Pourquoi il fallait aller au Salon Livre Paris en mars 2017

Par A Bride Abattue @abrideabattue
J'y suis allée, et plus d'une fois, tout au long du week-end. Je ne sais pas si cette 37ème édition confirme sa position de rendez-vous littéraire incontournable. J'ai remarqué en grandes lettre ou affiches des succès littéraires (et cinématographiques comme celui de Courgette) qui étaient pour moi sans surprise.
Il a eu lieu du vendredi 24 au lundi 27 mars, comme chaque année à la Porte de Versailles, ponctué de temps forts, rencontres, dédicaces, débats, conférences et autres ateliers.

Chaque fois les chiffres de fréquentation font polémique. Toujours est-il que les allées furent comme on dit noires de monde (même si la surface  du Salon fut plus restreinte) et le jeune public était très visible, ce qui est de bonne augure pour l'avenir de la lecture.

3 000 auteurs, 1 200 exposants dont 10 régions et plus de 50 pays ... impossible de prétendre avoir tout vu. Je m'étais promis de débusquer des tendances, mais je n'ai pas eu le temps de suivre les rencontres en parallèles de ce travail d'investigation. J'ai tout de même remarqué ce livre, paru chez First, dont le thème est très actuel.


Le Maroc, premier pays arabe et africain invité d’honneur, a séduit un large public grâce à la qualité de sa programmation et de son accueil.  Mais d'autres pays étaient dignement représentés comme la Belgique avec par exemple les éditions Nevicata, créées en 2008, pour publier de la littérature de non-fiction, et des récits de voyage d'un style particulier, susceptibles, c'est leur promesse, de provoquer un moment de calme et de sérénité comparables à une averse de neige nevatica en italien).

Plusieurs débats ont rassemblé un public très nombreux. J'ai suivi celui qu'anima Frédéric Taddéï, avec Roman Polanski, Olivier Assayas et Delphine de Vigan autour de l’adaptation au cinéma du dernier best-seller de la romancière, D’après une histoire vraie (JC Lattès / Le Livre de Poche) par les deux réalisateurs.Le lendemain Gaël Faye, auteur de Petit pays (Grasset), accompagné de Magyd Cherfi, Raphaël Haroche, Marie Modiano et Gaëtan Roussel ont proposé un "jam littéraire".
D'autres manifestations se tenaient en marge du Salon, comme le Mazarine Day qui est un appel à manuscrits lancé par les éditions du même nom. L'an dernier il avait attiré 180 auteurs en quête de publication. Deux d'entre eux ont vu leur manuscrit accepté.Fyctia, qui est  la première plateforme de concours d'écriture web et mobile, avait organisé un petit déjeuner-rencontre avec les auteures (ce sont plus que majoritairement des femmes) qui "cartonnent" dans les locaux de la maison d'édition Hugo et cie dont elle est l'émanation. Malgré tous mes efforts je ne me suis pas senti d'affinités avec ce mode de publication ... trouvant malgré tout que symboliquement il était assez logique qu'on ait offert un sac vide à des bloggeurs censés lire en ligne ... Je ne suis pas sûre que j'appliquerai leur recommandation d'être "persévérant" dans cette voie.Le Salon, on le constate, est toujours boudé par de grandes maisons d'édition mais cela permet, finalement, à de plus petites d'avoir une meilleure visibilité et n'en déplaise aux "puristes" on remarquait que chacun avait "son" lectorat, y compris dans des genres littéraires qui ne sont pas ceux qu'on imagine être "grands", comme la fantasy, le manga, la science-fiction et la littérature dite young adult ou chick-lit. Il fallait voir la longueur des files d'attente aux dédicaces pour en saisir l'importance.A cet égard on pourra regretter que des booktubeurs et booktubeuses aient eu un succès inattendu, ou que des personnalités people comme Nabila ou politiques comme Ségolène Royal, François barouin, ou la ministre de l'éducation, aient été submergées de demandes dans des bousculades dignes du Salon de l'agriculture quand, quelques centimètres plus loin, un auteur primé et "reconnu" était tout à fait accessible ... dans une sorte de solitude incongrue.
La littérature jeunesse se portait bien, avec la présence remarqué d'auteurs comme Claude Ponti, Marie-Aude Murail ou Eric Pessan, dont La plus grande peur de ma vie est déjà un grand succès.Un travail remarquable a été orchestré par les dix régions qui ont fait l'effort de venir. Leur engagement permet de soutenir de petits éditeurs qui, sinon, ne pourraient pas venir. Parmi eux, La Renverse, crées en Basse-Normandie par trois amateurs de création littéraire, développe une ligne éditoriale forte par la conjonction de textes poétiques (poésie et roman) et d’une ligne graphique résolument moderne. je reviendrai dans quelques jours sur sa spécificité.La région Ile-de-france soutenait le Prix Hors concours dont la créatrice, Gaëlle Bohé a donné les noms des quarante éditeurs retenus pour le prochaine prix, placé sous le parrainage de la première lauréate, Anna Dubosc, pour Kumiko. Voilà de nouveaux chemins de traverse en perspective ....Le prix évolue avec une déclinaison en direction des lycéens à l'horizon de mai 2018.
Gaëlle Bohé avait par ailleurs eu une idée originale et astucieuse de partenariat avec Tediber pour permettre des siestes littéraires sur le Salon. C'est une expérience que je n'avais encore pas eu l'occasion de faire.La SNCF animait les allées en proposant aux lecteurs de résoudre une énigme policière, avec à la clé un des romans finalistes du Prix Polar. Rendez-vous mi juin pour les résultats !La Scène Cuisine & Bien-être fut dynamique, comme à son habitude. J'ai suivi plusieurs conférence sur l'alimentation en faisant le grand écart entre la cuisine à l'époque du Roi Soleil et la nouvelle tendance consistant à promouvoir les algues, rouges ou vertes, plutôt longues, que l’on trouve au fond de la mer et je les ai dégustées en version nature, salée et même sucrée. Je dois bientôt rencontrer deux des collaboratrices du livre, Régine Quéva et Catherine Le Joncour. Voilà un sujet que je traiterai donc bientôt avec plus de détails.
Jean-Marie Pédron, responsable de la ferme aquacole Les Jardins de la mer a présenté le livre Des algues à pleine bouche (Presses de l’EHESP) et nous a cuisiné plusieurs spécialités très alléchantes.

Si l'alliance algues-coques n'est pas en soi surprenante, par contre ces haricots de mer confits au chocolat sont assez bluffants.

J'étais intéressée par Nicolas Stromboni auteur du livre Du pain, du vin, des oursins chez Marabout, et par Jean-Marc Quaranta qui a publié Houellebecq aux fourneaux, chez Plein Jour, mais aussi par Franck Ribière, et Vérane Frédiani pour Steak (R)évolution, A la recherche du meilleur steak du monde, aux éditions de La Martinière mais on ne peut pas tout faire. Le Salon impose des choix.
Par contre je me suis trouvée au bon endroit, à la bonne heure (le programme, comme partout, était parfois difficile à suivre pour cause de glissement dans les horaires) pour goûter la fabuleuse Tarte Tonka-noisette d'Erwan Blanche et Sébastien Bruno (Pâtisserie Utopie) qui font partie de ces nouveaux pâtissiers-boulangers stars ayant collaboré au livre de Raphaële Marchal, publié chez Tana éditions, en novembre 2016 A la Folie, 60 pâtissiers et leurs gâteaux signatures.Une pâte sablée avec un riz soufflé pour croustiller, plus une crème tonka, un crémeux chocolat blanc, une noisette torréfiée et une tombée de citron vert. On ne peut pas faire le même à la maison mais quel rêve !
Je reviendrai sur plusieurs sujets en détail ultérieurement. Ce billet avait juste pour objectif de mettre l'accent sur quelques temps forts en vous incitant à noter sur votre agenda le prochain rendez-vous, du 16 au 19 mars 2018 !