Le froid brûlant de Snegourotchka

Publié le 17 avril 2017 par Popov

La fille de Neige de Rimski-Korsakov est une œuvre rarement jouée et sa mise en scène par une équipe russe éblouissante (équipe qui pour moitié participera à la création de Boris Goudonov l’année prochaine) nous a fait fondre. D’abord un jeune chef tatar, énergique et virtuose dans l’art d’envelopper les sensibles difficultés d’une partition qu’aimèrent Fauré , Ravel et tant d’autres. Des solistes qu’il convient de citer crescendo : Martina Serafin en Koupava énergique et femme bafouée (peut-être un peu stridente en sa douleur amoureuse), Thomas Johannes Mayer bourreau des cœurs et bien que souffrant, magnifique Mezguir peu frileux sur les risques à prendre. Il y a aussi, Yuriy Mynencko aimé de Fleur de Neige malgré son costume de hard rocker et sa voix de haute contre. Il y a aussi Esprit des Bois que la costumière du Bolchoï Elena Zaytseva , costumière du Bolchoï a déguisé en randonneur tout droit sorti du Vieux Campeur. Il y a deux hérauts magnifiques (le nîmois Vincent Morell et Pierpaolo Palloni), un couple Bakoula, bien sympathique et vivace et un père Gel tenace Vladimir Ognovenko. Il y a un star bonhomme et une Dame Printemps hallucinante, au sens propre, sur la déambulation onirique dans une forêt de conte de fées à la voix envoûtante. Enfin, il y a l’immense flocon du spectacle : Aïda Garifullina qui interprète Fleur de Neige dont les ariettes feront fondre les cœurs les plus secs et que l’opéra Bastille n’est pas prêt d’oublier. Hormis quelques passages un peu fastidieux (notamment au 2ème acte avec un plateau encombré d’Isbas mobil-homes qui nuit aux déplacements des artistes de chœurs) la mise en scène comme toujours avec Tcherniakov est bourré d’audaces et de trouvailles inattendues. Un grand spectacle donc avec des idées et une distribution équilibrée.