La diffusion musicale a surpassé les ventes physiques et numériques aux États-Unis en 2016

Publié le 30 mars 2017 par _nicolas @BranchezVous

Les redevances versées par Apple, Google, Spotify, Vevo, YouTube et leurs semblables représentent pour la première fois de l’histoire plus de la moitié des revenus de l’industrie musicale au pays de l’Oncle Sam.

Non, les musiciens n’ont toujours pas changé de disque : à leurs yeux, les services de diffusion musicale en ligne ne les paient pas suffisamment. Ce qui n’empêche manifestement pas les consommateurs de privilégier ces services à l’achat d’albums physiques ou numériques, comme l’indique le plus récent rapport de la Record Industry Association of America.

Les parts des diverses sources de revenus pour 2016 aux État-Unis, et la croissance des revenus puisés des services de diffusion.

Selon les statistiques compilées par la RIAA, les revenus générés par ses services ont atteint 51,4% des recettes américaines de son industrie. Il est question ici des redevances versées tant par les services payants tels que Spotify, TIDAL et Apple Music, par l’organisme SoundExchange selon ce qui a été récolté auprès de Pandora, SiriusXM et d’autres webradios, et par les services soutenus par de la publicité dont YouTube, Vevo et Spotify font partie. En contrepartie, les ventes de musique numérique (incluant les sonneries pour téléphones) ont représenté 24,1%, les ventes physiques ont représenté quant à elles 21,8%, et les droits de synchronisation (permettant d’exploiter une œuvre musicale entre autres à la télévision ou au cinéma) ferment la marche, à 2,7%.

Propulsés par la popularité des services de streaming, les revenus de l’industrie musicale aux États-Unis ont bondi de 11,4% en 2016 par rapport aux chiffres de l’année précédente. Cette croissance est la plus forte jamais observée depuis 1998. Mais si la situation paraît joyeuse, les revenus de 2016 sont tout de même un peu plus de la moitié de ce que l’industrie a empoché en 1999, comme ne manque pas de souligner Joshua P. Friedlander, vice-président directeur de l’analyse des données stratégiques de la RIAA dans son rapport.

«Aussi enthousiasmés que nous soyons à propos de notre croissance en 2016, notre reprise est fragile et lourde de risques», a déclaré le PDG de la RIAA, Cary Sherman, dans un billet de blogue sur le sujet. «Le marché évolue encore, et nous avons déjà vécu des virages inattendus trop souvent. En outre, deux des trois piliers du marché – les CD et les téléchargements – diminuent rapidement. Reste à savoir si la croissance du dernier pilier sera suffisante pour compenser les pertes des deux autres. Beaucoup repose sur le marché de la diffusion en continu qui doit reconnaître avec justesse l’énorme valeur que représente la musique.»

«La triste réalité est que nous avons atteint ce modeste succès en dépit de nos accords actuels sur la musique et les lois sur le droit d’auteur, et non pas grâce à eux», précise-t-il. «Ce n’est pas la façon dont les choses devraient être.»

Sherman en profite au passage pour écorcher YouTube, expliquant pourquoi le portail vidéo de Google verse seulement 1$ aux musiciens par tranche de 1 000 diffusions soutenues par de la publicité, alors qu’Apple et Spotify rémunèrent en moyenne 7$ pour le même nombre d’écoutes. «Parce que des plateformes comme YouTube exploitent à tort des lacunes juridiques pour payer les créateurs à des taux bien inférieurs de la valeur réelle de la musique», a-t-il souligné.