last call

Publié le 15 avril 2017 par Modotcom


s'il y a une chose qui me rend
bête et méchante
c'est les losers

je sais
j'ai promis un certain jeudi
que j'essaierais de moins dénigrer
parce qu'au fond je ne peux pas juger des gens
qui suis-je
que sais-je d'eux
mais bon
quand il y en a vraiment trop au pied carré
je peux juste hurler ark
gang de losers
je sais
tu veux me tirer des roches
je suis une femme hautaine
tu ne me pensais pas comme ça
mais non
je suis une femme heureuse
je me tiens loin de l'échec
de la honte
de la mièvrerie
j'évolue parmi des gens positifs et équilibrés
qui font des choses
qui regardent et entendent autour d'eux
qui se lèvent le matin
qui ont des projets
des gens d'action
qui profitent de la vie
pas des gens qui se retrouvent
dans des bars miteux
tous les samedis depuis quarante ans
et qui écoutent de la bonne musique
seulement si on l'entend une fois par an
mais pas tous les samedis
alors que le deejay a le même âge qu'eux
pour leur rappeler le bon vieux temps
tu sais en mil neuf cent quatre-vingt-cinq
non la vie continue
et il faut continuer avec
pas écouter marjo milène farmer
pis niagara en boucles
pour oublier
qu'ils sont encore là
à consommer
à fuir la vie et chercher les chimères
qu'ils ont d'ailleurs déjà abandonnées
édentés d'avoir mal vécu
et sans dessein autre que de tenir une baguette de pool
et s'ils avaient pu
ils auraient la cigarette entre l'index et le majeur
dont la cendre tombe sur le tapis de billard
parce qu'ils la tiennent en même temps que la baguette
ceux-là même qui n'ont aucune conversation
ceux qui te font baisser la tête
lorsqu'ils te passent devant parce qu'ils sont tellement pleutres
parce qu'ils n'ont pas changé d'un iota
depuis deux mil huit
ceux qui portent des souliers laids et usés
et dont les visages n'ont aucun relief
les losers
tu sens mon dédain
et tu me hais d'être vile
on a récemment reparlé
d'une des plus ancienne performance
de marina abramovic datant des années soixante-dix
où elle se tenait debout pendant des heures
pendant que les spectateurs pouvaient disposer de son corps
comme ils l'entendaient
ayant à leur disposition différents objets
après un certain temps
les gens sont devenus cruels et humiliants
la blessant physiquement autant que psychologiquement
par la suite elle a marché parmi eux
et peu d'entre eux pouvaient la regarder dans les yeux
ayant honte de ce qu'ils avaient fait
je ne veux pas voir les losers
savoir que si j'étais parmi eux
je m'abaisserais à leur niveau
ça me rend méchante cruelle et inhumaine
je ne veux pas penser que si je me tenais là
je deviendrais comme eux
ils voudraient me séduire
et je n'aurais plus la force de fuir
hier nous parlions des gens malheureux
ceux qui commettent des délits honteux
parce qu'ils ont besoin d'amour
parce qu'ils veulent de l'attention
l'homme-chat en sage vénérable
disait que nous étions tous un peu comme ça
que nous l'exprimions chacun à notre façon
ce grand besoin d'amour
alors je te le dis
mieux vaut le crier haut et fort
créer des choses belles et douces
te trancher les veines sur une scène
faire de la poésie du punk militer
que de marcher la tête entre les jambes
tellement insignifiant
que tu te lèches les couilles
ne sois jamais
au grand jamais
un crisse de loser
un estique de nul
sois unique heureux malheureux
en quête de
mais sois fier
lève-toi
ressucite bonyienne
c'est pâques simonac!