La canaille a la nausée

Publié le 14 avril 2017 par Tetue @tetue

" Le bureau de Monsieur est en hauteur. Costume sur mesure ( 4 000 13 000 [*]), il en impose dans les couloirs. Parfaitement corporate - un bel exemple de réussite - Monsieur s'est fait tout seul, a bien placé ses billes et ne s'en cache pas.

[...]

La vulgarité ne dit jamais "fils de pute", "enculés d'ta race" ou "va niquer ta mère". La vulgarité ne tiens pas ce genre de vocabulaire. Elle se cache derrière de belles familles, de belles carrières, des sourires hypocrites et de bonnes manières. Tu la reconnais au ton condescendant. La vraie vulgarité se lâche comme ça, en plaisantant.

Elle croit que tout lui est dû, que tout s'achète. Le pouvoir et l'argent lui sont monté à la tête. Elle fait son beurre, sans scrupule, dans la misère. La vraie vulgarité sait comment s'en satisfaire. Vénale, sans complexe, elle s'étale dégueulasse. Mépris de classe qui fait mal. Elle est vicieuse, vieux. Elle est sournoise. La vraie vulgarité, elle est bourgeoise. "

À écouter aussi, du même auteur : Redéfinition, dont le refrain reprend " c'est la canaille, et bien j'en suis " de La Canaille (1865), chant des gueux de la Commune de Paris, qui a donné son nom au groupe. Et Ni dieu ni maître. Ma conscience politique n'est pas née avec Charlie ou le Bataclan. Elle remonte à mon enfance, au fait de voir mes parents ouvriers trimer pour être payés à coup de lance-pierres. Cette conscience-là, internationaliste, me conforte dans l'idée que l'on doit s'intéresser à la politique, car la politique finit par s'occuper de toi d'une manière ou d'une autre...

La Canaille a dans la voix, quelque chose de Grand corps malade et de Mano Solo, dans les textes, quelque chose des Béruriers Noirs et d'Alexis HK, le tout enrobé d'une musique précise et entêtante qui fonctionne bien, pour une dénonciation intelligente, non sans tendresse.