You Are Wanted (2017): haletante, mais effrayante

Publié le 04 avril 2017 par Jfcd @enseriestv

You Are Wanted est une nouvelle série de six épisodes qui ont tous été mis en ligne le 17 mars sur le site de vidéo sur demande d’Amazon. L’action se déroule en Allemagne alors que Lukas Franke (Matthias Schweighöfer), un directeur d’hôtel est victime de piratage informatique. Le hacker en question se sert des moindres détails de sa vie qu’il a pu récupérer pour le soumettre à un chantage éhonté. Par contre, la situation dégénère au point où malgré lui, le protagoniste se retrouve empêtré dans une cellule terroriste qui prépare un terrible attentat à Berlin. Première série tournée en allemand et doublée dans plusieurs langues pour Amazon, You Are Wanted, en plus d’être un thriller efficace hautement d’actualité est exactement ce pourquoi l’on devrait s’inscrire à ce genre de sites de vidéo sur demande, lesquels sont en plein essor. En espérant que ce ne soit qu’un début.

« Je n’ai rien à cacher »

Un soir d’été, une panne de courant sévit sur une grande partie de Berlin et l’hôtel de Lukas est touché. C’est à ce moment que tout dérape pour le directeur qui peu à peu voit apparaître le visage d’un homme masqué sur tous ses écrans informatiques. Ce sont d’abord des gadgets qu’il n’a pas commandés qui lui sont livrés chez lui (avec une facture à payer, cela va sans dire). Puis, c’est son épouse Hanna (Alexandra Maria Lara) qui reçoit sur son portable la photo de la poitrine d’une femme qui affirme être la maîtresse de son mari. Lukas prend la mesure de la gravité de la situation lorsque la  détective Sandra Jansen (Catrin Striebeck) l’interroge concernant l’achat de matériel destiné à fabriquer une bombe. C’est que c’est son visage que l’on voit au comptoir d’un magasin en train de payer l’addition alors qu’il n’y a jamais mis les pieds. Le hacker entre ensuite en contact avec lui et l’oblige à transporter des paquets dont il ne connaît pas le contenu à travers la ville. Le plus dramatique est qu’il n’a pas le choix de s’exécuter puisque c’est la sécurité de son jeune fils Leon (Franz Hagn) qui est en cause, lui-même espionné à son insu via un simple jeu informatique. Au fil de ses « missions », Lukas découvre qu’il n’est pas le seul à être victime de chantage, mais l’étau se resserre autour de lui et de sa famille, autant de la part de la police que du hacker.

À chaque nouvelle élection dans les pays industrialisés revient le thème de la sécurité du territoire et si oui ou non, l’on devrait surveiller davantage les citoyens « pour leur propre bien ». L’une des réponses d’une frange de la population est qu’elle ne s’y oppose pas, arguant qu’elle n’a rien à cacher. C’est en ce sens que You Are Wanted est terriblement d’actualité puisqu’elle vient nous démontrer qu’on a tous au moins un squelette dans notre placard. Comptes bancaires, photos coquines, échanges de courriels compromettants, même pour des proches, nul d’entre nous n’est en effet blanc comme neige. Ici, le hacker de Lukas a découvert qu’il a eu des problèmes psychologiques par le passé et s’en sert pour le discréditer auprès de la police.

L’omniprésence de caméras de surveillance dans la série nous permet aussi de nous questionner sur la notion de sécurité plus générale. C’est qu’au nom du 1 % de criminels, l’on s’arroge le droit d’espionner les faits et gestes d’une population entière, mais que se passe-t-il lorsque des gens malintentionnés réussissent à pirater ce même système informatique censé nous protéger ? Toute notre empathie est dirigée envers Lukas qui ne sait plus à quel saint se vouer. En effet, au cours des premiers épisodes, on ne cesse de se demander pourquoi il ne va pas vers la police, la seule garante de l’ordre. Puis, on comprend finalement que celle-ci est littéralement dépassée par les événements puisqu’elle n’a clairement pas les compétences nécessaires pour protéger des innocents comme notre protagoniste. Qui plus est, son système informatique aussi est victime de piratage. Reste Dalton (Louis Hofmann), un jeune « white hat » (un hacker dit éthique) à qui il demande de l’aide. À l’entendre lui expliquer la situation dans un jargon qui nous dépasse et le voir faire toutes sortes de manœuvres sur son clavier, c’est un peu effrayant de penser nous pourrions devoir notre salut à ce genre personnage.

Outre cette thématique qui nous interpelle tous, You Are Wanted excelle aussi lorsqu’il est temps de nous donner des émotions fortes. On a droit à une véritable course contre la montre dans des épisodes qui nous laissent peu de répits et les rebondissements pleuvent. Plus bouleversant encore, cette intrusion dans la vie privée des Franke ouvre toutes sortes de plaies que l’on croyait cicatrisées et l’heure est à l’introspection. Bien qu’au final, tout semble rentrer dans l’ordre, on nous laisse cependant une porte ouverte quant à une suite… ce que l’on espère.

Ce que l’on attend de ces géants

Mis à part quelques séries se comptant sur les doigts d’une main, on ne peut pas dire que les récentes nouveautés d’Amazon vont marquer les esprits. D’une histoire on ne peut plus convenue comme Good Girls Revolt aux drames comme Bosch et Goliath qui nous ramènent vingt ans en arrière dans sa façon de créer une fiction, Amazon et Netflix semblent davantage préoccupées à concurrencer les grands Networks en imitant ce qui se fait à la télévision américaine plutôt que d’innover réellement. Afin de s’acquérir un auditoire international, elle a tout intérêt à mieux doser la provenance de ses fictions. Par contre, The Collection nous l’a prouvé : les coproductions tournées en anglais ne sont pas la solution, surtout lorsque l’histoire se déroule dans un autre pays comme la France dans ce cas-ci.

C’est là que l’arrivée de You Are Wanted prend tout son sens. Aux États-Unis et au Canada, mis à part des chaînes (légales) comme TV5 ou Sundance, il nous est pratiquement impossible d’avoir accès à ce qui se fait le mieux dans le monde en matière de séries. Nos diffuseurs locaux respectifs sont trop frileux du côté des acquisition, se rabattant toujours sur du contenu américain ou quelques fois anglais. C’est justement grâce à cette collaboration avec les pays où Amazon est disponible qu’elle peut réellement tirer son épingle du jeu et il serait grand temps qu’elle s’active en ce sens.

À court terme, il faudra patienter puisqu’aucun n’autre partenariat entre le service de vidéo sur demande et un pays étranger n’est attendu. Du côté des séries pour adultes, il faudra dans le prochain mois se contenter d’American Playboy qui sera mise en ligne le 7 avril. Composée de dix épisodes, cette docu-fiction s’intéressera à l’ascension fulgurante d’Hugh Hefner avec pour point de départ la création de son célèbre magazine.

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