AcTE II, ScEne 1

Publié le 02 juin 2008 par Pffftt

- Euh...mais c'est quoi ça ?

- Un ancien billet de l'ancien blog.

- Ben tu t'es pas foulée...tranquille là...

- Et ?

- Quoi ?

- J't'emmerde!

- C'est joliment dit ça...

- Sur l'ancien blog, il était tout effacé ce billet, alors je le republie en attendant d'écrire la suite quoi...

- Ouais, ouais bien sûr!

- Et oh! J'ai besoin de me justifier là ou quoi??? C'est moi qu'écris d'abord...si ça te convient pas mon rythme t'as qu'à squatter la bibliothèque municipale!

- Y'en n'a pas...

- Bouffon va!

- C'que t'es doucette toi comme nana...

- Hum.

- Fais pas ta tronche, je vais le relire ton billet va!

- Si t'as rien d'autre à foutre que de lire mes conneries...j'dirai qu'c'est pas mon problème à moi...

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" Une drôle de fille est passée me voir à la fermeture hier soir.

- Vous êtes bien super Rob ?

- Euh...enfin...

- Oui ou non c'est vous super Rob de radio Bitnik ?

- Ben oui c'est moi!

Elle m'a tendu une main fébrile. Un bien joli poignet, fin. Une main droite impatiente qui se précipite. Un tatouage discret qu'on aurait dit chinois sur la phalange de son index. Cinq doigts voisins aux ongles rongés. Peau fraîche, aucun bijou.

- Bonjour super Rob, je m'appelle Lila, je suis une fan de votre émission...enfin, je l'ai ratée hier soir, évidemment, j'étais là à vous attendre, alors du coup...mais bon, c'est pas si grave.

J'ai vaguement pensé qu'elle voulait un autographe et vu que cela aurait pu être mon premier j'étais ému. Enfin presque. Mais non.

- J'ai une faveur à vous demander super Rob.

- Hum ?

- Aidez-moi à terminer mon putain de premier roman!

- Pardon ?

Est-ce que j'ai eu l'air d'un pauvre con ? D'un type qui fait semblant de ne pas comprendre ?

- Ne faites pas l'idiot...vous êtes bien un genre de journaliste à la base nan ?

- Ouais...un genre de journaliste fatigué qui fait l'animateur sur une radio locale dans l'unique but de rembourser son crédit bagnole...

- Ah bon ? Vous n'aimez pas la country ?

- Non.

- Ouf! Moi nan plus! Votre émission me fait chier, je n'osais pas vous le dire...

Elle a rit. Elle semblait soulagée.

Est-ce que j'avais rattrapé le truc en plein vol ? Signé mon arrêt de mort ?

Elle a sorti de sa besace un paquet de Lucky et elle s'est cultée sur les marches du perron.

Là j'me suis dit : Radio Bitnik ? Yes!

Je me suis assis près d'elle, mais pas trop quand même. La bonne distance.

Je croyais.

Pourtant, je sentais bien le craquage, la connerie, l'arnaque, le truc irréversible.

Mais j'ai respiré à fond. Comme j'ai pu.

Tant pis.

Je me suis lancé:

- Faut faire quoi ?

- Interviewer des gens.

- Et c'est tout ?

- Ouais.

- C'est bien payé ?

- Que dalle.

- C'est combien que dalle ?

- Un kebab de chez Momo.

- Ah quand même...

- Bon. Mais ce sont les meilleurs hein chez Momo!

Et puis elle a baissé les yeux. Elle n'a plus rien dit.

Seulement, elle m'a tendu les clopes, et le briquet était dans le paquet.

Je deteste; ça les écrase les cigarettes de faire comme ça.

Mais bon, j'ai pas su comment refuser. Surtout qu'elle sentait un peu la figue cette môme. Celle bien juteuse et sucrée que je m'amusais à voler dans les arbres voisins. C'était l'été, j'avais dix ans.

Et maintenant ?

Bien trop vieux pour ces conneries là, j'ai pensé.

Et pourtant.

Voilà. Une nouvelle galère.

J'en avais chié pour abandonner tabac et journalisme.

Mais dire non à une opportunité de fin de monde...dire non ?

Impossible.

Je suis qui moi ??

Je suis Rob super Rob merde!

Gloire à mon père!

Re-merde!

- Je commence quand ?

- Hier...

Elle s'est levée, a posé une enveloppe kraft bien epaisse sur mes genoux et elle a levé les yeux au ciel en soupirant et en s'époussetant le derrière de la poussière blanche des marches.

- Vous croyez qu'il va y avoir un orage cette nuit ?

- J'éspère.

Elle s'est penchée pour reprendre son sac qui traînait sur le sol de la ville, et sans rien d'autre, elle s'est éclipsée dans la rue piétonne.

Ses pas qui speedent et raisonnent.

Clap, clap, clap.

Tire une taffe, crame les poumons, flingue le cerveau, tire une taffe, une autre, écrase les papilles, pollue la gorge, tire une taffe, une autre, frotte son front, cligne des yeux, hésite encore, tire une taffe...

Rob super Rob : vieux con cinglé à ses heures...

...trop tard, se sera fait avoir."

Acte II, Scène 1.