Le nouveau tram a un numéro bleu. Il ramène au matin les danseurs qui sortent d'ungigantesque hangar avec des lumières qui tournent en furie paraît-il. Une fête électronique, quelque part dans une grande discothèque de banlieue. Plusieurs pistes de danses avec des thèmes différents. Ils sont harnachés, dénudés, jeunes et clinquants, chemises ouvertes, T-shirts courts, mini-jupes.
Mais là, je vois la plume d'un chapeau de mousquetaire, la longue robe à traîne d'une marquise XVIIIème, un Robin des bois, un chevalier médiéval avec sa cotte de mailles. Probablement une soirée costumée.
Pratique, la cotte de mailles, pour danser toute la nuit.
Quand il voit les fêtards revenir vers l'arrêt du tram, le chauffeur de camion qui charge les primeurs hausse les épaules avec un peu d'envie. Puis il se dit qu'il a été jeune aussi et qu'il a déjà assez d'ennuis comme ça.
Sur le parking à côté, au milieu duquel un tas de roches décoratives prennent au mois quatre places de parc, une fille peste parce qu'elle a cassé son talon.
Le bâtiment de l'Armée du salut n'est pas loin, et je le regarde avec un peu d'inquiétude, me demandant s'il y a des chances que je finisse ma vie là.