’est qu’à l’exception de Jane, chacune d’elle suscite la jalousie de la part de la communauté. Mais à force de les côtoyer dans leurs intimités, le téléspectateur réalise à quel point le fossé est grand entre les perceptions et le réel. Renata est enviée pour sa brillante carrière, mais on sent que le stress aura bientôt raison d’elle et ce n’est pas son alcoolique de mari qui lui offrira le soutien nécessaire. Celeste et Perry forment le couple idéal, mais ce dernier n’hésite pas à la frapper chaque fois qu’il lui arrive d’être jaloux, lui promettant encore et toujours de ne plus recommencer le lendemain. Madeline s’implique tellement dans la vie de son quartier qu’il est impossible de la contrarier sans en subir les foudres pendant un long moment. Verbomotrice, elle a toujours le dernier mot et ne reconnaît jamais ses torts, en plus d’être secrètement éprise de son ex. Lorsqu’Abigail manifeste son envie d’aller vivre chez son père, sa mère affirme à Ed qu’elle aimerait mieux avoir un cancer, comme ça, cela obligerait sa fille à rester auprès d’elle…

Enfin, il est intéressant de mentionner le grand nombre de plans de chacune d’elles dans leurs luxueuses villas regardant la mer. Elles sont en quelque sorte enfermées dans la cage dorée qui fait l’envie de tous, mais se projettent constamment au large, ailleurs. Qui plus est, l’angle de la caméra nous les montre toujours de dos et non de face, donc, échappant aux téléspectateurs et à tout leur entourage sans doute.

Le premier épisode de Big Little Lies a attiré 1,13 million de téléspectateurs avec un taux de 0,31 chez les 18-49 ans. C’est moins que pour le lancement de Westworld, mais nettement plus que pour ceux de The Night Of et Vinyl. La semaine suivante, ces chiffres ont chuté à 555 000 (taux de 0,19) en direct en raison de la diffusion de la cérémonie des Oscars, mais ont remonté à l’épisode #3 à 1,04 million (taux de 0,41). Adaptation en une saison du roman éponyme de Liane Moriarty, aucune suite n’est prévue.

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