USA : Parce qu’il est homosexuel, un crématorium refuse ses funérailles

Publié le 06 mai 2017 par Daniel Leprecheur

La discrimination des personnes « Lesbiennes, gays, bisexuels et trans » (LGBT) jusque dans la mort ?

Cette histoire sordide est survenue l’année dernière à la mort de Robert Huskey, quand l’établissement qui avait pourtant donné son accord pour la cérémonie, a finalement tout annulé à la dernière seconde, en découvrant que les deux hommes étaient mariés.

La cérémonie a dû être transférée d’urgence dans une autre structure, éloignée de cent cinquante  kilomètres environ, ce qui n’a guère facilité le maintien de l’hommage prévu : étant une personne âgée, John a, on l’imagine, bien du mal à se déplacer, tout comme les amis du couple nés de la même génération. Quant aux proches, il leur a été difficile d’entreprendre ce périple, qui impliquait par ailleurs l’organisation en priorité du transfert du corps avec tous les tracas qu’on imagine.

« Je me suis senti comme si on m’avait mis un grand coup sur la tête », déplorait John à la télévision américaine. « Bob était toute ma vie et nous nous sommes toujours sentis accueillis dans cette communauté. Et puis, à un moment de si grande douleur personnelle et de sentiment de perte, que quelqu’un me fasse ce qu’ils m’ont fait à moi, à nous, à Bob, je ne pouvais juste pas y croire. Personne ne devrait vivre ça.»

Outre le désagrément occasionné quant aux démarches administratives, à la planification des obsèques et à leur coût (on pense bien qu’il a fallu ajouter à la facture le prix du transport du défunt), ce refus ajoute au chagrin de la perte le choc de la discrimination. Tout à fait intégré dans la communauté de Picayune, le couple n’a jamais connu de problème, ni de rejet. Le traumatisme n’en est que plus grand, la colère également, qui pousse aujourd’hui John à faire valoir ses droits et exiger réparation devant les tribunaux.

Reste à savoir s’il y parviendra. Cette affaire intervient dans un contexte particulièrement tendu.

Depuis quelques temps, les populations LGBT font l’objet d’une véritable ségrégation dans plusieurs états : après la Caroline du Nord, le Kansas, l’Indiana, le Mississippi a durci le ton, réduisant les libertés homosexuelles à mesure qu’augmentent la puissance des religieux.

Le principe est simple : les employés comme les dirigeants des entreprises privées et des organismes officiels ont toute latitude pour refuser d’accueillir les personnes homosexuelles, au titre de leur foi.

Ainsi un hôpital peut tout à fait interdire ses locaux à un LGBT, l’empêchant donc de se soigner ; sous le même prétexte on peut refuser de louer un locale, d’embaucher quelqu’un, de l’inscrire, lui ou ses enfants, dans une école. La Caroline du Nord en est à interdire l’usage des lieux d’aisance publics, comme aux grandes heures de la ségrégation raciale.